La tribune du Professeur Hagay Sobol publiée récemment sur ces colonnes, intitulé « Contre les radicalités identitaires et pour la création d’Instituts des CultureS », mérite attention, non tant par son contenu que par ce qu’elle évite soigneusement de dire.
Mal nommer les choses augmente le malheur du monde. Sobol, élu municipal PS à Marseille semble, à l’instar du discours de sa formation politique locale, allergique aux mots « Arabes », « Islam » ou « musulmans ». N’ont-ils rien compris au film ? Rien voulu comprendre ?
Le problème, à le croire, serait la radicalité ; c’est donc des bouddhistes radicaux qui assassinent journalistes, militaires, policiers, juifs, enfants et simples passants.
Sobol est donc contraint à mal nommer les choses vu que son vocabulaire, d’habitude étendu, semble en l’occurrence étrangement amputé des seuls termes aptes à décrire la situation ; interdit de vérité pour ne pas effaroucher une certaine clientèle, tenu électoralement et idéologiquement à voir le monde les yeux grands fermés.
A aucun moment l’identité ethnique et culturelle des assaillants, pourtant fondamentale pour comprendre leurs motivations, commune et revendiquée par tous, au nom de laquelle ils prétendent agir, ne lui vient à l’esprit ; relisez son texte : à AUCUN moment.
Rarement n’a-t-on vu tel déni des réalités par un tel érudit.
Se conformant à ses camarades militants, bisounours professionnels, padamalgamistes chevronnés, bien-pensants et politiquement correctes en diable, il leur fourni un chef-d’œuvre de noyade du poisson.
Profitant pour lancer une manœuvre de déviation ; pour nous fourguer l’idée de maisons de correction à la cambodgienne (« Instituts de CultureS »…) histoire de bien expurger le sale esprit du bon peuple de toute velléité identitaire; d’éduquer les récalcitrants qui s’obstinent à survivre debout; d’émasculer nos reflexes territoriaux ; d’édulcorer nos penchants grégaires ; faire en sorte que nous nous ôtions de là pour faire place à l’Autre qui, lui, n’y verrait que l’occasion d’affirmer les siens.
Bourré de ces bonnes intentions dont est pavé le chemin de l’enfer, Sobol nous suggère d’organiser notre reddition sous le prétexte lénifiant habituel de « laïcité ». Parlons-en donc.
Les attaques, ces dernières décennies, contre l’identité occidentale, sa culpabilisation, la déconstruction des termes permettant de s’identifier et forcément par opposition à l’Autre, nous privent de mots pour nous définir. La « laïcité » s’engouffre dans ce vide permettant, voudrait-on croire, une définition « en creux », par la négative. Or la laïcité est, d’abord et surtout, une absence de religion ; la confronter à l’Islam c’est opposer absence et présence, le vide et le plein ; pari perdant s’il en est.
Car, tout se joue entre l’individu et le groupe. Humains, nous sommes une espèce grégaire ; il nous faut compter avec le réflexe ancestral de survie consubstantiel à l’identité collective.
Or, le prétendu « progrès » induit ces dernières décennies des évolutions sociales et économiques qui inspirent à l’individu l’illusion de pouvoir s’affranchir du collectif. C’est ainsi qu’on s’interdit d’interdire, générant des individus irresponsables refusant toute allégeance au collectif, ignares au point de couper cette branche qui les nourrit.
La laïcité n’est que l’un des noms de ce refus ; relevant strictement de l’individuel elle vide le collectif de sa substance ; elle signifie, nous dit-on, tolérance ; mais alors, que vaut-elle face aux foules immenses vociférant « allahou akbar », vu que la religion relève du collectif ? Et notamment l’Islam, religion, civilisation et nation à la fois.
C’est là que se situe la faiblesse de l’Occident, fragmenté en individus isolés face à une Oumma Islamiyya ayant su garder jalousement identité, reflexes et pulsions intacts.
La laïcité n’étant qu’un miroir aux alouettes, le terrain est en pente défavorable et le match auquel Sobol et les siens nous convient, perdu d’avance. Il ne faut surtout pas l’écouter.
Il y a urgence, dit Hagay Sobol. Effectivement. Urgence à bien nommer les choses.
Car, dès lors, on constate l’inanité des arguties crypto-marxisantes chères aux camarades militants, qui voudraient que l’on arrose d’argent les quartiers dits « difficiles » pour parer à la motivation djihadiste.
C’est le mensonge voulant que la laïcité soit une identité qui mine notre crédibilité ; c’est la misère identitaire, et non économique ou sociale, c’est la pulsion grégaire, et non une fervente foi religieuse, c’est la sublimation d’une détresse psychologique individuelle en quête idéologique et spirituelle collective qui poussent des jeunes musulmans d’Europe, de souche ou d’adoption, à se battre voire se sacrifier en Syrie, en Irak….et ici.
Bâtir des temples « républicains » (« Instituts de CultureS »…) pour adorer la déesse laïcité et le sacrosaint « vivre ensemble » c’est reculer pour mieux sauter ; mais, en attendant, cela pourrait peut-être permettre de dégager quelques budgets…
Kalman Schnur
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