La base militaire française de Niamey au Niger, qui est le pivot logistique de l’Opération Barkhane, en partenariat avec les cinq principaux pays de la bande sahélo saharienne (BSS) : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina-Faso, pour lutter contre les mouvements djihadistes, sera bientôt renforcée par l’arrivée du 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (8e RPIMa) de Castres.
Le Fort de Madama est situé à une cinquantaine de kilomètres de la frontière libyenne sur la zone de passage des djihadistes vers le Mali.
Sur ce point d’observation stratégique, les militaires français du génie de l’air ont effectué des travaux d’aménagement afin d’en allonger la piste d’atterrissage.
Le Fort de Madama est la base avancée temporaire tenue par les parachutistes du 3e RPIMa, des détachements des Hussards Parachutistes et du Génie, en collaboration avec l’armée nigérienne.
A mi 2015, ce sera le 8e RPIMa qui sera déployé à Madama sous les ordres du chef de corps Vincent Tassel.
En première ligne face aux djihadistes, les soldats français combattent depuis plusieurs mois sur un territoire immense, qui s’étend de la Libye à l’Algérie.
Au Niger, les conditions climatiques sont particulièrement rudes.
« Le pays du vent qui rend fou », disent les nigériens.
Entre un vent sec et froid qui pique la peau et gerce les lèvres, et une amplitude thermique de 40° entre le jour et la nuit.
Les armées du Tchad et du Niger ont lancé dimanche dernier une offensive aérienne et terrestre au Nigeria contre Boko Haram depuis le sud-est du Niger, au lendemain de l’annonce par le groupe islamiste de son allégeance au groupe Etat islamique.
Les forces tchadiennes et nigériennes ont traversé le pont de Doutchi qui relie le Niger au Nigeria et tiré à l’arme lourde.
Une source militaire précise, qu’avant l’attaque au sol, l’aviation française avait commencé de « traiter l’ennemi » depuis 48 heures avec ses avions de chasse Mirage 2000.
Pour l’anecdote, il a quand même fallu la présence discrète des américains à Niamey, pour enseigner aux militaires français l’utilisation des drones de renseignement.
L’offensive menée par les deux armées tchadienne et nigérienne préparée depuis plusieurs semaines, a permis de repousser et de poursuivre l’organisation terroriste qui leur tirait dessus régulièrement depuis de l’autre côté de la frontière.
En effet, des milliers de soldats nigériens et tchadiens étaient positionnés depuis plus d’un mois dans cette région du sud-est du Niger proche du lac Tchad et étaient sous le feu de Boko Haram.
Boko Haram, qui contrôle depuis l’été dernier de vastes territoires en Irak et en Syrie, a lancé fin janvier des attaques meurtrières à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno, au nord-est du Nigeria, dont ils voulaient en faire la capitale d’une entité islamique.
L’agonie prochaine de Boko Haram ?
C’est ce que prédit l’armée nigériane, par son porte-parole, le colonel Sani Usman, dans une interview à la rédaction anglophone de RFI, suite à l’allégeance de Boko Haram à Daesh.
« Tout d’abord, je dirais que nous ne sommes pas surpris, car récemment nous percevions des signes de désespoir de la part des terroristes de Boko Haram. Et notamment de la part de leurs dirigeants. Cela s’explique par les efforts communs pour récupérer le terrain occupé par les terroristes. Et par les efforts pour que l’insurrection de Boko Haram soit éradiquée en peu de temps. Donc non, cela ne nous surprend pas qu’ils cherchent désespérément une telle allégeance. Cela ne signifie rien d’autre que le fait qu’il faille s’attendre plus que jamais à ce que cette insurrection prenne fin très rapidement ».
Les offensives conjointes menées depuis le Niger ont porté leurs fruits et contraint les islamistes à abandonner plusieurs de leurs positions.
Boko Haram acculé ou en repli stratégique ?
Boko Haram, dont on évalue le nombre de combattants à plusieurs milliers, n’a cessé de recruter et continue de perpétrer des attentats et des massacres.
Son chef, Abubakar Shekau, promet de «faire enrager les ennemis d’Allah».
Abubakar Shekau est lié à l’Etat islamique dont il reçoit des armes et munitions depuis la Libye.
Je le soupçonne de jouer double jeu et il ne faudrait pas le prendre pour un imbécile.
Car, si on y regarde bien, il n’y a aucun leader au sein d’Al-Qaïda qui n’a jamais été une organisation terroriste hiérarchisée et qui a perdu son statut de leader terroriste.
En revanche, à la tête de Daesh ou soit disant Etat islamique, il y a Abou Bakr Al-Baghdadi, né Ibrahim Awad Ibrahim Al-Badry à Fallujah, qui s’est autoproclamé calife.
Elève médiocre, refoulé par l’armée et l’université, il se tourne vers les études religieuses qui lui permettront de justifier le terrorisme.
Même si les deux organisations préconisent l’instauration de la charia et d’un califat, « ce n’est pas une fusion des deux groupes, car ils sont géographiquement très éloignés », déclare le général Dominique Trinquand, expert militaire.
Alors je me pose la question, comme se l’est posée le directeur de l’agence d’orientation nigériane, Mike Omeri dans le Nigerian Tribune : n’y a-t-il pas une tentative de diversion de la part de Abubakar Shekau ?
“C’est une tentative de diversion. La secte essaie d’attirer l’attention. Les succès récents enregistrés par les forces armées nigérianes et ses alliés ont conduit à ce nouveau développement. De nombreux combattants de la secte ont été tués ou humiliés et la plupart d’entre eux ont été obligés de se disperser dans divers camps ou villages”, explique le directeur de l’agence d’orientation nigériane, Mike Omeri, dans le Nigerian Tribune.
Et au-delà de cette tentative de diversion, n’y aura-t-il pas une future guerre de chefs ? Ce qui arrangerait bien nos affaires.
Selon l’armée nigérienne, les combattants de Boko Haram se sont repliés au sud de Malam Fatori, une ville nigériane très proche de Bosso, située de l’autre côté de la frontière, après avoir perdu trois localités, dont Baga, qu’ils occupaient.
Le leader de Boko Haram aspire à jouer un plus grand rôle dans les réseaux djihadistes mondiaux et souhaiterait bien détrôner Daesh, même si, faute de tactique structurée, il ne s’illustre que par une stratégie de terreur.
En attendant, l’Etat islamique compte quelques milliers de combattants supplémentaires grâce à Boko Haram, a étendu sa présence et ne compte pas céder la place.
Pascale Davidovicz
Sources : rfi.fr – letemps.ch – koaci.com – courrierinternational.com – lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr – ladepeche.fr – leparisien.fr – operationnels.com – rpdefense.over-blog.com
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