“Ce qui se passe en France et en Europe fait peur. Cette intolérance, et cet antisémitisme, ça fait penser à l’Allemagne nazie !”, confiait Madonna dans une récente interview accordée à “Europe 1”.
Un tel constat fait mal. Que faut-il en penser ?
Madonna se dit "terrifiée" par le climat qui… par Europe1fr
La kippa dérange plus que le voile
Les synagogues et les écoles juives sont bunkérisées, la communauté juive, repliée sur elle-même, est tentée de fuir en Israël, consciente que les incidents anti-juifs vont se reproduire, ici ou ailleurs, bientôt ou demain.
Montrer, dans l’espace public, tout signe extérieur d’appartenance au judaïsme est devenu une prise de risque et donc, par la force des choses, une restriction des libertés individuelles.
Le voile islamique fait partie du paysage, mais la kippa dérange. “Ça crée des problèmes” vous diront les plus prudents qui, “pour votre bien”, soutiennent qu’afficher votre judéité est ressentie parfois comme une provocation.
Malgré les garanties répétées de l’État, on sait qu’il est bien difficile d’empêcher les vexations quotidiennes qui, patiemment, érodent la confiance que les Juifs font, depuis des siècles, à leur propre pays. Personne ne pensait en arriver là.
Le néo-nazisme est largement représenté
L’extrême droite néo-nazie est-elle responsable de cette situation ? “Non”, nous dit Jean-Yves Camus, spécialiste de la question.
“Il n’y a pas de remontée dangereuse de l’extrême droite en Europe, mais plutôt une vague néo-populiste née dans les années 1980.”
Le Front national en France, le Vlaams Belang en Belgique, la Ligue du Nord en Italie ou encore le FPÖ en Autriche, montrent que l’extrême droite européenne est très hétérogène, radicale parfois, moins intransigeante qu’il y paraît souvent.
Certes, on ne peut nier qu’il existe des formations dures, comme Aube Dorée en Grèce, arc-boutées sur des valeurs telles qu’un ultranationalisme violent, farouchement opposées à l’immigration et à l’Union européenne.
“Si quelques partis imprègnent leurs diatribes de références néo-nazies, la plupart cherchent la respectabilité et envahissent le terrain social”, poursuit Jean-Yves Camus dans “Le Monde diplomatique“. Même un parti peu fréquentable comme le Jobbik en Hongrie cherche à rénover son image pour mieux intégrer le jeu parlementaire.
Le néo-nazisme est donc un concept flou et marginal, contrasté et multiforme, qui échappe aux réductions idéologiques, et aux commentaires politiques simplistes.
En 2004, tout était dit et pourtant…
Quand on fait le point sur les multiples rapports et conclusions provisoires sur l’antisémitisme en France, depuis le début des années 2000, on doit, par contre, se résoudre à un constat navrant. On parle d’un nouvel antisémitisme, reflet d’une nouvelle menace totalitaire.
En 2004, le rapport Ruffin interpellait les pouvoirs publics sur les méthodes et les dispositifs pour combattre les dérives d’un “racisme organisé” et améliorer une formation policière insuffisante, des réponses judiciaires inappropriées, un cadre scolaire peu adapté.
On y préconisait avec lucidité et pragmatisme toutes les méthodes nécessaires pour faire face au danger qui apparaissait déjà : dresser le portrait-type des auteurs de ces actes ; distinguer entre doctrinaires et activistes, groupuscules et actes isolés ; combattre les “tags planétaires” que constituent les réseaux sociaux. Tout était dit, et pourtant…
Accusé de “dérapage” et d’attiser le feu au lieu de l’éteindre, ce rapport, vu comme “une erreur” et “un délit d’opinion” était rapidement rangé dans un tiroir, et oublié.
L’antisémitisme plus fort en France
Depuis, un antisémitisme à la française s’est sinistrement imposé et distingué : 20% des violences anti-juives en Europe se sont produites en France.
Si en Belgique et en Autriche, on note pareillement une recrudescence des attaques antisémites qui ont presque doublé, nulle part ailleurs les actions violentes ont conduit à tuer des juifs parce qu’ils sont juifs. À l’exception près de l’attentat du musée de Bruxelles, le 24 mai 2014, où deux juifs ont été assassinés … par un Français, Mehdi Nemmouche.
Les conclusions d’un colloque sur l’antisémitisme, organisé en octobre 2014 par la fondation Jean-Jaurès, l’AJC Paris (American Jewish Committee) et la Fondapol, regrettent une “triste exception française” qu’il s’agit de comprendre sans “idéologie, parano, ni grands discours trop rassurants ou trop inquiétants” (Annette Lévy-Villard, “Libération”).
Alain Finkielkraut est un gardien de conscience
Or, pour éviter de prendre le même chemin d’erreurs et de catastrophes qu’autrefois, il est utile et même urgent, de mettre fin à la langue de bois et au discours émollient des démagogues et des irresponsables.
Sans tomber dans la radicalité absolue et indéfendable, mais sans compromis non plus, on doit pouvoir prononcer des mots qui fâchent et nous renvoient à une réalité moche qu’on n’a pas envie de regarder en face. Sans stigmatisation ni compassion, on doit pouvoir nommer l’innommable.
Accuser Alain Finkielkraut de racisme quand il tente de parler juste et franc, au nom de la raison et de la mémoire, est une faute morale et inexcusable. Conformément à la confusion des genres qui sévit de nos jours, on ferait presque passer ce gardien de conscience pour un dangereux ennemi de la nation.
On connaît la musique
Bien sûr, la France n’est pas un pays “rempli d’islamistes radicaux, prêts à égorger tout le monde” nous dit Jean-Luc Mélenchon qui regrette en même temps la dé-diabolisation du FN.
Il est vrai que les inquisiteurs du “vivre ensemble” préfèrent se contenter des apparences auxquelles plus personne ne croit vraiment mais qui s’imposent dans les efforts un peu pathétiques de “réconciliation forcée”, comme celle entre les présidents du CRIF et du CFCM, obtenus à l’arraché par la présidence de la République.
Inutile de changer de disque. On connaît la musique. Et moi, pardon monsieur Mélenchon, je préfère les vedettes américaines.
Jean-Paul Fhima
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