700 invités : personnalités politiques, dignitaires religieux, diplomates, artistes et membres de la communauté se sont retrouvés lundi 23 février non pas au Pavillon d’Armenonville comme les années précédentes, mais au Pullmann Montparnasse, pour le très attendu diner du CRIF qui se déroulait sur fond d’inquiétude et de polémique pour la communauté juive , marquée durement par les victimes juives de l’Hyper Cacher et bouleversée par celle de Copenhague.
Le président du CRIF a appelé dès l’ouverture de la soirée, à une Minute de silence en hommage aux victimes du « cauchemar effroyable que nous avons vécu au début de cette année.
Roger Cukierman dont les déclarations avaient fait le buzz dans le journée, a prononcé un discours sombre, témoignant de son inquiétude face à une atmosphère d’intolérance. Il a souhaité mettre fin à toute polémique et à rassurer la communauté musulmane, le président du CRIF regrettait la décision du CFCM de boycotter le diner, décision qu’il ne trouvait pas du tout raisonnable et réfléchie et a précisé le fond de sa pensée » j’ai certes dit que la quasi totalité ou l’immense majorité des actes de violence physique commis en France contre des juifs sont commis par des jeunes musulmans mais j’ai également ajouté que c’était une infime minorité de la communauté musulmane qui en était responsable. »
Il a réitéré sa mise au point sur la présidente du Front national, qui n’est «ni fréquentable ni irréprochable» tant qu’elle ne se désolidarisera pas des propos de son père. « Nous continuerons à ne pas inviter Mme Le Pen et à ne pas conseiller de voter pour le Front national».
Ce qui compte, c’est le vivre ensemble, juifs et musulmans. Nous sommes sur le même bateau. J’espère que le contact sera vite rétabli ».
Roger Cukierman a également « suggéré que la France se démarque du reste du monde et reconnaisse Jérusalem comme la capitale d’Israël »,
François Hollande, fidèle à ce rendez vous annuel qu’il a toujours honoré comme premier secrétaire du Parti Socialiste, puis jusqu’en 2012 et qu’il a maintenu depuis son arrivée à l’Elysée a annoncé dans un excellent discours très républicain, un renforcement de l’arsenal répressif contre « tout propos de haine » « Il n’y a pas d’antisémitisme ordinaire », a déclaré d’emblée François Hollande, parlant d’une « lèpre » qui est « toujours là 70 ans après la Shoah ».
Le président Francois Hollande a confirmé que le plan vigipirate reste en place devant les lieux juifs aussi longtemps que nécessaire et a remercié les mères juives de prendre soin des gendarmes chargés de veiller sur la sécurité .
« Les juifs sont chez eux ici ce sont les antisémites qui n’ont pas leur place » .
M. Hollande a souhaité que soit « renforcé le caractère aggravant d’un délit au caractère antisémite ». « J’ai souhaité que ces propos ne relèvent plus du droit de la presse mais du droit pénal », a affirmé le chef de l’État, solennel. Manuel Valls présentera dans les prochains jours un plan aussi complet que concret a précisé le président.
Le chef de l’État, qui promet un plan de lutte national, a également invité les géants d’internet à se mobiliser contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme. Les dirigeants de Facebook, Apple, Twitter et Google ont été invités à Paris en avril « afin de conclure un accord sur le retrait des contenus illicites et de permettre une coopération avec la plateforme de signalement Pharos ».
Pour sensibiliser les jeunes, François Hollande a par ailleurs rappelé qu’une semaine de lutte contre le racisme et l’antisémitisme à l’école est organisée du 16 au 21 mars.
Un discours qui a fait l’unanimité parmi les invités. François Hollande a été très applaudi.
La communauté juive inquiète espère que ces mesures seront appliquées efficacement et durablement pour endiguer ce nouveau fléau qu’est le l’embrigadement jihadiste
LES RÉACTIONS AUX DÉCLARATIONS
Nicolas Sarkozy présent lors de la soirée, interrogé par des journalistes, n’a pas souhaité commenter les propos du président du CRIF qui font polémique. Il a néanmoins eu un échange un peu vif avec Francis Khalifa le vice président du CRIF .
Le président du Consistoire israélite de France Joël Mergui a apporté mardi son soutien au président du Crif Roger Cukierman après ses propos sur les musulmans et dénoncé un « islamisme radical ». « On est dans un moment de vérité en France, on ne peut pas dire, faire comme si l’islamisme radical n’existe pas », a déclaré Joël Mergui, interrogé sur I-Télé.
« C’est une question de transparence de dire que quand des actes sont commis en disant +Allah Akbar+ ils sont commis au nom de l’islam », a-t-il ajouté en référence notamment aux attentats commis début janvier à Paris.
« Quand des meurtres ont été faits en France, ou dans différents pays, en instrumentalisant l’islam, on a le devoir de le dire », a ajouté le président du Consistoire, précisant que cela « ne concerne pas tous les musulmans » mais que « tous les musulmans doivent dénoncer ces actes faits au nom de l’islam ».
Sylvie Bensaid
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