En pleine polémique sur les départs de juifs de France, l’homme féru d’art contemporain annonce qu’il représentera la maison Artcurial à Tel Aviv où il part s’installer avec sa famille.
Ce fou d’art qui vit à plein régime sa passion pour l’art contemporain change de casquette. D’amateur, il devient professionnel. Et ce, pour représenter la maison de vente aux enchères Artcurial à Tel Aviv où il va partir définitivement en juin, avec femme et enfants.
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou actuellement en campagne pour exercer un nouveau mandat, a invité les membres de la communauté juive de France et d’Europe à rejoindre Tel Aviv.
Pour sa part, Philippe Cohen a pris sa décision depuis de nombreux mois. Cela correspond davantage pour lui à un changement de vie, d’autant qu’il est déjà fortement impliqué dans l’avenir culturel de son pays. D’abord en tant que conseiller pour le musée de Jérusalem depuis plus de 15 ans (il lui a donné sa collection de dessins 19e), ensuite comme soutien du musée de Tel Aviv. Lors du dernier dîner des amis de ce musée qui réunissait marchands et collectionneurs, fin 2104 au musée des Arts Décoratifs, celui-ci avait pris la parole pour défendre les nouvelles acquisitions de l’institution, laissant présager un engagement plus fort encore.
«C’est une une sacrée expérience et un vrai challenge de changer de métier pour rejoindre le marché de l’art, explique Philippe Cohen. Avec le regard du collectionneur de 25 ans que je suis, j’ai plaisir a défendre, en Israël, les valeurs de cette maison de ventes aux enchères avec laquelle je partage le gout de la culture.»
Dentiste dans sa première partie de vie, ce féru d’art va maintenant se consacrer pleinement à ce qu’il aime. En 2013, ceux qui ne le connaissaient pas l’avaient découvert au Passage de Retz, à Paris, où il avait montré une partie de sa collection comprenant 250 pièces et vidéos mises en scène par son complice, Ami Barak. Ce curator l’a montrée également en septembre 2014 pendant la foire de Moscou. «J’ai fait à fond mon métier et mes cours de professeur à la faculté, ajoute-t’il. De même, je me suis totalement donné à ma collection, commencée dans les années sida, avec Philippe Parreno et Pierre Huygue, devenus tout de suite mes amis.»
Philippe Cohen a toujours aimé aller au-devant des artistes tels Mircea Cantor, Dan Voh Loris Gréaud ou même McCarthy dont il a acheté des œuvres de jeunesse comme son installation de costumes de Pinocchio. Il a le contact facile. Le sourire rassurant. L’empathie nécessaire assortie d’un dialogue enveloppant. C’est justement par une rencontre qu’il a commencé à se jeter dans l’art contemporain, en pleine spéculation pourtant des années 1990, avant que le marché ne s’effondre.
«En 1992, je suis allé avec Philippe Ségalot, mon ami art adviser, voir une exposition historique à Lausanne, Post Human, dont le curateur était Jeffrey Deitch, raconte ce collectionneur qui a toujours privilégié le contenu plutôt que l’esthétique car il adore se poser des questions. J’ai été scotché. Ce fut pour moi un déclencheur.”
C’est cette approche subtile peu commune de l’art, loin du tape à l’œil qui fait des records aux enchères, qui a séduit la maison Artcurial. dont Philippe Cohen était d’ailleurs le client. Au fil de ses achats, des liens se sont tissés avec l’équipe dirigeante qui aujourd’hui cherche des profils atypiques pour développer ses réseaux.
Pour la maison du Rond-Point des Champs-Elysées qui n’entend pas pour l’instant rivaliser avec la concurrence dans les pays anglo-saxons, c’est un moyen d’accélérer sa stratégie de développement internationale après les ouvertures de Bruxelles et Milan en 2012, puis Vienne en septembre 2014.
Le jeune état a connu depuis sa création en 1948, une explosion démographique qui a fait passer sa population de 800.000 à 8 millions d’habitants en 2013, notamment avec l’installation de migrants provenant de pays industrialisés. Le pays connait un âge d’or économique avec une croissance moyenne de son PIB de 5,4 % sur 52 ans, dont une pointe à plus de 9 % en 2000 par exemple. L’émergence d’une classe supérieure cultivée et très internationale, nourrie par une longue tradition artistique et patrimoniale, mais aussi le développement de résidences secondaires pour d’importants collectionneurs et amateurs étrangers, font aujourd’hui d’Israël une place d’avenir pour le marché de l’art.
http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2015/02/16/03015-20150216ARTFIG00326-le-collectionneur-philippe-cohen-quitte-la-france-pour-israel.php
Poster un Commentaire