Ça se passe en Avignon, la Cité des Papes, dans le Comtat Venaissin où les juifs s’installèrent au Moyen Âge et où il reste beaucoup de traces de leur présence : des noms de famille, Milhaud, Bedarride, des rues , des plaques sur des immeubles, des restes de vieilles synagogues, une culture, une civilisation.
Ça se passe en France , sur le territoire de la République française, en Provence, en Avignon où le monde du théâtre déferle en juin .
Et c’est ignoble ! Une française de 16 ans, répond à une question de ses camarades de lycée en précisant qu’elle va souvent au Maroc mais qu’elle n’est pas musulmane mais juive.
Elle est harcelée de toutes les façons possibles . Lisez l’article du journaliste de La Provence et essayez de comprendre ce qui se passe en France.
Au Maroc, la petite juive aurait été regardée avec bienveillance par tous. Aujourd’hui, en France, il faut mettre une casquette pour cacher sa kippa, il faut couvrir de papier un livre de prières, il faut répondre évasivement si on vous interroge sur votre religion, il faudrait faire profil bas…la condition de « dhimmi » a traversé la Méditerranée et s’est installée en France !
J’enrage. J’ai honte pour les juifs et j’ai pitié pour le pays.
AM
AU LYCÉE AUBANEL EN AVIGNON
Depuis deux ans, Esther (*) est inscrite au lycée Aubanel d’Avignon. Si sa classe de seconde s’est bien déroulée, depuis la rentrée de septembre, elle semble vivre un véritable enfer. Sa première paraît compromise. Elle n’est plus scolarisée et devra changer d’établissement après les vacances scolaires d’hiver.
« Au mois de septembre, j’ai senti que le courant passait mal avec une fille nouvellement arrivée dans l’établissement. » D’un naturel plutôt calme, Esther a essayé de composer. « J’ai fait comme si, limitant mes relations au strict nécessaire, en essayant de tempérer, de rester naturelle. Puis, un jour, comme nous allons souvent au Maroc avec mes parents, elle m’a demandé si j’étais musulmane. » À la question, Esther a répondu qu’elle était juive.
À partir de ce jour, la situation, qui était déjà tendue, est devenue invivable. « À quelques rares exceptions près, elle a ligué tous les élèves contre moi. Petit à petit, ils se sont éloignés, ils m’ont complètement isolée. »
Messages à caractère antisémite sur Facebook
Puis les rires moqueurs, les réflexions ont commencé à fuser. « Des critiques sur mon physique, sur ma manière de m’habiller, des mots que je n’ose répéter… » Esther s’est dit que ces agressions verbales allaient passer. Elle a donc gardé cette affaire secrète, avant de craquer et d’en parler à sa mère, Léa. « Nous avons fait part de cette situation lors d’une réunion parents-professeurs avant les vacances de Noël. Nous pensions que cela suffirait », se souvient Léa.
Las. Le 7 janvier, Esther découvre sur Facebook une quinzaine de commentaires qui la concernent : un flot d’insultes, de menaces, d’injures… Sur le réseau « social », quelques messages à caractère antisémite sont publiés. « Je me suis mise à trembler, à pleurer. Mille personnes peuvent lire ces choses. Ça m’a brisée, détruite. Avec ma mère, nous sommes allées voir le proviseur. Mais il semble que ces propos n’entrent pas dans le cadre scolaire… »
Aussi, Esther et sa mère ont déposé plainte. Rapidement, tout le lycée a été informé de la démarche. Et l’ambiance s’est encore dégradée. « Ma fille était terrorisée, elle avait peur qu’on l’attende à la sortie. Nous avons alors fait appel à l’Équipe mobile académique de sécurité (EMAS) pour qu’elle prenne les choses en main », raconte Léa. Des représentants de l’EMAS sont intervenus dans la classe pour sensibiliser sur le harcèlement. « Ça n’a rien changé. Toujours les quolibets, les messages insidieux, poursuit Esther. Jusqu’au jour où on m’a demandé de ne pas venir au lycée par crainte de représailles… »
Il a donc été décidé, en accord avec Esther et ses parents, qu’elle change de classe. « Je pensais enfin tourner la page. Mais non. Le lundi matin, l’ambiance était malsaine, je me suis sentie fichée. Entre-temps, ma mère a verbalement été agressée et menacée par la mère d’une de mes harceleuses. »
Tombée en dépression
La situation se dégradant tous les jours un peu plus, il a été proposé à Esther de changer d’établissement, « pour sa sécurité m’a-t-on expliqué », précise Léa. « Je ne comprends pas pourquoi ma fille doit aller ailleurs, pourquoi ce harcèlement n’est pas réprimandé, pourquoi c’est elle, victime, qui doit s’effacer. Aujourd’hui, elle n’est plus scolarisée. Elle doit passer son bac de français à la fin de l’année. Dans quelles conditions ? C’est une année de perdue », s’indigne encore la maman.
Aujourd’hui, Esther est en pleine dépression. Elle ne mange plus, ne dort plus. Entre anxiolytiques, cauchemars et antidépresseurs, elle reste chez elle. Pour qu’elle ne perde pas le fil de sa scolarité, ses cours devaient lui être envoyés par e-mail.
Pour l’heure, rien, sinon un rendez-vous chez le psychiatre et une fragilité grandissante chez cette gamine de 16 ans, qui a du mal à relativiser : « Je n’en peux plus, on ne peut pas me faire la misère comme ça. Je n’ai pas honte d’être juive, je ne porte aucun signe ostentatoire, aucune médaille, aucune étoile. Si on me demande ce que je suis, je ne vais pas pour autant me cacher. Ce qui m’arrive, je ne le souhaite à personne. » Reste maintenant que le lycée lui adresse un certificat de radiation, et qu’elle puisse enfin retrouver toute sa sérénité.
* Pour préserver l’anonymat et pour d’évidentes raisons de sécurité, les prénoms ont été changés.
Philippe Meron
http://www.laprovence.com/article/actualites/3262385/avignon-harcelee-depuis-la-rentree-esther-devra-changer-de-lycee.html
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