Pas de « Stand France »
à la Foire internationale du Livre
de Jérusalem du 8 au 12 février 2015.
Les deux librairies françaises d’Israël n’y seront pas non plus, n’ayant pas reçu de subvention. « Donc pas de vente de livre français à la foire ». Raison invoquée par le Bureau International de l’Édition Française, « en charge de la promotion de l’édition française dans le monde » : « cette Foire n’a plus la dimension internationale qu’elle avait avant ». Toutefois, la « coopération entre éditeurs des deux pays » est « forte ». Par ailleurs, « l’ambassade de France, les instituts français d’Israël et de Jérusalem » (sic) organisent nombre de rencontres avec des auteurs français.
Israël, Francophonie
et considérations politiques
Il y a en Israël une importante communauté francophone constituant plus de 10% de la population israélienne, qui a vu considérablement grossir son nombre en 2014 avec un afflux de Juifs ayant quitté la France. On en connaît les raisons. Des prévisions pour 2015 font état de chiffres plus importants encore. Une communauté qui garde des liens étroits avec son pays d’origine et sa culture. Pourtant Israël ne fait toujours pas partie de l’Organisation Internationale de la Francophonie, qui compte 57 membres, 3 pays associés dont le Qatar où l’on doute que les « locuteurs de français » soient légion, et n’y a même pas de statut de « pays observateur », accordé à 23 pays dont l’Estonie ou le Kosovo…
Ceci, bien évidemment
pour des raisons politiques.
Les raisons ayant amené à ce qu’il n’y ait pas de « Stand France » cette année à la Foire internationale du Livre de Jérusalem qui se tiendra du 8 au 12 février, sans même la présence des deux librairies françaises d’Israël, seraient-elles politiques elles aussi ?
Le Bureau International
de l’Édition Française
explique cette absence de stand France
Interrogé sur les raisons de cette absence, le Bureau International de l’Édition Française, « en charge de la promotion de l’édition française dans le monde », nous répond par la bouche de son Directeur Général Jean-Guy Boin que si « le public francophone est important pour » le BIEF, son « action est dédiée aux professionnels ». Il précise que « les Foires, mais également les rencontres professionnelles que nous organisons sont l’occasion de remplir notre mission.
Nous estimons que cette Foire n’a plus la dimension internationale qu’elle avait avant . Les dernières éditions nous ont amené à constater cette baisse de fréquentation internationale. Il en résulte, pour nous, une faible opportunité de contacts entre éditeurs des deux pays ».
Pas de vente de livres
français à cette Foire
Poursuivant son explication il précise : « le public francophone ne trouvera pas nos livres, mais puis-je vous rappeler que les ventes des titres que nous apportions (1000 environ, destinés d’abord aux éditeurs israéliens intéressés par une traduction) restaient très modestes autour de 200 exemplaires ».
L’une des deux librairies francophones d’Israël, « Vice-Versa » de Jérusalem, confirme qu’il « n’y aura pas de vente de livres français à la Foire ». Il semblerait que ces librairies aient renoncé à être présentes ne pouvant le faire pour des raisons financières, n’ayant pas reçu leur subvention habituelle pour ce faire. Contactée à ce sujet l’ambassade n’a pas encore répondu (faute de temps sans doute car elle ne l’a été que très récemment).
De nombreuses rencontres et échanges
Jean-Guy Boin souligne toutefois que « pourtant, une douzaine d’éditeurs français se rendent à Jérusalem et Tel Aviv pour rencontrer des confrères israéliens, signe que la coopération entre éditeurs des deux pays est forte .
Les liens avec l’édition israélienne sont en effet très étroits.
Ils seront présents –et pour certains intervenants-, moi également, à la Foire puis, le mardi après-midi à une Rencontre à l’Institut français avec le public et au moins une vingtaine d’éditeurs israéliens. Cette Rencontre est organisée entre cet Institut et le BIEF ».
A propos de la tenue cette Foire « L’institut français d’Israël », situé à Tel Aviv, et nous y reviendrons, donne, en effet, un programme des rencontres prévues. Dans un point de presse du 4 février 2015 le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français annonçait « l’ambassade de France, l’institut français d’Israël et l’institut français de Jérusalem proposent un programme très dense à la rencontre de l’écriture française : échanges avec le public, présentations d’ouvrages récemment parus, tables-rondes, rencontres avec des éditeurs et auteurs français – dont Katherine Pancol, Geneviève Brisac et Jean Mattern ».
La seconde partie de l’annonce du ministère semblant démentie dans les faits à la fois par le BIEF et la librairie Vice-Versa – voir plus haut-. On y lit, en effet, : « Plus d’un millier de titres représentatifs de la production française contemporaine seront mis à la disposition des visiteurs ».
Les deux Instituts français,
l’un « d’Israël », l’autre « de Jérusalem »…
Le ministère évoque deux instituts français, l’un « d’Israël », l’autre « de Jérusalem », Y compris dans une note sur l’activité du réseau culturel, distinction sur laquelle il convient de se pencher. Il faut savoir que pour la diplomatie française Jérusalem ne se trouve pas en Israël, la ville étant un corpus separatum. Ce qui conduisit d’ailleurs à la fermeture de l’Alliance française de Jérusalem, après rappel de sa dernière Directrice en 1999, des considérations budgétaires pour cause d’insuffisance de financement local ayant été alors avancées. En réalité une Alliance française étant un organisme à la fois français et local, lui permettre d’exister revenait à reconnaître que Jérusalem se trouve bel et bien en Israël…. La France ouvrit alors un Institut français « de Jérusalem », d’où la distinction notée ci-dessus.
Le Salon International du Livre de Ramallah
et son « vaste stand de l’institut français »
La France ouvrit d’ailleurs aussi « L’Alliance Française de Bethléem (AFB) …créee (sic) en 2003 dans la ville de Bethléem en Palestine ». On peut donc supposer que dans ce cas le financement local est à la hauteur des besoins. Pourtant l’Autorité palestinienne, qui vit des subsides de pays donateurs, dont la France, peine toujours à boucler son budget… Par ailleurs, on notera que parmi les 1800 ouvrages de la bibliothèque ceux qui sont consacrés à Israël sont défavorables à l’État hébreu
Par ailleurs le consulat général de France à Jérusalem – de fait l’ambassade de France auprès des Palestiniens – ne dit mot de cette Foire alors que, pourtant, des rencontres dans ce cadre doivent s’y dérouler. « A Jérusalem, du côté des caricaturistes israéliens : « Le dessin de presse : aux frontières de la liberté » le jeudi 12 » annonce « l’Institut français d’Israël ». Plantu, capable du meilleur comme du pire, étant invité.
On trouvera en revanche sur le site consulaire un compte-rendu du Salon International du Livre de Ramallah de 2014 « inauguré le 10 avril par les ministres palestinien et marocain de la Culture, en présence du Consul général de France à Jérusalem Hervé Magro….Aux côtés du Maroc, invité d’honneur de cette année, la France était représentée à ce salon à travers un vaste stand de l’Institut français de Jérusalem accueillant également un grand nombre de publications en français et en arabe de l’Institut français du Proche-Orient (IFPO) ».
Ainsi donc, pour l’Édition française, être à Ramallah semblerait plus porteur qu’être à Jérusalem. Ou bien faut-il y voir des considérations politiques ?
Hélène Keller-Lind
http://www.desinfos.com/spip.php?page=ispip-article&id_article=46101
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