Les actes antisémites ont été multipliés par 2 en 2014 par rapport à 2013. Et le carnage de l’Hyper Cacher n’est pas pris en compte, il ne le sera que pour les chiffres de 2015.
Magnifique discours de Manuel Valls à l’Assemblée Nationale et François Hollande enfin Président de la République : des phrases qui consolent, des propos qui rassurent et plus de dix mille hommes, policiers, gendarmes et soldats qui patrouillent et qui gardent les lieux de culte, les écoles, les sièges des média.
Dissuader et faire renaître la confiance :
on verra bien.
Netanyahu, Liberman et Bennett à Paris qui ouvrent les bras et demandent aux juifs de France de venir ” dans leur maison”.
“Restez, vous êtes chez vous”, “La France sans ses juifs, n’est plus la France” répètent le Président et le Premier ministre.
A Jérusalem, l’Agence juive fait des comptes et dresse des plans. L’an dernier, 7.000 “olim” venus de France, cette année pourrait voir dix mille français quitter Paris XIXème Créteil, Sarcelles, Villeurbanne ou La Belle de Mai et débarquer à Ben Gourion pour une nouvelle aventure. On parle même de projections pour 120.000 français en 4 ans, le quart de la communauté qui émigrerait. Ce qui serait presque un exode.
Et si le départ d’une partie des juifs de France était le signe que la situation n’est plus sous contrôle ? Les promesses non tenues, “les jeunes”, les banlieues, la France périphérique barricadée dans des petites villes sans avenir et sans emplois, le pays a subi la crise, la mondialisation, la perte de la compétitivité , un chômage record et inexorable s’étendant comme une gale. L’échec économique prévisible se cache désormais derrière une insécurité qu’on refusait pourtant de prendre en compte ou même d’évoquer et qui sert maintenant à détourner les regards.
C’EST BEAU LA FRANCE
Alors partiront ou partiront pas, les juifs de France ? C’est beau la France, un pays de rêve, son drapeau, le bleu, le blanc, le rouge réunis, qui claque au vent et sa Marseillaise qui éclate et fait vibrer, la République qui protège et qui sublime tout de sa gloire. Ils sont français, les juifs de France : La Fontaine, Molière, Hugo ou Zola ils les ont étudiés , ils connaissent les films, les chansons, la cuisine, les mots de sa langue, l’immensité de sa culture, ses tics et ses tournures de phrase, tout ce qui est “the French Touch” , tout ce qui fait la France. Ils sont de France.
Certains partiront sûrement en Israël où ils ont des enfants déjà installés, des parents, des amis, des voisins. Israël, pour un juif, c’est exaltant, c’est le coeur qui se gonfle et le souffle qui s’apaise. Oui, la bonne comparaison, c’est celle de la maison : on est à la maison, on est chez nous, personne ne viendra nous parler de “fournée” ou tentera d’insinuer quelque perfidie à l’égard de votre peuple, et dans la rue, trois voyous ne viendront pas vous jeter à terre. Personne ne vous insultera comme en France, parce que vous êtes si peu nombreux et tellement présents partout.
Alors pour favoriser l’Alyah faut-il valider des diplômes, subventionner les achats de voitures, les locations d’appartement, les cours d’hébreu, prévoir des emplois, l’eau chaude, le tout à l’égout et le gaz à tous les étages ? Avec les impôts des classes moyennes qui sont déjà maltraitées ? Avec une partie des budgets de Tsahal ? Avec des emprunts qui finiront bien par être remboursés ?
Israël a besoin des juifs pour peupler son territoire, pour renforcer son économie, pour apporter des pierres à l’édifice. Les juifs de France, un demi million, troisième communauté après Israël et les Etats-Unis, sont à l’évidence une réserve de juifs qui pourraient devenir des israéliens. C’est bien de vouloir les accueillir, de se préparer à les recevoir les “sarfatits”: ils ont toujours répondu présent et ils sont si fiers des réussites d’Israël ! Une partie d’entre eux viendra peu à peu si les responsables en France cessent de masquer la vérité et de soupeser les conséquences électorales des décisions qu’ils doivent prendre. Ils viendront beaucoup plus vite si le pays s’affaisse et se résigne à la médiocrité puis à la soumission. Et ils déferleront si un coup de grisou survenait.
Nos parents ne pensaient pas qu’ils partiraient de leur pays natal et ils reposent dans de grands cimetières humides. Et nous ne pouvons pas imaginer quitter ” pour toujours” les quais de la Seine, les berges du Rhône et les rives de la Loire.
On emporte un peu sa vie…
André Mamou
André, très beau cri du cœur que tu viens d’exprimer dans cette ode aux Juifs de France. Entre l’envie justifiée de partir et la possibilité matérielle de le faire il y a une réalité a laquelle il faut tenir compte.
Tous veulent partir mais combien le pourront ils ? Seuls ceux qui ont un pied déjà en Israël peuvent le faire ? Mais les autres ? Modestes salariés avec 3 enfants, les femmes divorcées avec des enfants, les retraités qui n’ont pas les moyens et qui, interrogés, affirment qu’ils veulent partir.
Le pourront ils ? J’ai passe deux jours en banlieue a interviewer plus de 50 personnes.. Pour beaucoup ce ne sera pas facile. Combien sont ils ? Tu incites les juifs a Partir tout en leur disant qu’il sont la France. Alors ? Un humoriste israélien a très bien résumé ce dilemme de l ‘insécurité : “il y a deux endroits dangereux pour les juifs dans le monde : en Israël et en dehors d Israël”
Alain Chouffan
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