Netanyahu invité au Congrès américain, frôle l'incident diplomatique

Washington a exprimé son exaspération après l’annonce surprise que le Premier ministre israélien, avec qui les relations sont fraîches, avait été invité par les républicains au Congrès, en plein débat sur l’Iran.

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Bien que la question fasse débat, le Premier ministre israélien sera convié au mois de Mars à prendre la parole devant le Congrès américain.

Le président de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, sa annoncé mercredi que Benjamin Netanyahu avait été invité, pour la troisième fois, à prononcer le 11 février un discours devant les deux chambres du Congrès, une tribune prestigieuse. La Maison Blanche a semble-t-il été prise de court, n’ayant été informée par les républicains que peu avant leur communiqué.
En termes diplomatiques mais sans équivoque, le porte-parole de Barack Obama a fait part de l’agacement américain à l’encontre du Premier ministre israélien.
« Le protocole classique est que le dirigeant d’un pays prenne contact avec le dirigeant du pays dans lequel il se rend, c’est certainement la façon dont les voyages du président Obama à l’étranger sont organisés, et cet événement semble donc être un écart au protocole », a déclaré Josh Earnest.
« Les Israéliens ne nous ont pas informés du tout de ce voyage », a-t-il  ajouté. Les deux dirigeants s’étaient parlé au téléphone le 12 janvier.
L’invitation s’assimile effectivement à un geste de défiance. Au-delà de l’incident protocolaire, la venue du Premier ministre israélien risque d’être interprétée comme une ingérence étrangère dans le débat américain sur le nucléaire iranien. Une bonne partie des élus sont favorables à l’adoption préventive de sanctions contre l’Iran, pour contraindre Téhéran à signer avant la date-butoir du 1er juillet un accord sur le nucléaire.
Mais Barack Obama ne veut rien céder de son pouvoir de négociation, et a promis d’opposer son veto à une telle législation.
Les propos de John Boehner justifiant l’invitation ne laissent guère de doutes quant à son but: ajouter la puissante voix de M. Netanyahu, très sceptique des pourparlers avec Téhéran, à celles des nombreux parlementaires qui veulent défier l’administration démocrate.
« Face aux défis actuels, je demande au Premier ministre de s’exprimer devant le Congrès sur les graves menaces que l’islam radical et l’Iran représentent pour notre sécurité et notre mode de vie », a déclaré John Boehner.

BRAS DE FER PERMANENT

out en faisant part de son trouble, John Kerry, chef de la diplomatie, a tenté de minimiser l’incident et les désaccords sur le fond du dossier iranien.
« Il n’y a pas de différence entre nous sur l’objectif », a-t-il dit à des journalistes. « Nous avons des différences en termes de tactique, sur la façon d’atteindre cet objectif. Mais nous sommes déterminés à ne pas laisser l’Iran obtenir l’arme nucléaire ».
Côté israélien, l’invitation républicaine ressemble à un coup de pouce donné au candidat Netanyahu, en campagne pour les élections législatives israéliennes du 17 mars.
Contacté, son bureau n’avait pas encore fait de commentaire. L’incident illustre la mésentente notoire entre les deux dirigeants.
Assis dans le Bureau ovale près de Barack Obama en octobre dernier, Benjamin Netanyahu l’avait mis en garde devant les caméras contre un accord faible qui mènerait l’Iran « au seuil de la puissance nucléaire ».
L’Israélien dispose de solides alliés aux Etats-Unis, en particulier parmi les républicains. Parfaitement bilingue, il est régulièrement invité dans les grandes émissions politiques du dimanche, en duplex de Jérusalem, pour peser sur le débat américain sur l’Iran.
La visite de M. Netanyahu risque ainsi de prendre un tour partisan, le Congrès étant passé sous contrôle républicain en janvier.
De nombreux élus sont partisans de l’adoption d’une loi, « Menendez-Kirk » du nom de ses auteurs, qui imposerait graduellement des sanctions nouvelles contre l’Iran, à partir de juillet, en cas d’échec des négociations internationales.
Mais « de nouvelles sanctions, à cet instant, sont inutiles, et au lieu d’améliorer les chances d’un succès des négociations, elles risquent d’amoindrir les chances d’un accord et de faire s’effondrer le régime de sanctions », a plaidé Antony Blinken, numéro deux du département d’Etat, lors d’une audition au Sénat mercredi.
Plus j’écoute l’administration, plus j’ai l’impression d’entendre des éléments de langage de Téhéran », a répliqué sèchement le sénateur démocrate Robert Menendez.
Ivan Couronne et Jérôme Cartillier pour AFP

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