Désolé, je ne marche toujours pas.
J’aurais pourtant bien aimé.
Après la manifestation monstre en faveur
de la liberté d’expression et contre la barbarie anonyme,
le premier ministre, dans un discours
qui fait honneur à la politique,
aura enfin livré le nom de l’assassin:
l’islam radical.
Il y a plus de courage et de conviction chez cet homme que chez bien des hommes de droite. Mais en acceptant d’être prisonnier d’une alliance politique, gouvernementale et électorale avec la gauche et l’extrême gauche, premières responsables de la tragédie nationale, il marque les limites de son honnêteté.
Il cautionne également un partage des rôles cynique et schizophrénique avec un président, qui n’a rien fait mais l’a bien fait, sauf à se rendre à l’Institut du monde arabe pour expliquer que les attentats n’avaient rien à voir avec l’islam (même radical ?) et consacrer les musulmans en premières victimes du terrorisme.
Je ne nie pas qu’il soit sorti de la manifestation du 11 janvier des éléments positifs comme l’attachement viscéral à la liberté d’expression et un hommage à la police française qui enterre définitivement le sinistre CRS-SS dans les poubelles du révisionnisme fou.
Mais je maintiens que l’immense et nécessaire compassion pour les victimes devait servir à accomplir, par un effet cathartique, une révolution copernicienne des esprits qui n’est pas venue, pour cause de poursuite de la trahison des clercs et de confusion des messages. Je souhaitais entendre un «Aux armes citoyens !» politique et intellectuel mettant en cause la responsabilité des prétendues élites et pas seulement un «Aux larmes citoyens !» émotionnel les dédouanant.
« Je souhaitais entendre un «Aux armes citoyens!»
politique et intellectuel mettant en cause
la responsabilité des prétendues élites
et pas seulement un «Aux larmes citoyens!»
émotionnel les dédouanant. »
Éradiquer un terrorisme islamique ayant de nombreux relais intérieurs, pour un État de droit libre et démocratique relève déjà de la gageure. Il le devient impossible si on continue à nier la maladie et refuser les remèdes, en se voilant la face. Bref, enfin, énoncer la vérité sans fard.
Au lieu de cela, la semaine écoulée aura permis, comme hélas je l’avais craint dès le lundi matin, à de très nombreux clercs ou politiques, de reprendre sans complexe leurs vieilles antiennes à la source du mal:
– C’est ainsi qu’en continuité avec la politique d’apaisement du Quai d’Orsay à l’égard de la radicalité islamique, Laurent Fabius, au micro de France Inter, refusait de nommer «l’islamisme» comme cause de la tragédie.
C’est ainsi que l’on a eu droit au retour du relativisme
et des équivalences scabreuses,
mettant sur un même pied
massacres de juifs et tags de mosquée.
Dans une émission de télévision, Éric Fassin, sociologue distingué, m’obligea ainsi malgré moi à une mise au point ingrate, qui ressemblait à une compétition victimaire, au nom de la seule vérité factuelle
– C’est ainsi que de partout, on nous ressortit la causalité absolutoire : l’éternelle pauvreté sur la misère sociale, l’inepte mensonge, créateur du mal lui-même: les fous de Dieu français étaient les victimes de l’exclusion et de l’islamophobie. Bref de notre faute. Jean-Marie Le Clézio, dans Le Monde, y prêta sa plume et son prestige, à l’instar de nombreux artistes. Michel Rocard quant à lui, dans leJDD ressortit de la naphtaline une explication d’un terrorisme qui suivrait servilement la courbe du chômage. Et tant pis si c’est faux, pourvu que ce soit beau.
– C’est ainsi qu’encore et enfin est apparu, pour cause de désarroi intellectuel en face de la cruelle réalité, un nouvel argument conceptuel qui a fait florès, ceci pour éviter de mettre en cause l’islam: il n’existerait pas, en raison de l’hétéroclisme des personnes, une communauté musulmane. Et ce serait faire montre d’essentialisme suspect que de tenter de l’appréhender. J’avais pourtant cru comprendre qu’il existait également une communauté juive de France, en dépit de son caractère extrêmement pluriel.
Habituel négationnisme de la gauche ficelle: l’immigration comme l’insécurité étaient autrefois un fantasme. L’antisémitisme islamique une lubie stigmatisant. La théorie du genre une invention. À présent on escamote un groupe humain dans son ensemble pour ne pas examiner la responsabilité d’une partie de celui-ci.
Ce qui n’empêche pas les architectes xénophiles du village Potemkine du vivre ensemble harmonieux d’identifier des musulmans quand ça les arrange. Ainsi, le policier courageux assassiné par Kouachi est musulman, mais pas Kouachi. Ainsi, l’héroïque sauveteur malien de juifs pris en otage par Coulibaly est musulman, mais pas Coulibaly.
Dans ce concert ringard et consternant, il y eut, tout de même quelques belles voix dissonantes, comme celle d’un Malek Boutih reconnaissant avec honnêteté les erreurs de SOS-Racisme qu’il présidait autrefois. Les vérités, puisqu’elles n’ont pas été toutes dites courageusement au moment qui s’y prêtait le plus, il n’est peut-être pas trop tard pour les énoncer. Le risque pour moi de choquer les pisse-froid incontinents relevant plutôt du plaisir.
Non, la France n’est pas responsable
des dérives fanatiques de français
dont elle a accueilli les parents.
Elle les a logés, nourris, soignés et éduqués bien mieux que leur pays d’origine. Ce n’est pas la honte mais plutôt la fierté qui doit l’inspirer lorsqu’elle se regarde.
– Non ces fanatiques ne sont pas des loups solitaires ou des fous isolés, il en existe de nombreux au sein de nos banlieues surarmées, au milieu de populations désarmées et désespérées.
Ils disposent également de nombreux sympathisants au milieu d’une population musulmane qui très majoritairement les désapprouve. Cette réprobation ne l’a malheureusement pas fait descendre dans la rue, n’en déplaisent à certains médias discrets sur le sujet, en dépit de la thématique ô combien consensuelle de la manifestation. Car de nombreux musulmans partagent l’indignation quand ce n’est pas la violente colère, de ces foules qui ont défilé à Niamey, à Alger ou à Gaza.
Encore faut-il nuancer le regard que l’on porte sur l’indignation de nombre de musulmans non-violents que l’on ne saurait obliger, pour cause de drame, à aimer Charlie hebdo! Sauf à pervertir la liberté d’expression au nom de la liberté d’expression… Un musulman pratiquant a bien le droit de désapprouver publiquement ce qu’il considère à tort ou raison comme blasphématoire. Le Conseil représentatif des musulmans de France était parfaitement dans son droit de saisir en son temps la justice et ce fut une erreur de l’en blâmer, sauf à considérer les journalistes comme ayant tous les droits sans avoir à en répondre. Et la justice française a eu juridiquement raison de l’en débouter.
– S’agissant à présent des juifs, et si l’on veut sincèrement que cessent leurs massacres désormais récurrents, une partie de la France médiatique et intellectuelle devrait se résoudre à un sacrifice sans doute trop cruel: renoncer à nazifier Israël, et à le dénigrer grossièrement et systématiquement. Je doute toutefois qu’elle s’y résolve de bonne grâce. Lorsqu’après que Mohamed Merah ait tué des enfants à Toulouse pour venger ceux de Gaza et qu’il ait conservé la photo du petit Mohamed Al Dura dont on connaît la mort controversée, j’avais fait observer sous les lazzis que si l’on fait passer les Israéliens pour des criminels nazis, il n’est pas anormal de ne pas aimer tendrement ceux qui les aiment ici.
Plutôt que de répondre à ce cruel problème, je sais par expérience que l’on fera semblant de penser que je veux interdire toute critique du gouvernement israélien. Je rappellerai toutefois que pour tenter d’endiguer l’antisémitisme, le gouvernement français avait demandé un rapport à Jean-Christophe Rufin. Celui-ci, qui n’est pas considéré comme vendu à Sion, avait préconisé de réprimer l’antisionisme radical. Les organisations soi-disant antiracistes et la Ligue des Droits de l’Homme ont poussé des hauts cris et Dominique de Villepin a serré soigneusement le rapport dans un tiroir
Sur ce sujet qui rend fou, la schizophrénie de la société médiatique et intellectuelle française est à son acmé: elle a canonisé Stéphane Hessel et diabolisé Dieudonné. Tous deux ont pourtant nazifié Israël et béatifié le Hamas avec autant de modération. Allez comprendre.
Mme Taubira, soudainement prise
d’une crise de sévère répression, est peu crédible
dans son nouveau rôle de mère fouettard des barbus,
elle qui aura caressé la délinquance dans le sens du poil.
La presse, toujours aussi bonne fille, a peu insisté sur le fait, qu’ en parfaite cohérence avec sa politique pénale, M. Coulibaly a vu sa fin de peine aménagée avec un port du bracelet électronique et son ami Chérif Kouachi bénéficier d’un contrôle judiciaire dont l’entrave ne l’a pas empêché d’aller s’entraîner à massacrer au Yémen
Toutes affaires cessantes, la garde des Sceaux préconise des textes plus répressifs contre l’antisémitisme. Je ne suis pas le plus mal placé pour affirmer que si la section presse du parquet de Paris avait été mieux disposée pour sévir contre l’extrême gauche, les islamistes et les rappeurs en utilisant l’arsenal judiciaire existant, l’esprit public n’en aurait pas souffert. Mais il était plus commode apparemment de poursuivre l’extrême droite et les prétendus islamophobes.
À ce sujet, le fait que cette semaine le tribunal administratif de Metz ait autorisé un spectacle de Dieudonné tandis que celui de Paris interdisait une manifestation contre l’islamisme organisée par Riposte Laïque au motif, notamment, qu’elle serait «facteur de division», me laisse à penser que décidément en matière de justice à géométrie variable, comme vient de le dire à Tulle François Hollande: «Tout a changé, mais rien n’a changé».
-Pour m’essayer à faire comprendre cette barbarie, j’oserai le barbarisme d’«islamoccidental».
Car le djihadiste français est l’enfant monstrueux
de l’islam radical et du gauchisme européen.
Tous deux communient dans la même détestation pathologique
de l’homme blanc judéo-chrétien occidental.
Ne pas vouloir comprendre que l’islamo-gauchisme est le nouveau nazisme c’est se condamner à s’y soumettre encore idéologiquement
– Enfin, et peut-être surtout, rares sont ceux qui ont osé mettre en question l’immigration à la française qui aura accouché d’une intégration malformée pour cause précisément de l’influence idéologique de la gauche extrême dans les secteurs de l’éducation, de l’université et de la presse. On aura réussi à faire détester le français caricaturé en franchouillard raciste par une partie des enfants des nouveaux arrivants à qui l’on a fait croire qu’ils étaient ses victimes. C’est trop tard désormais, ne reste plus qu’à les aimer et à les rééduquer.
Reste surtout cette question existentielle, de l’ordre de l’indicible: sans les juifs, la France paraît-il ne sera plus la France. Très bien. Mais dans ce vieux pays judéo-chrétien, si, sous les coups de boutoir d’une immigration incontrôlée qui continue de forcer ses frontières enfoncées, des centaines de milliers de musulmans de plus pénètrent sur son territoire dans les années qui viennent, sans même porter de jugement de valeur: la France sera-t-elle toujours la France?
Gilles-William Goldnadel
FIGAROVOX/CHRONIQUE – Pour Gilles-William Goldnadel, l’éradication du terrorisme islamique passera avant tout par un discours de vérité.
Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est secrétaire national à l’UMP chargé des médias. Il préside par ailleurs l’Association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.
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