Le 6 mai 1945, des soldats de l’armée américaine investissent la maison de Himmler, à Gmund en Allemagne. Ils y découvrent des centaines de lettres personnelles, de journaux intimes et de photos. Le long métrage, The Décent One Heinrich Roch Himmler est basé sur ces documents pour esquisser la biographie, révéler l’état d’esprit, les plans et les secrets du Reichsführer SS, architecte de la Solution Finale: Heinrich Himmler.
Vanessa Lapa la réalisatrice a fouillé dans 700 documents dont 300 lettres appartenant à Heinrich Himmler, et découvrit la correspondance qu’il entretenait avec sa première femme, sa maîtresse et sa fille. Le travail de regroupement des informations se déroula sur 7 ans.
En salle le 14 janvier 2015
Pour en savoir plus, tribunejuive.info a rencontre Vanessa Lapa la réalisatrice pour une interview.
Entretien :
tribunejuive.info : Pourquoi vous êtes vous intéressée à Heinrich Himmler et en faire un long métrage?
Vanessa Lapa : Je n’ai pas fait ce long métrage parce qu’Himmler était un personnage qui m’intéressait particulièrement. C’est l’obtention de la collection et de ses écrits qui a éveillé en moi la curiosité et le défi cinématographique d’en faire un film. Un long métrage, car la richesse des textes m’a permis de raconter son histoire de 1900 a 1945. Himmler n’est que le microcosme d’une histoire plus grande, plus importante.
TJ.Info :Vous essayez de comprendre l’idéologie et les raisons qui ont poussé Heinrich Himmler, ce fils issu de la bonne société, à devenir un monstrueux assassin?
V.L : Je n’essaie pas de comprendre, car je pense qu’il y a des choses qui sont au delà de ce qui est compréhensible. Le Mal de Himmler, la machine d’extermintoaon Nazie est au-delà de la compréhension.
J’essaie de relever des questions qui sont fondamentales à mon avis, de me remettre en question afin de permettre au spectateur d’avoir une réflexion importante et pertinente aujourd’hui.
Ce que j’ai essaye de faire, c’est de donner au public une expérience cinématographique complète, un voyage ou il est actif et non pas uniquement spectateur. Un voyage dans les profondeurs de l’esprit humain afin de reconnaître que même les plus grands criminels nazis étaient des hommes ordinaires, “normaux”. Pas des animaux, pas toujours reconnaissables par leur apparence, pas différents de nous-mêmes à la base : simplement des individus qui ont fait des choix. Un voyage au sein d’une Europe du début du 20ème siècle ou l’antisémitisme culturel était inné. Une réflexion sur la combinaison d’une situation économique, géopolitique, un Führer et un peuple qui ne se révolte pas, peuvent mener a la catastrophe. Une réflexion sur la condition humaine.
Démontrer comment certains choix, à certains moments et dans un certain contexte, peuvent mener à l’effondrement total d’une culture entière.
TJ.Info : Le spectateur découvre des documents, des lettres trouvées chez lui qui vont révéler l’état d’esprit, les plans et les secrets Reichsführer, c’est à un véritable travail documentaire auquel vous vous êtes livrée?
V.L : C’est une recherche et un travail qui a duré 7 ans. La précision historique était le guide central pour l’ensemble du texte, de l’image et du son. Nous avons travaillé et avons été suivis par des historiens et des psychiatres afin de bien comprendre le sens des textes d’Himmler.
Le film est uniquement composé d’images d’archives, pas de reconstitutions. Tous les textes sont authentiques, chaque mot est précisément celui écrit ou prononcé par Himmler, ses parents, sa femme, sa fille, sa maîtresse et ses soldats.
TJ.Info : Nous sommes dans l’année des 70 ans de la déportation, ce film est-il une manière de rendre hommage à tous les déportés et de faire la lumière sur un pan de l’histoire?
V.L : Le film n’a pas été fait par rapport à ces célébrations des 70 ans de la déportation, nous ne savions pas combien de temps serait nécessaire pour faire le film, ni quand il sortirait en salle. Le film est en effet important dans le cadre de cet anniversaire des 70 ans de la Libération des camps
Mais le film est malheureusement, et avant tout important aujourd’hui, en 2015. Le genre Humain n’a pas changé, les situations politiques et les évènements historiques sont de façon effrayante similaires à ceux d’il y a 80 ans. Il faut rester vigilant. Le film éclaire un peu plus ce pan de l’Histoire, pas de façon absolue. La mémoire des déportés reste immuable, quel que soit le temps qui passe.
Propos recueillis par Sylvie Bensaid
Vanessa Lapa a été lauréate du prix du meilleur documentaire en 2014 au Festival de Jérusalem, ainsi qu’à Berlin, Paris, Venise, New York et Los Angele
Une avant-première du film aura lieu le mardi 13 janvier, à 20 heures, au MK2 Beaubourg, en présence de la réalisatrice, Vanessa Lapa
Dates de projection
le mardi 13 janvier:
A 20 heures, avant-première au MK2 Beaubourg, en présence de Vanessa Lapa.
le mercredi 14 janvier:
A 20 heures, au cinéma l’Arlequin, Vanessa Lapa fera une courte présentation de son film (pas de débat).
le jeudi 15 janvier:
-A 16 heures, au Lincoln, présentation du film, et débat avec Vanessa Lapa, à l’issue de la séance.
-A 19h50, au MK2 Beaubourg, Vanessa Lapa fera une présentation de son film (pas de débat).
le vendredi 16 janvier:
A 20h30, au cinéma l’Arlequin, présentation du film, et débat avec Vanessa Lapa (modérateur: Raymond Macherel), à l’issue de la séance du film.
Poster un Commentaire