Le Point : Pensez-vous que les événements tragiques que nous venons de vivre vont profiter, in fine, au Front national ?
Malek Boutih : Je ne crois pas à l’automaticité de la montée du FN. Au contraire, le drame que nous venons de vivre vient complètement perturber sa conquête politique. Elle avait son plan. Et, en quelques heures, elle a dû décider si elle se joignait à la marche républicaine ou pas. Première erreur : elle a refusé de défiler à Paris. C’est qu’elle n’a pas compris ce qui se passait. Elle n’a pas mesuré le sursaut républicain, ce besoin d’être ensemble et de se parler. Marine Le Pen a commis une erreur stratégique à un moment où les Français sont attentifs à la moindre fausse note politique. Sa faute est lourde, car elle survient à un moment historique. Par son attitude, elle a démontré qu’elle n’avait pas encore la dimension de son ambition. Et elle commet une deuxième faute en préférant défiler en province, brouillant ainsi son message initial… Hollande n’est pas tombé dans le piège de la division. Il l’a reçue à l’Élysée. Elle va ramer maintenant…
Comment les musulmans de France peuvent-ils désormais prendre leur part au sursaut républicain ?
Plus rien ne sera comme avant pour les musulmans de France. Le moment de la clarification est puissant. On a un problème de ghetto, on a un problème avec l’antisémitisme et on a un problème avec l’application des règles laïques. Quand, dans certaines municipalités, on propose des horaires aménagés pour les femmes à la piscine, c’est déjà un problème. Ça n’est plus acceptable. Quand les parents refusent que leur fille porte un short pour aller au cours de gym, c’est un problème. Un débat politique majeur va s’ouvrir sur toutes ces questions. L’esprit des Français est disponible à une offre politique nouvelle, à nous d’être à la hauteur. Et si la classe politique actuelle n’apporte pas les réponses, c’est le FN qui le fera.
Pensez-vous qu’il faille rehausser notre niveau de sécurité, comme le préconisent Manuel Valls, Bernard Cazeneuve ou encore de nombreux élus de l’opposition ?
Le problème ne vient pas de nos services de sécurité. Nos services fonctionnent très bien. Et ils l’ont démontré. La défaillance est politique. Nous avons raté trois occasions dans notre histoire récente de dépasser les problèmes d’intégration qui nous rongent. La première fois, en 1998, après la Coupe du monde. On s’est fait trois bisous et puis, juste après, il ne s’est rien passé. Les joueurs de l’équipe de France « black blanc beur » sont devenus des produits commerciaux. La deuxième occasion, ce fut le 21 avril 2002. On a défilé dans la rue contre le FN et pour la République et, 48 heures après l’élection de Jacques Chirac, chacun, à droite comme à gauche, a repris ses petites affaires. Enfin, il y a eu les émeutes de 2005 dans les cités. Trois semaines d’émeutes tous les soirs. Et ensuite ? Retour à la case départ. Les élus locaux corrompus ont pactisé avec les voyous, les salafistes et les communautés pour avoir la paix.
Justement, qui a fait le lit du communautarisme ?
Je vais être très clair. Au sein du PS, je serai désormais sans concession avec les élus corrompus qui passent des deals avec les voyous et les communautés par électoralisme. Il faut qu’on fasse le ménage dans nos rangs. Nous ne pouvons plus laisser prospérer les supermarchés de la drogue dans nos cités dont on voit qu’ils entretiennent des filières où gangsters et islamo-nazis se donnent la main. C’est vrai dans les villes de gauche comme dans les villes de droite ou dans les villes UDI qui pactisent avec les dieudonnistes comme en Ile-de-France. Cette affaire traverse tous les partis. Je ne vais pas être gentil au PS. Il faut que chacun nettoie devant sa porte.
Que pensez-vous de l’attitude de Nicolas Sarkozy depuis le début de cette crise ?
Nicolas Sarkozy a bien géré la situation. Le PS va avoir du mal à dire que c’est un fasciste. Je constate un autre retournement : en trois jours, les élus, les policiers, l’État, les impôts qui paient tout ça, là, plus personne ne conteste leur légitimité. Tout cela devient respectable. Il était temps.
http://www.lepoint.fr/politique/emmanuel-berretta/malek-boutih-des-elus-locaux-corrompus-ont-pactise-avec-les-gangsters-et-les-islamo-nazis-13-01-2015-1896131_1897.php#xtor=CS2-239
Poster un Commentaire