Le président du Conseil central des Juifs d’Allemagne a vigoureusement critiqué les manifestations organisées récemment par le groupe Pegida « contre l’islamisation du pays », dans une interview, samedi, au quotidien Die Welt.
« Ici se mélangent néo-nazis, partis tout à fait à l’extrême droite et citoyens qui affirment pouvoir enfin s’épanouir dans leur racisme et leur haine de l’étranger », a estimé Josef Schuster qui a été élu fin novembre à la tête du Conseil.
« Il ne faut en aucun cas sous-estimer ces gens de Pegida, le mouvement est aussi m
enaçant qu’un incendie », a jugé M. Schuster, estimant que ce groupe « Européens patriotes contre l’islamisation du pays » instrumentalise le terrorisme islamique pour « dénigrer toute une religion ». « C’est totalement inacceptable », a-t-il affirmé.
« S’appuyer sur quelques islamistes pour affirmer que l’Allemagne est menacée par l’établissement d’une théocratie islamiste est tout aussi absurde que de déduire de l’existence de quelques extrémistes de droite un retour demain de la dictature national-socialiste », a-t-il souligné.
« PEGIDA » CONTRE L’ISLAMISATION
Lundi, quelque 15.000 personnes ont manifesté à Dresde (est de l’Allemagne) contre « l’islamisation » du pays. Désormais très médiatisées, les manifestations de « Pegida » ont essaimé dans une demi douzaine de villes d’Allemagne qui est devenue depuis peu la principale destination d’immigration en Europe, notamment pour les réfugiés (180.000 en 2014, +57% par rapport à la même période en 2013).
Dans une interview à la radio allemande Deutsche Welle, le président de l’Eglise protestante en Allemagne (EKD), Heinrich Bedform-Strohm, avait appelé vendredi à « dire un Non clair » aux attaques contre la religion, les demandeurs d’asile et les réfugiés même s’il se refusait à classer les manifestants dans les rangs des néo-nazis.
De son côté, le chef des évêques catholiques d’Allemagne, Reinhard Marx, avait invité les fidèles à exercer leur conscience politique, sans pour autant condamner les manifestations. « Chacun doit réfléchir derrière quelles banderoles il choisit de défiler », a-t-il affirmé, prenant le contre-pied de l’archevêque de Bamberg (sud), Ludwig Schick, qui avait auparavant estimé que « les chrétiens ne pouvaient pas participer à Pegida ».
AFP
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