Nous sommes tous des “sales Juifs”, “des sales Français” et “des faces de craie” Par Benoît Rayski

L’abjecte agression anti-juive de Créteil suscite à juste titre écœurement et indignation. Elle est le signe d’une effrayante montée de la haine. Mais cette haine ne vise pas que les Juifs.
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Après ce qui vient de se passer dans cette ville du Val de Marne, le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) réclame un renforcement des mesures policières et judiciaires afin de protéger les Juifs. C’est en apparence assez logique. En apparence seulement. Car c’est une voie aussi dangereuse que le danger qu’elle entend combattre.

Êtes-vous déjà passé devant une synagogue ? Il y a des barrières destinées à empêcher les voitures de se garer, des policiers, des vigiles, de lourdes portes blindées. Avez-vous déjà vu une école juive ?

Les mêmes barrières, les mêmes policiers, vigiles et portes blindées.
Ainsi les Juifs ont, d’une certaine façon, été en partie retranchés de la vie normale du reste de la population française. – Veut-on mettre un policier devant chaqueut-on mettre magasin casher ? Un policier devant chaque homme en kippa ? Ce serait accorder la victoire aux voyous shootés à la haine anti-juive. Juif est – qu’on me pardonne l’expression – un métier à risque. Et il faut, la tête haute, en accepter les risques.
Si il faut mettre des barrières et des policiers ce n’est pas là. Tout le monde sait d’où viennent les voyous, les violeurs et les assassins . C’est là-bas qu’il faut des barrières et des policiers. Oui, là-bas ! C’est impossible, irréalisable ? Peut-être. Mais il faut essayer. Pour que la peur change de camp. Et pas seulement pour rassurer les Juifs.
Les porteurs de haine, même si ils ont une prédilection pour les Juifs, haïssent les « sales Français » et les « faces de craie ». Ils haïssent tout ce qui n’est pas eux. Y compris ceux dont ils partagent l’origine, quand ils contreviennent à la loi qu’ils font régner dans les cités. Oui, un Arabe et un Noir peuvent être des « sales Français » ou des « faces de craie ». Et pour eux, les traîtres, c’est double peine.
Vous vous souvenez de Mohammed, un jeune imprimeur, qui circulait sur l’A13 ? Après un accrochage avec une voiture de « jeunes » il a voulu faire un constat. « Tu vas pas faire ton Français ! » lui a t-on hurlé et il a été lynché à mort. Un « sale Arabe » ? Non « un sale Français ! » Vous avez entendu parler de Mamadou, un élève noir ? Lors d’une manifestation lycéenne il a été tabassé et dépouillé par des bandes, noires comme lui, venues du 93. « Suceur de blancs, face de craie! » Pensez donc, il allait à l’école…
Vous connaissez Fathia, une petite Arabe surdouée ? Elle était première en classe. C’est pourquoi pendant des semaines elle a été houspillée par des congénères de la même origine qu’elle. « Eh toi, l’Arabe blonde ! ». Fathia a fait une dépression. Elle est maintenant dans un lycée catholique. Et la jeune fille violée à Évry parce que « toutes les Françaises sont des putes ».
Bien sûr, rien de tout cela ne pourra consoler la fille violée à Créteil, parce que juive, et pour laquelle il faut espérer que beaucoup de tendresse et d’amour lui permettront d’oublier ce qu’une ordure (dois-je écrire « un jeune » ?) lui a fait. Il n’empêche. Les Juifs peuvent comprendre que la haine dont ils sont l’objet doit les rapprocher des autres. Il faut accepter le cumul : on peut en même temps être un « sale Juif », « un « sale Français » et une « face de craie ».
Par Benoît Rayski
auteurpresse15
 
 
 
 

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