L’UNRWA tombe le masque, par Kathie Kriegel

Le torchon brûle entre l’UNRWA et le Jérusalem Post. Chris Gunness, porte-parole assermenté des Nations-Unies appelle au boycott du journal israélien le Jérusalem Post et viole ainsi allègrement l’accord de neutralité du Département d’État.
Toute vérité n’est pas bonne à entendre surtout quand elle met le doigt là dans le mille. En tout cas, il aura suffi de voir la réaction de l’émissaire des Nations Unis Chris Gunness à des propos qui le contrarient, pour découvrir sous le costume de sa fonction son inféodation au narratif palestinien et son allégeance à ses promoteurs. Dans une étonnante violation de neutralité, Chris Gunness, un porte-parole assermenté des Nations Unies, a donc appelé au boycott du Jérusalem Post sur les médias sociaux et pris à parti son rédacteur en chef Steve Linde.
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Une empathie à lacrymalité variable

On se souvient du grand numéro télévisuel de Chris Gunness au cours de l’opération « Bordure Protectrice », qui avait fait un tour du monde cathodique très remarqué, surtout dans les pays musulmans, où en évoquant les victimes de Gaza, il s’était effondré en pleurs à l’image, traumatisé par « les souffrances des victimes des bombardements aveugles de l’aviation israélienne.
photo2A notre connaissance, ce monsieur ne s’effondre pas à l’évocation d’autres victimes puisqu’il les ignore, entièrement dévoué aux seules victimes palestiniennes et en faisant de façon théâtrale la promotion à l’antenne comme dans une émission de téléréalité, à moins que ce ne fut en raison d’une dépression nerveuse que le fonctionnaire onusien se soit effondré. Evidemment les Turcs en avaient fait leurs choux gras.
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L’UNWRA, en anglais : United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East, en français, Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient, est au centre de ce scandale.
Ce fonctionnaire des Nations Unis qui travaille donc à Gaza pour l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés arabes palestiniens, a rédigé le message suivant sur son compte Twitter UNRWA:
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« Boycottez le Jérusalem Post, ne lisez pas leurs mensonges »

« Boycottez le Jérusalem Post » peut-on lire en toute lettre. Ce qui n’a pas empêché le porte-parole de l’ONU de déclarer : « Nous avons contacté Chris Gunness, qui nous a certifié que dans ses tweets, il n’appelait pas à un boycott contre un média (déni quand tu nous tiens !) mais qu’il ne faisait qu’exprimer ses objections quant à la teneur d’un article que nous trouvons tous problématique.  »
Toujours est-il que Gunness, peut-être victime d’une bouffée de paranoïa, a perdu son sang-froid après avoir lu le texte d’un arabe Palestinien publié dans le Jérusalem Post dans la rubrique «Opinion», lequel appelle les palestiniens à prendre leur destin en main et à se libérer de la tutelle de l’UNWRA qu’il accuse de prolonger la souffrance de son peuple pour justifier son existence et remplir son tiroir-caisse.

Un pavé dans la mare onusienne

Eid a critiqué l’UNRWA en ces termes : « Le fonctionnement de l’UNRWA et sa survie, dépend du profit que fait cette instance de la mort et de la souffrance de cinq millions de Palestiniens qui continuent à se vautrer, dans et autour de cette officine de l’UNRWA. »
Bassem Eid, l’auteur de ce texte, est fondateur et directeur d’une instance de veille des Droits de l’Homme Palestinien basée à Jérusalem.

Bassem Eid
Bassem Eid

« Plus les Palestiniens souffrent, plus la puissance de l’UNRWA augmente, car elle lui permet de lever des fonds humanitaires dont la destination n’est pas vérifiée et sert à acheter des armes. Les gens demandent: pourquoi ne pas abolir l’UNRWA? Eh bien, cela ne peut être fait. Le seul organisme qui peut abolir l’UNRWA, c’est l’Assemblée générale des Nations Unies, qui n’a jamais eu les intérêts du peuple palestinien à cœur. Après tout, l’ONU investit plus de 1,2 milliard de dollars par an pour entretenir notre statut de réfugiés », a écrit Eid.
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Eid a inclus dans son article d’opinion une série de conditions qu’il estime que les pays donateurs des Nations Unies devraient mettre en place afin de réformer l’UNRWA. Ces conditions, selon lui, sont essentielles pour s’assurer que l’UNRWA cessera d’entretenir son peuple dans ce statut de réfugié au lieu d’aider ces «gens qui aspirent à un avenir meilleur », à s’en affranchir. Il est de la responsabilité du peuple arabe palestinien d’exiger ces conditions, de se rebeller contre l’«administration arbitraire de l’UNRWA ».
Ces conditions recommandent aussi un audit de tous les fonds de l’UNRWA, employés à les maintenir dans ce statut de réfugiés permanents, de licencier les employés de l’UNRWA affiliés au Hamas, et d’annuler ce que Eid décrit comme « le programme de guerre de l’UNRWA, fondé sur les principes du djihad, du martyr et du droit au retour par la force des armes. »
Bassem Eid avait déjà été cité dans l’article de Anav Silberman dans le Jerusalem Post : « l’UNRWA a de nombreux employés à Gaza qui appartiennent au Hamas », disait-il. Le Hamas aurait stipulé à l’UNRWA que si l’agence n’acceptait pas ses membres comme employés, l’Officine serait chassée de Gaza. « Pour que l’UNRWA survive, ils ont accepté les conditions [du Hamas] parce qu’ils voulaient poursuivre leurs activités qui consistent à corrompre les Palestiniens …» confiait Eid à la journaliste. Le titre de ce reportage posait une question pertinente : « Les écoles de l’UNWRA incitent-elles au terrorisme contre Israël ? » La journaliste citait des exemples de membres du Hamas qui effectivement cumulaient les casquettes d’enseignant dans les établissements scolaires de l’UNRWA et de terroristes.
En février dernier, Khaled Abu Toameh un autre journaliste free lancer du Jérusalem Post avait déjà dénoncé les pratiques de l’UNWRA en matière d’éducation en ces termes : « le Hamas ne veut pas qu’on enseigne aux enfants palestiniens l’histoire de héros des droits civiques tels que le Mahatma Gandhi, Nelson Mandela, Martin Luther King et Rosa Parks. Car ces personnes se sont opposées à la violence, et donc leur idéologie – selon le Hamas – est en contradiction avec la culture palestinienne et islamique ».

Droit de réponse

Très pédagogue, Steve Linde, le rédacteur en chef du Jérusalem Post, a répondu à Gunness: « Peut-être Gunness ne comprend-il pas la différence qu’il y a entre un article dit d’ « Opinion » et un article d’information. Un article d’opinion – qui est ce qu’a écrit Bassem Eid, est un texte écrit par quelqu’un qui n’est pas un journaliste employé par le journal, quelqu’un qui possède une expertise dans un domaine particulier et qui exprime ses opinions ou ses vues personnelles sur un sujet particulier ».
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Steve Linde lui a rappelé que les articles d’opinion, contrairement à de nombreux articles de presse, ne sont pas destinés à donner la parole à la controverse. Un rédacteur en chef n’a pas à injecter ses commentaires sur le sujet traité et n’a pas vocation à introduire des critiques dans le texte d’un auteur qui exprime son opinion.
Gunness aurait pu tout simplement proposer un droit de réponse à la publication du Jérusalem Post, comme cela se fait couramment en démocratie lorsque les avis divergent. Mais ce n’est pas ce qu’il a choisi de faire. Au lieu de cela, le porte-parole de l’UNRWA a appelé au boycott du journal et a diffamé son rédacteur en chef, en adéquation avec la déontologie du Hamas et le respect de la liberté de la presse tel que pratiqué dans l’enclave. « Peut-être Gunness pense-t-il qu’en voulant censurer le Jerusalem Post, il va se faire aimer des extrémistes palestiniens. Il devrait savoir, cependant, qu’en appelant au boycott du journal, il trahit le principe fondamental de la liberté d’expression et de ce fait, sape les fondements moraux que sa propre organisation – l’UNRWA – est censée honorer », a déclaré la direction du journal.

Gunness s’enfonce

Gunness s’est alors enfoncé encore plus bas que terre en publiant à plusieurs reprises ce qu’il prétendait être une photo d’un journaliste du Jérusalem Post. Sur la photo on y voit un homme vêtu d’un t-shirt avec un fusil en bandoulière qui se tient devant une affiche sur laquelle on lit : « Kahane avait raison ».

Meir Kahane

Meir Kahane, assassiné à Manhattan en 1990, était un rabbin et un homme politique israélo-américain, prônant une ligne nationaliste favorable au Grand Israël et au transfert de tous les Palestiniens des territoires disputés, y compris les Arabes vivant en Israël, hors du pays.
Or, sur la photo qu’il postait, il ne s’agissait nullement d’un journaliste du Jérusalem Post qui posait devant le célèbre portrait et l’accusation était purement diffamatoire et mensongère. Mais à l’UNRWA le mensonge ne semble pas poser problème ni la falsification des faits dès lors qu’ils sont au service d’une propagande. Sur ladite photo figurait en fait un anti-sioniste notoire de nationalité israélienne, militant des droits arabes, Didi Remez et elle était tirée de son blog.
L’activiste israélien pro-palestinien Didi Remez

Gunness semblait croire que la diffusion de ce cliché suffirait à prouver que son attaque de Steve Linde et du Jerusalem Post était justifiée. Gunness soutient et protège le Hamas, une organisation terroriste active, mais apparemment cela ne semble pas lui poser problème.
Alors à quand des sanctions de sa hiérarchie condamnant ses agissements ?
Par ailleurs rappeler Kahane tombe à point nommé. En effet, Lieberman brigue le poste de Premier ministre israélien avec dans sa manche un plan de paix audacieux que Kahane n’aurait pas désavoué. Ce plan comprend des concessions radicales, la création d’un Etat palestinien avec certains quartiers de Jérusalem-Est situés en contrebas de la ville et un échange territorial des régions israélo-arabes densément peuplées situées en Israël contre les principales implantations. Pour satisfaire à la demande territoriale palestinienne (« un territoire de la taille de la Cisjordanie d’avant 1967″), Lieberman propose un échange territorial doublé d’un transfert de population. Israël cèderait des territoires comme Wadi Ara et ceux du Triangle du nord d’Israël, peuplés de centaines de milliers d’Arabes israéliens qui deviendraient citoyens de l’Etat palestinien. En échange de ces terres (de grande qualité), Israël pourrait annexer la plupart des blocs d’implantation.
Dans une interview à Al Monitor Lieberman s’en est expliqué : « A une certaine époque, nous avons demandé aux Juifs du monde entier de venir ici, en Israël. Nous leur avons dit que toute personne qui s’identifie avec les idées du sionisme et se sent lui-même un Juif est le bienvenu. Maintenant ce que je propose, c’est la même chose pour les Palestiniens. Tous ceux qui s’identifient aux idées palestiniennes et se sentent palestiniens sont invités à s’installer dans leur futur Etat Palestinien lorsqu’il sera créé. Qu’est-ce qui est si terrible à cela ? Ils se battent de toutes leurs forces pour obtenir la création de cet Etat, et ne voudraient pas en profiter après ? Donc, toute personne qui décide de s’y installer obtiendra notre aide (économique)… Après tout, une partie des Arabes israéliens se revendiquent ouvertement et fièrement comme Palestiniens et ne s’identifient pas à l’Etat d’Israël dont ils ont la nationalité. Alors nous allons les aider à être des Palestiniens et le leur permettre sans contrainte et de façon éclairée. J’ai l’intention de promouvoir ce plan de toutes mes forces et si je suis élu à la fonction de Premier ministre, je prendrai des mesures pour le mettre en œuvre.
L’idée fait son chemin puisque Lieberman doit prochainement présenter son « plan de paix » dans les chancelleries occidentales et arabes. Peut-être Chris Gunness aura-t-il bientôt une nouvelle occasion de poster la photo « Kahane avait raison » sur sa page Facebook. Qui sait !
Kathie Kriegel
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Opinion de Bassem Eid parue dans le Jerusalem Post (anglais)
http://www.jpost.com/Opinion/Proud-Palestinians-must-lead-the-fight-to-reform-UNRWA-383366
Article de KAthie Kriegel Jerusalem Post édition française
http://www.jpost.com/Edition-fran%C3%A7aise/Israel/Vers-une-3e-intifada-380153
Article de Anav Silberman dans le Jerusalem Post
http://www.jpost.com/Opinion/Op-Ed-Contributors/Do-UNRWA-schools-encourage-terror-against-Israel
 

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