"Les Héritiers", un film d'utilité publique

À travers l’histoire d’une classe de seconde en plein échec scolaire, nous est présentée la réaction et l’intérêt d’élèves d’origines diverses, face à l’histoire de la Shoah et au devoir de mémoire.

Lycée Léon Blum de Créteil. À un tournant critique de sa vie, une professeure d’Histoire décide d’intéresser ses élèves de sa classe de seconde la plus faible et la plus difficile, à l’histoire et leur faire passer le Concours national de la résistance et de la déportation. L’enseignante parvient à tirer les lycéens d’origines diverses, vers le haut, malgré le scepticisme de ses collègues quant à cette étonnante initiative..
Un jour, Marie-Castille Mention-Shaar reçoit un mail de la part d’Ahmed Dramé, un lycéen, qui a vécu cette histoire en 2009, et lui demande de parcourir son scénario. La réalisatrice de Ma première fois, qui “lit tout ce qu’on lui envoie” est enthousiasmée par ce synopsis et décide d’en faire un long métrage. Ahmed Dramé est co-scénariste et acteur des Héritiers. A 21 ans, il est nominé dans la catégorie Révélations César 2015.
Pour tenir le rôle d’Anne Gueguen le professeur d’histoire qui tient tête à cette classe turbulente, il fallait une actrice capable d’être charismatique à l’écran, montrer une certaine autorité tout en restant attachante. Ariane Ascaride est parfaite dans ce rôle qu’elle embrasse à merveille. Elle nous offre la une très belle performance.

Pour Ariane Ascaride ce film est un véritable antidote au climat actuel une histoire vraie qui fonctionne sur deux thèmes, celui d’un professeur qui croit en ses élèves et celui de la Shoah et du devoir de mémoire qui n’est pas dans la mémoire des élèves. Elle fait son concours pour que ces jeunes dissipes commencent à se parler et a faire quelque chose ensemble. quelles que soient leurs différences, leurs origines, leurs confessions ou leurs idées, Ils s’emparent du film. La découverte de la souffrance et du calvaire des enfants juifs et tziganes va transformer tous les lycéens. La réalisatrice rend hommage à la jeunesse d’aujourd’hui.
Un des moments forts du film est l’intervention d’un rescapé des camps, Léon Zygel, qui vient témoigner a 85 ans. Il arrive et donne de l’énergie à la classe. Son témoignage est bouleversant.
Tribune juive a rencontré Anne Anglès, la professeur qui a inspiré Les Héritiers. C’est un projet éducatif défendu avec conviction. Ce film redonne les vraies valeurs au métier d’enseignant. Si l’on baisse les bras c’est la porte ouverte à l’obscurantisme. Les lycéens ont la volonté de s’en sortir. Il faut croire en eux. Le courage et le travail permettent d’accéder à la réussite. Tous ces élèves ont eu leur bac et quelques uns avec mention.

Les Héritiers est un film d’utilité publique
Face au devoir de mémoire, il nous fait réfléchir sur les clivages sociétaux et religieux.
Une film puissant et bouleversant.
Tiré du livre Nous sommes tous des exceptions, d’Ahmed Dramé, Fayard, 15 euros.
En salle depuis le 3 décembre.
Sylvie Bensaid