Benjamin Netanyahu a limogé mardi deux ministres centristes jugés trop critiques et a appelé à des législatives anticipées qui pourraient amener un gouvernement plus à droite.
Mercredi, la Knesset commencera à examiner un projet de loi de dissolution. La procédure pourrait s’achever le jour même ou lundi, selon la radio publique.
Dès mardi soir,Netanyahu a précipité la crise en limogeant les deux principaux frondeurs de son gouvernement, le ministre des Finances Yaïr Lapid, figure du centre-droit et champion de la classe moyenne, et la ministre de la Justice Tzipi Livni, qui incarne le centre-gauche.
« Au cours des dernières semaines, M. Lapid et Mme Livni ont rudement attaqué le gouvernement que je dirige (…). Je ne tolèrerai aucune opposition au sein de mon gouvernement », a déclaré dans un communiqué le Premier ministre
Si M. Netanyahu est décidé à aller vers de nouvelles élections en mars ou avril 2015, c’est que les sondages semblent assurer à celui qui a déjà été trois fois Premier ministre de se succéder à lui-même.
Il pourrait même, selon les experts, se ménager une coalition gouvernementale moins turbulente que l’actuelle, en s’élargissant à sa droite, du côté des ultra-nationalistes et des formations religieuses.
« Les partis de droite ont la majorité selon les sondages, ce qui signifie qu’il y a de grandes chances que M. Netanyahu conserve son poste », estime le politologue Abraham Diskin.
Si Netanyahu cherche à avoir les coudées franches, c’est parce que son gouvernement se déchire depuis plusieurs semaines, notamment sur son projet de loi controversé visant à renforcer le caractère « juif » de l’Etat.
GUERRE DES CHEFS
Une fois la dissolution votée, la composition du gouvernement ne peut plus être modifiée et M. Netanyahu se ménage ainsi un cabinet moins turbulent pour gérer les affaires courantes jusqu’aux élections anticipées qui pourraient avoir lieu en mars ou avril 2015.
Pour les médias, une véritable « guerre des chefs » se jouait au gouvernement entre MM. Netanyahu et Lapid, chef de Yesh Atid, formation de centre-droit devenue le premier parti avec 19 députés depuis que le Likoud (18 députés) s’est séparé d’Israël Beiteinou (13 députés), la formation du chef de la diplomatie Avigdor Lieberman.
Lundi soir, M. Netanyahu avait présenté à M. Lapid cinq exigences pour sauver le gouvernement, parmi lesquelles le retrait de son projet de suppression de la TVA sur les achats immobiliers, la fin des critiques sur la colonisation israélienne à Jérusalem-Est , qui suscitent des levées de boucliers à l’étranger, et le soutien au projet de loi sur l’Etat « juif ».
M. Lapid a rejeté cet ultimatum et accusé M. Netanyahu « d’irresponsabilité » en poussant « à des élections superflues ».
Le Likoud est pour le moment crédité de 23 sièges. En chute par rapport à juillet où, en pleine guerre de Gaza, les sondages lui allouaient 31 sièges.
Pour former une majorité, M. Netanyahu a d’ores et déjà contacté les partis ultra-orthodoxes, relégués dans l’opposition alors qu’il les considère comme des « alliés naturels du Likoud », selon les médias.
BENNETT ET KAHLON
Le Foyer Juif, le parti nationaliste religieux et fervent partisan de la colonisation du ministre de l’Economie Naftali Bennett (12 députés), est présenté comme la formation qui devrait connaître la plus forte progression aux prochaines législatives.
De même, le très populaire Moshé Kahlon, ancien ministre du Likoud, a créé un parti centriste qui concurrence Yesh Atid sur le créneau de la défense de la classe moyenne. Il pourrait remporter neufs sièges, au détriment du parti de M. Lapid.
L’incertitude politique a fait plonger mardi le shekel à son niveau le plus bas depuis plus de deux ans.
Jonah Mandel pour AFP
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