Entretien avec Roger Cukierman le Président du crif au lendemain de l’attentant contre la synagogue Nar Hof a Jérusalem qui a fait 5 morts.
Que pensez vous des derniers événements sanguinaires en Israël ?
Le massacre commis par des terroristes la semaine dernière dans une synagogue à Jérusalem a endeuillé Israël. La recrudescence d’actes de terrorisme sous couvert de fanatisme religieux est un vrai sujet d’inquiétude.
On tue de sang froid des fidèles en train de prier dans une synagogue. On est atterré par les horreurs on assiste à des événements barbares d’une époque moyenâgeuse.
Alors que des satellites Vont sur la lune et les comètes, nous avons des gens qui, a coup de hache, décapitent d’autres hommes.
Une délégation du bureau exécutif du crif est en Israël depuis dimanche en Israël, elle va rencontrer les responsables politiques, des membres de la Société civile et les assurer de notre soutien.
Nous nous rendrons également à la synagogue qui a été touchée par l’attentat et rencontrerons les fidèles. Nous assisterons à la soirée du Congrès juif Mondial.
Que pensez vous du vote qui sera débattu à l’Assemblée Nationale, le 28 novembre à l’initiative d’ une minorité de parlementaires du groupe socialiste appelant à reconnaître unilatéralement l’état palestinien?
Une erreur politique et diplomatique, la présence du Hamas dans le gouvernement palestinien de Mahmoud Abbas qui a salué le massacre dans la synagogue disqualifie les initiatives de reconnaissance unilatérale en dehors de tout processus de paix de l’État Palestinien.
Cette résolution risque d’importer le conflit israélo palestinien en France d’engendrer de nouvelles tensions et des violences sur le terrain, ce qui n’est pas de nature à favoriser l’avènement de la paix entre Israël et les palestiniens, elle risque ou au pire contribue à jeter de l’huile sur le feu et l’on pourrait assister à un regain de violence en France tel que celui que l’on a connu cet été.
Si elle était votée et portée par le gouvernement, cette reconnaissance unilatérale contraire à tous les accords internationaux pourtant garantis par la France et l’Europe, remettrait en cause la position et la vocation d’arbitre de la France entre israéliens et palestiniens.
A la Vème convention du crif, lors de la conférence plénière du matin , dans un moment très fort, Dominique Reynié a présenté les résultats de l’enquête sur l’antisémitisme en France réalisée par Fondapol, suivi d’un débat avec Alain Finkielkraut. Qu’en est il ressorti de ces résultats ?
De toutes les catégories de répondants, ce sont les proches du Front National (39%), les électeurs de Marine Le Pen (37%) qui estiment le plus qu’un Français juif n’est pas aussi français qu’un autre Français, contre 16% en moyenne. Un électeur du Front National sur deux pense que les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de l’économie (50%) et dans le domaine des médias (51%). 49% des électeurs du FN ne voudraient pas d’un président de la république juif alors que dans la moyenne nationale 20% des électeurs ne le souhaitent pas.
Chez les musulmans les préjugés sur le pouvoir économique des juifs sont de 40% alors qu’il sont 70% chez les très pratiquants, à penser que le pouvoir économique est détenu par les juifs.alors que dans la moyenne nationale 25% le pensent.
Quelles mesures prendre pour faire face à la montée de l’antisémitisme alors que plusieurs tentatives n’ont pas réussi à enrayer ce fléau ?
Un nouvel acteur le web, fait de réseaux sociaux, de forums de discussion et de partage de vidéo offre aux antisémites la possibilité de diffuser à travers le monde des messages dévastateurs.
Il est donc temps d’agir. Une action Collective du pouvoir politique mais aussi de la société civile visant à rapprocher les différentes communautés pour mieux vivre ensemble dans la reconnaissance et la compréhension, devrait être mise en place.
Il est vrai que par rapport aux années trente, il y a une grande différence. l’unanimité du gouvernement, ne laisse aucun doute sur l’absence d’antisémitisme car ses positions ont toujours été à cet égard d’une réelle intransigeance.
Des réformes profondes doivent être mises en place. il faut inculquer très tôt aux enfants des la maternelle le vivre ensemble. Des actions de sensibilisation et de prévention doivent être appliquées dans les écoles, les associations, les quartiers.
Sylvie Bensaid
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