Israël maintient sa menace d'attaque contre l'Iran

Israël maintient sa menace d’attaque contre l’Iran en cas de « mauvais accord » sur le nucléaire iranien mais les experts y voient surtout un moyen d’influer sur les négociations en cours à Vienne et jugent peu probable un passage à l’acte.

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Des inspecteurs de l’AIEA et des techniciens iraniens à la centrale nucléaire de Natanz, le 20 janvier 2014
(Crédit : Irna/AFP/Archives Kazem Ghane)

Alors qu’il ne reste plus que quelques dizaines d’heures de discussions avant la date butoir de lundi, le ministre israélien du Renseignement Youval Steinitz a une nouvelle fois tenté de faire pression sur le groupe « 5+1 » (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), qui veulent s’assurer du caractère strictement pacifique du programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions internationales contre Téhéran.

Ce proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu a averti qu’en cas d’un accord qui laisserait à l’Iran la possibilité de se doter en quelques mois de la bombe atomique, nous « préserveront toutes les options et tous nos droits de faire ce que nous jugeons bon pour défendre Israël », une allusion claire à une possible action militaire pour un pays qui se considère comme la première cible potentielle d’un Iran doté de l’arme nucléaire.

RÉSERVE BUDGÉTAIRE DE

10 MILLIARDS DE $

Pour tenter de donner du poids à cette menace, une « fuite » aux médias israéliens révélait en mars que M. Netanyahu et son ministre de la défense Moshé Yaalon avaient ordonné à l’armée de constituer une réserve budgétaire de 10 milliards de shekels (près de 3 milliards de dollars) pour préparer une possible offensive contre les installations nucléaires iraniennes.
En public, M. Yaalon avait même émis des critiques contre le grand allié américain. « Les États-Unis ont commencé des négociations avec les Iraniens, mais malheureusement dans ce qui est devenu un bazar persan, les Iraniens sont les meilleurs », avait-il déploré.
L’armée israélienne a mis les bouchées doubles pour la mise au point d’une nouvelle version du Hetz (la flèche en hébreu), système d’interception de missiles balistiques que l’Iran pourrait tirer en représailles à une attaque israélienne.

ISRAËL

NE VEUT PAS LA GUERRE-

Mais pour Ephraim Kam, de l’Institut des études pour la sécurité nationale, il n’y a pratiquement aucune chance qu’Israël passe à l’offensive. « Les Américains ne parlent plus d’option militaire depuis un an. Si les négociations sont prolongées -ce qui a de fortes chances de se produire- Israël ne pourra se permettre de passer seul à l’action alors que les Américains continuent à discuter avec les Iraniens ».
« Israël dispose des capacités de retarder de plusieurs années le programme nucléaire iranien, mais pas de le réduire à néant », poursuit-il.
Ephraim Asculai, spécialiste des questions nucléaires dans le même institut, estime qu’Israël « a tout intérêt à jouer la carte diplomatique pour que les sanctions internationales imposées à l’Iran ne soient pas levées ». « En cas d’accord, Israël ne pourra attaquer un pays qui vient de s’entendre avec les Etats-Unis », dit-il.

SABOTAGES ET ASSASSINATS

Pour Emily Landau, chef d’un projet sur le contrôle des armements, les menaces israéliennes visent un autre objectif. « Israël ne veut pas la guerre. En brandissant la menace d’une intervention militaire, Israël mise sur l’effet de dissuasion. Cela a marché auprès des Européens, qui par crainte d’une guerre dans le Golfe, ont imposé un embargo sur leurs achats de brut iranien ».
Mais, selon elle, un « bon accord n’est pas possible car il n’inclura pas les missiles balistiques iraniens qui pourraient être dotés de têtes nucléaires ».
Sur la même longueur d’onde, Ephraim Halevy, ex patron des services de renseignements israéliens qui, selon des experts, mène depuis des années une campagne clandestine de sabotage et d’assassinats de savants atomistes iraniens, « Israël dispose des moyens de provoquer de gros dégâts en Iran ».
« Mais la véritable option militaire relève avant tout des États-Unis avec leurs troupes, leur marine et leur aviation déployées dans le Golfe. L’idéal pour Israël comme pour les États-Unis serait de gagner la partie en montrant sa force sans avoir à s’en servir », ajoute cet ancien maître espion.
AFP
 

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