Quand le soleil est au zénith, il fait très chaud sur la plage et il faut s’abriter.Il n’y a pas de parasols mais en tenant une ombrelle on peut éviter un coup de soleil.
Il n’y a pas de relax, sommier en bois et matelas en mousse mais il y a des chaises longues : toiles tendues sur cadres de bois. On s’y assoit avec beaucoup de précautions, ces engins semblant être programmés pour se mettre à l’horizontale et vous pincer les doigts. Les baigneuses ne sont pas en strings ni même en deux pièces. De grands maillots pudiques dissimulent leurs avantages. Les hommes, les garçons sont en maillots de bains qui partent de la taille et couvrent les cuisses jusqu’aux genoux. Pas de chevelures au vent, pas de crânes rasés, des coiffures nettes et ramassées comme celle de Wallis Simpson.
La mer roule ses vagues, les fracasse et les retire. il n’y a pas de digues et les maître nageurs surveillent et hurlent après les imprudents.
C’est la plage à Tel Aviv, la Colline du Printemps, une petite ville au nord de Jaffa que l’on vient de commencer à édifier sur une grande dune de sable. On est dans les années 30, crise mondiale et montée des périls.
Les juifs construisent, “colonisent” dirait-on aujourd’hui : des villas, des immeubles, un cinéma , un hôpital. Ils tracent des avenues au milieu de marécages et dessinent des ronds points, installent des fontaines et des jets d’eau. L’architecture est toute entière inspirée du style autrichien Bauhaus : ni colonnes ni pilastres, des arrondis et des lignes de coupe. Les murs et les façades sont d’un blanc immaculé et la ville devient ” the White city”.Elle est inscrite maintenant à l’UNESCO et fait partie du patrimoine de l’humanité.
Dans ces photos d’époque, on voit très peu de voitures parce qu’il y en avait très peu et il n’y avait pas de pollution.
On baptise les rues :’ KIng George, Allenby et puis Ben Yehuda qui a inventé l’hébreu moderne, Meir Dizingoff, le maire bâtisseur, Shlomo Amelekh et Esther Amalka sortis de la Bible, Tchernihowsky, Bialik, Yehuda Halevy ( les poétes ) , Jean Jaurès , Émile Zola et Rothschild …
La rue Pinsker va de Dizingoff jusqu’à la mer en coupant Ben Yehuda. C’est une rue de traverse, bien utile. Dans les années 30, elle était très animée et très fréquentée . Il y avait le grand café Noga où tout le monde se rencontrait du café du matin jusque tard dans la nuit : déjeuners, dîners, glaces et gâteaux, bière et limonade.Les gens ne vivaient pas cloîtrés chez eux mais se fréquentaient et se rencontraient plusieurs fois par jour.
C’étaient des étrangers qui étaient devenus des amis et qui rêvaient de fraternité .
On voit cette ville qui se développe et on pense au courage, à l’obstination de cette génération d’hommes, nos aïeuls qui ont arraché au sable,aux cailloux, aux rochers, une plage, une promenade, des endroits pour vivre et qui ont laissé à leurs enfants, à nous , une ville construite par des optimistes pour accueillir ceux qui veulent vivre avec la joie au cœur.
André Mamou
Les photos
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