L’UMP s’oppose à la volonté de la gauche de faire voter la reconnaissance de l’État palestinien par l’Assemblée nationale, alors que le PS la juge d’autant plus nécessaire dans un contexte alourdi par le dernier attentat à Jérusalem.
“A ce stade, nous sommes plutôt pour ne pas participer au vote” prévu le 28 novembre, a déclaré mardi le chef de file du groupe UMP Christian Jacob, dont le groupe pourrait se diviser sur le sujet.
La proposition, qui “invite le gouvernement français à reconnaître l’État de Palestine en vue d’obtenir un règlement définitif du conflit”, est actuellement soumise à la signature des députés PS qui devraient la soutenir à une grande majorité et elle sera déposée mercredi par le président du groupe Bruno Le Roux.
Elle sera débattue le vendredi 28 novembre. M. Le Roux hésite encore cependant sur la procédure, entre un vote à l’issue des débats comme prévu ou un vote “solennel” le mardi suivant, jour où les députés sont plus nombreux en séance du fait des questions au gouvernement.
Pour justifier sa position, M. Jacob met d’abord en doute la conformité du texte à la Constitution, “qui ne permet pas par une résolution de donner une injonction au gouvernement”.
Cette résolution parlementaire marque “un affaiblissement de plus de la parole présidentielle”, parce que c’est “au chef de l’État, qui est le chef des armées et de la diplomatie, de prendre position”, juge-t-il.
La présidente de la commission des Affaires étrangères, Elisabeth Guigou (PS), récuse cette interprétation. “C’est une invitation (…) mais ce n’est pas une injonction. Le gouvernement et le président décideront ensuite de l’opportunité et du moment d’une telle reconnaissance”, a-t-elle expliqué dans Libération mardi.
Un vote français, à l’instar du vote du Parlement britannique mi-octobre, n’aurait de fait pas de portée contraignante. Mais sa portée symbolique serait réelle, surtout venant d’un pays qui, au sein d’une Europe paralysée, se targue d’avoir toujours eu un rôle précurseur sur le dossier israélo-palestinien.
DEUX ETATS RÉCIPROQUEMENT RECONNUS
Plusieurs députés UMP proches d’Israël, sont aussi montés au créneau pour dénoncer, comme Christian Estrosi, cette reconnaissance dans le contexte de l’attaque meurtrière d’une synagogue de Jérusalem.
“Il est inopportun et indigne de la France d’inscrire à l’ordre du jour du Parlement une telle résolution (…) Notre meilleur rempart contre le terrorisme reste Israël”, a affirmé le député-maire de Nice.
Plus modéré, Thierry Solère, “qui a vu ce qui s’est passé encore en Israël dans un lieu de culte”, “ne croit pas que c’est en commençant par dire qu’on va faire un État palestinien qu’on va améliorer la situation”.
Cette position ne fait pas l’unanimité à droite. “Il faut reconnaître l’État de Palestine malgré l’odieux attentat de ce matin et je dirais même à cause. On voit bien le déchaînement de haine qui se propage dans cette région du globe. Si le général de Gaulle était là, il y a longtemps que la Palestine serait reconnue”, a plaidé le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan.
Même argument à gauche. “Dans cet embrasement, il faut trouver des motifs de discussion. La France a un rôle diplomatique majeur et pour ça elle doit pouvoir s’appuyer demain sur une résolution du Parlement qui condamne absolument le terrorisme, qui s’inscrit totalement dans la sécurité de l’État d’Israël, mais qui reconnaît que, pour arriver à la paix, il faudra qu’il y ait deux États”, selon Bruno Le Roux.
Le texte reconnaît “l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit permettant l’établissement d’un État démocratique et souverain de Palestine, vivant en paix et en sécurité avec Israël, sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux États, réciproquement reconnus”.
De leur côté, les députés du Front de gauche ont annoncé qu’ils feraient “la fête si la proposition de résolution est adoptée”.
“C’est un des combats historiques des députés communistes et du Front de gauche. Que cela arrive à l’Assemblée, c’est un geste fort et ça a une dimension historique”, a souligné leur chef de file André Chassaigne.
Fabrice Randoux pour AFP
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