Pour la treizième année consécutive, le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, a accompagné un groupe de 150 jeunes et d’adultes d’horizons divers, visiter le camp d’Auschwitz-Birkenau le 13 novembre, parmi lesquels deux prêtres catholiques, un pasteur, un imam, un rabbin, quatre parlementaires, Catherine Vautrin, Sébastien Denaja, Thierry Mariani et Jean-Vincent Placé, des policiers, des militaires, des personnels du transport aérien et plusieurs dizaines de lycéens et étudiants issus d’établissements publics ou privés.
Au centre du groupe, un survivant d’Auschwitz, Elie Buzyn, 85 ans. « Ce voyage que je fais annuellement depuis quelques années est toujours une épreuve pour moi, mais il me permet d’aller sur la tombe de tous les miens. Et je le fais par devoir : ces élèves vont devenir à leur tour des témoins. Des témoins des témoins » a-t-il dit.
A la synagogue-musée d’Oswiecim (Auschwitz en allemand), dernier vestige juif d’une ville qui comptait une vingtaine de lieux de culte israélites avant l’occupation nazie, Elie Buzyn a participé à la lecture de la Torah, qui venait d’être sortie par le Grand Rabbin Korsia. Puis ce fut la découverte du camp d’Auschwitz, la partie la plus ancienne du camp nazi, faite de baraquements en briques, à la lisière de la ville. Derrière des vitrines, des montagnes de cheveux, de chaussures, de valises de déportés.
« L’horreur est difficile à se représenter, jusqu’à ce que l’on voie tous ces objets, et derrière chaque objet une personne disparue », a confié Elisa, 17 ans à l’AFP, en terminale au Prytanée militaire de La Flèche (Sarthe), qualifiant l’expérience « à la fois émouvante et éprouvante ».
Le groupe s’est ensuite rendu à Birkenau (Auschwitz-II), qui fut le principal lieu d’extermination des Juifs, distant de trois kilomètres d’Auschwitz-I. Au mémorial pour les morts du camp, situé au bout du rail de chemin de fer qui le traverse et entre les ruines de deux chambres à gaz, le Grand Rabbin de France a improvisé une digne et émouvante cérémonie inter-religieuse, au cours de laquelle chacun des responsables de culte a pris la parole, avant que ne soient allumées 6 bougies, en mémoire des 6 millions d’âmes victimes de la barbarie nazie et que ne retentisse le son du Chofar.
« Il y a une obligation à montrer tout cela à des jeunes afin qu’ils sachent quoi répondre à ceux qui veulent changer l’histoire, la nier », a expliqué Haïm Korsia, soulignant que « cette obsession, cette organisation de la négation de l’humanité » illustrée par le régime hitlérien « a été unique dans l’histoire. Nous sommes dans un combat entre le bien et le mal. Le mal l’a emporté à court terme avec l’Holocauste, le bien l’emporte à long terme par notre présence à tous », a-t-il estimé à l’issue de la cérémonie avant de conclure : « Notre responsabilité à notre retour d’Auschwitz est immense. Nous devons devenir demain les témoins des témoins d’aujourd’hui ».
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