Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain. Il est secrétaire national à l’UMP chargé des médias. Il préside par ailleurs l’Association France-Israël. Toutes les semaines, il décrypte l’actualité pour FigaroVox.
L’intervention de François Hollande est à l’image de cette semaine : creuse et terne.
Il y a quelque chose de pathétique chez ce président qui cherche désespérément à retourner l’opinion. Un peu comme l’amant éconduit quand celui-ci a perdu le cœur de la femme déçue qui autrefois s’était donnée. Il peut tout essayer : le chant du guerrier zoulou, la sérénade napolitaine, la promesse de mariage, les pieds au mur, la danse du ventre ou la brouette japonaise: quand on n’est plus cru, on est cuit.
Ceci cruellement posé, quand la belle s’est offerte à un homme sur un coup de tête, parce qu’il était normal, pour fuir un plus excentrique et en écoutant les mauvaises langues, elle n’a pas le droit de se plaindre.
Surtout lorsqu’elle n’est plus très jeune et que le temps presse.
Reste à savoir à quoi ressemblent les Français qui soutiennent encore l’ancien élu.
En 1965, j’avais supplié mon gaulliste de père de voter Marcel Barbu. Je craignais que le pauvre candidat, plein de ronde bonhomie, n’obtienne aucune voix contre le général et Mitterrand lors des premières élections présidentielles au suffrage universel.
LE RAPPORT CIOTTI
13% de gentils français sont aujourd’hui encore atteints du syndrome Marcel Barbu.
Le député Éric Ciotti vient de déposer un rapport choc sur les failles du système d’accueil des demandeurs d’asile en France (le Figaro du 6 novembre). Tout est enfin évoqué sans fard: des dossiers de demandes qui s’empilent à l’instigation de filières d’immigration, des factures hôtelières exponentielles, des centres d’accueil débordés. Plus grave encore, par un phénomène pervers très actuel qui confère davantage de droits à ceux qui devraient en être exclus, les déboutés du droit d’asile se maintiennent pour la plupart sur le territoire et bénéficient de l’hébergement au détriment de sans-domicile-fixe titulaires de la nationalité française. Les révélations contenues dans ce rapport sont riches d’enseignements pour un pays qui n’a plus les moyens d’entretenir décemment ses nationaux et immigrés légaux en difficulté.
Si l’on suivait les beaux esprits, ou plutôt ceux qui voudraient en avoir l’apparence, tels qu’on les entend, par exemple, en permanence sur la chaîne rien moins que pluraliste de service public ARTE, la France, pourtant déjà plus qu’accueillante, devrait accueillir sans sourciller tous les demandeurs qui le demandent.
Au nom de quel principe moral supérieur, la France renoncerait-elle à son droit sacré et souverain de propriétaire terrien d’accueillir qui elle veut et peut ?
Seconde question, encore plus défendue : la plupart des demandeurs qui s’invitent sans être conviés viennent de l’Orient en guerre. La France est-elle la première responsable des convulsions de l’islam et des dérives de son islamisme conquérant ?
Et cette question, jamais posée – tant elle relève de l’impensée- qui en découle : On demande à l’Europe, déjà envahie par les clandestins, de nouveaux efforts: Pourquoi les malheureux chassés par la guerre ne pensent pas à frapper à la porte des émirats, plus spacieux, plus proches, plus riches, et qui partagent avec eux la même fraternelle culture religieuse et linguistique?
Parce qu’ils savent qu’ils n’ont aucune chance de pouvoir compter sur la faiblesse de leurs dirigeants et la démagogie de leurs médias ?
UNE SEMAINE D’EMEUTES A JÉRUSALEM
Dans un ordre d’idées pas si éloigné, dures questions également autour de cette dure semaine d’émeutes à Jérusalem. À commencer pour celui qui la pose, tant l’esprit critique hexagonal, aiguisé, quelquefois à raison, lorsqu’il s’agit d’Israël, est émoussé quand il s’agit de regarder rationnellement les arabes palestiniens.
Pourquoi la presse française évoque-t-elle sans réfléchir des «colons», à propos des Juifs qui s’installent à Jérusalem, capitale de la Judée historique ?
Pourquoi la même presse, avec pertinence, relève-t-elle les provocations démagogiques, en toute hypothèse inopportunes, de certains députés extrémistes Israéliens se rendant, à grand renfort de publicité, sur le Mont du temple et des mosquées, tout en passant sous silence les sorties antijuives de Mahmoud Abbas ?
C’est ainsi qu’alors que l’on sait, ou devrait savoir, que l’islam radical, à commencer par le Grand Mufti allié à Hitler, a toujours utilisé dans l’histoire le mythe des mosquées de Jérusalem «en danger» pour mettre le feu aux poudres (lire à ce propos «Jérusalem» de S. Montefiore ou encore «Terre promise, trop promise» de N. Weinstock), aucun journal français, n’a émis le moindre doute sur la réalité des périls.
Aucun, surtout, n’a cru devoir reproduire le discours incendiaire du président de l’Autorité Palestinienne, obstinément considéré comme un modéré intouchable.
Même lorsqu’il s’adresse le 17 octobre à son peuple dans une allocution qui a été diffusée 19 fois en trois jours à la télévision palestinienne : «Nous devons empêcher les JUIFS d’entrer sur l’esplanade de la mosquée, ils n’ont pas droit de la SOUILLER. Nous devons les empêcher par tous les moyens. Nous devons les empêcher d’entrer. Dressons-nous devant eux pour protéger les lieux saints».
Aucun journaliste, ordinairement épris d’antiracisme, ne s’est davantage interrogé sur la légitimité d’un discours qui proscrit toute présence juive sur l’esplanade du temple de Salomon entérinant ainsi implicitement l’ostracisme islamique qui considère toujours les «infidèles» dans certains lieux, comme des profanateurs à combattre.
De là à penser que quelle que soit la perception accrue des dangers de l’islamisme, l’idéologie anti-occidentale est toujours rebelle à la réalité, il n’y a qu’un pas, que je franchis. Sans grande allégresse.
LES LYCÉENS
Enfin, ultimes questions iconoclastes pour la religion laïque aux mains de quelques clercs médiatiques.
Pourquoi employer le générique mensonger «les lycéens», à propos des quelques centaines qui ont manifesté en hommage à Rémi Fraisse et «contre les brutalités policières», cornaqués par quelques extrémistes professionnels ?
Pourquoi surtout, avoir fait quasiment silence sur la mort cette semaine de deux jeunes policiers ? Eux aussi avaient moins de 30 ans.
Devrait-on éprouver moins de compassion pour deux jeunes, morts dans l’exercice de leurs fonctions, que pour un troisième, dont seul on retiendra le nom, tombé au milieu d’une manifestation violente ?
Il devrait être permis de dire non.
Gilles William Goldnadel ©
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/11/11/3
1003-20141111ARTFIG00145-francois-hollande-droit-d-asile-israel-le-plaidoyer-de-goldnadel.php
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