Comme un air d’Intifada, par Maxime Pérez

Il y a ces émeutes qui gagnent le secteur arabe israélien après avoir embrasé Jérusalem, des attentats spontanés qui se multiplient. La situation peut-elle encore dégénérer ?
voiturebelier
En un peu plus d’un mois, six Israéliens ont été tués dans des attaques palestiniennes, soit plus qu’en 2012 et 2013. Qu’ils utilisent leur voiture comme bolide meurtrier ou un simple poignard, le mode opératoire des apprentis terroristes n’a rien de sophistiqué, et c’est précisément ce qui rend leurs actes imprévisibles. Tant que les incidents se limitent à des émeutes urbaines, dans les quartiers arabes de Jérusalem ou dans le triangle de Galilée, la police est en mesure de les contenir. Mais dès lors que les actions sont spontanées, menées par des « loups solitaires », et visent sans discernement des Israéliens dans un arrêt de bus ou à l’entrée d’une gare ferroviaire, le sentiment d’insécurité et de psychose s’empare rapidement de la population.
La multiplication des incidents à caractère nationaliste, désormais quotidiens, fait craindre un début de soulèvement. Car l’engrenage est là : la brutalité de chaque attentat témoigne d’un déferlement de haine. Et leur succession à une surenchère de l’horreur. Les tensions actuelles sont aussi épidermiques, répondant tantôt aux appels au Jihad du Hamas et du président palestinien Mahmoud Abbas, tantôt à une bavure policière, comme à Kfar Kana, entrainant le week-end dernier de nouveaux affrontements et des scènes de lynch dans le secteur arabe israélien. Reste que sur le fond, l’absence de règlement politique, et l’escalade verbale alimentée par les responsables des deux bords, favorise un climat général délétère.
A Gaza, le Hamas peut se réjouir de cet embrasement. Le mouvement islamiste palestinien souffle depuis des années sur les braises de la troisième intifada. Privé d’infrastructures à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, il lui est néanmoins impossible d’initier une « guerre des pierres » ou, comme il en rêve depuis une décennie, de renvoyer des kamikazes semer la terreur au cœur des villes israéliennes. Il faut dire que le verrou sécuritaire fait ses preuves : entre clôture de sécurité qui entoure la Cisjordanie et forces de sécurité déployées autour des zones A, sous contrôle palestinien, le terrain est parfaitement quadrillé. D’autre part, même avec un gouvernement d’unité à Gaza, le bras de fer continu qui oppose le Fatah au Hamas maintient le camp palestinien divisé.
A Ramallah, dix ans après la mort de Yasser Arafat, son successeur Mahmoud Abbas semble réticent à suivre sa destinée. Ni visionnaire, ni guerrier dans l’âme, et pragmatique à ses heures, le raïs palestinien est aujourd’hui pris en flagrant délit de double jeu. Tout en exhortant les musulmans à défendre la mosquée al Aksa contre les intrusions de fidèles juifs, il fait en sorte de maintenir le calme dans les villes de Cisjordanie. A l’évidence, Abbas n’a aucun intérêt à provoquer une Intifada et dit privilégier une guerre d’usure diplomatique contre Israël. Néanmoins, son manque de popularité dans la rue palestinienne pourrait finir par se retourner contre lui. Si la situation lui échappe, c’est le chaos qui guette la région.
Maxime Pérez
M PEREZ

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