La victoire de la Guerre de Kippour à travers un appareil photo

Il y a 41 ans, les soldats de la 401ème Brigade des Blindés se sont battus avec bravoure dans le Sinaï, arrêtant l’avancée des forces égyptiennes vers Israël pendant la Guerre de Kippour. Un de ces soldats, le lieutenant-colonel de réserve Avi Gur, alors jeune officier tankiste sur le front sud, a documenté la guerre avec son appareil photo Olympus Pen EE.2. Dans un entretien spécial, Avi partage ses souvenirs et ses photographies de guerre, et raconte la bravoure et la victoire des soldats de Tsahal.
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« Cette photographie montre la puissance d’un tank, qui est capable de toucher une cible à plus d’un kilomètre de distance. Dans cette image, on voit le canon de mon tank, et la fumée noire en arrière-plan est la cible que nous venions de toucher. »
“Quand la guerre a commencé, j’étais sur la ligne de front. J’étais vice-commandant d’une compagnie de chars sur le Canal de Suez, et notre objectif était de repousser les forces égyptiennes et de les empêcher de mener des actes de guerre contre Israël,” raconte le lieutenant-colonel de réserve Avi Gur. “Quelques heures plus tard, mon commandant a été tué et je suis devenu chef de compagnie.”
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« C’est une image de mon chef de bataillon, le lieutenant-colonel Emmanuel Sakal, au cours de la première semaine de la guerre. Cette photo reflète bien l’idéologie de Tsahal, selon laquelle le commandant est sur le terrain et combat aux côtés de ses troupes. Cela permet de remonter le moral des soldats. Une fois, j’ai touché un tank ennemi, et comme il avait été témoin de la scène, il m’a félicité par radio.
Pendant la guerre, il m’a demandé de tromper les troupes égyptiennes en leur faisant penser que nous allions attaquer depuis le sud, bien qu’en réalité, nous comptions attaquer depuis le nord. Cela fut très dur, car pour réussir cette ruse nous devions attirer le feu égyptien sur nous. Alors ce que j’ai fait, c’est que j’ai conduit mon char en zigzag dans le sable, créant ainsi un grand nuage de poussière. Comment avons-nous survécu ? Je ne le sais pas. Certains ont dit qu’il s’agissait d’une protection divine, d’autres que c’était simplement de la chance. Après qu’ils aient commencé à ouvrir le feu sur nous, le lieutenant-colonel Sakal a dit ‘nous avons atteint notre objectif’, et nous avons fait demi-tour discrètement. »
A la veille de la Guerre de Kippour, Israël avait dans son arsenal 358 avions de combat, 2100 tanks et 37 navires de guerre. Quant aux armées égyptiennes et syriennes, elles étaient beaucoup mieux équipées et possédaient 998 avions de combat, 5350 tanks et 137 navires de combat. “Vous devez comprendre que 30 tanks devaient assurer la couverture d’un secteur de 143 km de long”, explique Avi. “Nous nous trouvions seuls face à des milliers de soldats et d’armes. Le ratio était de 30 soldats égyptiens pour 1 soldat israélien, ce qui est un rapport de force tout simplement disproportionné. Mais nous, soldats israéliens, malgré les milliers d’ennemis qui se tenaient devant nous, n’avons pas cédé à la peur et choisi la fuite. Nous nous sommes battus de façon professionnelle. Nous n’avions pas d’autres choix que d’être des héros.”
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« Voilà la tragédie. Même la nuit, il nous fallait être en alerte constante. L’artillerie égyptienne était 30 fois plus nombreuse que la nôtre. »
“Quand nous avons couru vers les tanks, j’avais mon appareil photo qui pendait autour du coup. C’était une vue inhabituelle, car peu nombreux étaient ceux qui possédaient une caméra à l’époque. Nous nous sommes mis en route et des avions égyptiens nous ont attaqués. Des chars nous tiraient dessus et des forces spéciales égyptiennes ont traversé le canal et ont ouvert le feu avec des missiles anti-tanks”, se souvient Avi. “C’était comme le Far West – celui qui tirait le premier restait en vie.”
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« Le canon du tank. La fumée noire en arrière-plan montre les cibles sur lesquelles nous avions ouvert le feu. »
Le deuxième jour de la guerre, des dizaines de milliers de troupes égyptiennes ont traversé le canal avec des centaines de tanks, et nos unités blindées ont subi de lourdes pertes. En y repensant, Avi se souvient avec beaucoup de peine des soldats tombés. “Vous voyez vos amis se faire tuer”, se souvient-il. “Vous voyez des gens, vos amis, blessés… Mais nous continuions de nous battre.”
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« La mitrailleuse Browing 0.3 peut tirer de façon continue pendant plus de 10 secondes, et nous l’utilisions donc pour tirer sur les forces spéciales égyptiennes, et comme signal d’alarme quand nous étions près du Canal de Suez. »
Après des jours entiers de combats, Tsahal a commencé une série de contre-attaques. “À un moment donné, nous avons reçu l’ordre de franchir le canal”, raconte Avi. “C’était la première fois que je mettais ma plaque d’identité militaire parce que je ne savais pas si j’allais rester en vie. Pourquoi ? Parce que mon tank devait traverser un pont instable. Et aussi, lorsque vous êtes sur un pont, vous y êtes coincés. Vous ne pouvez aller ni à gauche ni à droite. Vous êtes une cible très vulnérable.”
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« Un site de missiles égyptien que nous venions de conquérir après qu’il ait été abandonné par les soldats en fuites. »
“Il y a eu des moments où j’étais agité, mais j’ai réussi à rester de marbre pour rassurer mes soldats. Je chantais des chansons à la radio qui reliait les tanks de notre compagnie. Quand nous nous sommes revus récemment, ils m’ont dit qu’entendre ma voix les avait rassurés.”
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« Je me souviens de cette image. Elle a été prise avec mon appareil photo, mais c’est mon canonnier qui l’a prise. On m’y voit converser avec le chef de section qui opérait juste au nord de ma compagnie. Nous étions en Egypte, et il n’y avait que quelques chars pour couvrir un énorme secteur. »
Vers la fin de la guerre, les forces de Tsahal ont encerclé la Troisième Armée Égyptienne. “La 401ème Brigade des Blindés a pris part à l’une des plus grandes réussites de la guerre : l’encerclement de la Troisième Armée Égyptienne. Ce ne fut pas une tâche facile, mais ce fut incroyable.”
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« Le chef de compagnie de l’unité se trouvant juste au sud de ma position, faisant son rapport à notre chef de bataillon. »
“C’est vrai qu’il y a eu des échecs, mais cela ne devrait pas être le principal souvenir de la guerre. Le Jour de la Victoire est au final ce dont on se souvient de la Seconde Guerre Mondiale, plus que de l’attaque-surprise sur Pearl Harbor. Le mot-clé selon moi est victoire, et nous avons été victorieux parce que nous avons complété notre mission jusqu’au bout grâce à l’héroïsme de nos soldats.”
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Forces de Défense d’Israël

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