La communauté internationale est réunie au Caire pour préparer la reconstruction de la bande de Gaza. Lassés d’investir à fonds perdus, les pays donateurs chercheront cette fois à obtenir une caution politique.
4 milliards de dollars : c’est la facture présentée par l’Autorité palestinienne, selon un « plan national de redressement et reconstruction » concocté par son premier ministre Rami Hamdallah. Ce dernier espère ainsi appliquer à Gaza ce que son prédécesseur, Salam Fayyad, avait développé il y a quelques années pour la Cisjordanie : la croissance sans accord de paix avec Israël. Dans son rapport de 76 pages, Hamdallah propose l’injection de 1,2 milliards de dollars pour « relancer la productivité économique ». Le Qatar, principal bailleur de fonds du Hamas, pourrait être tenté de ressusciter le vieux rêve d’Arafat, à savoir faire de Gaza le « Singapour du Moyen-Orient » et transformer son bord de mer en station balnéaire.
Le mouvement islamiste palestinien y a déjà apporté une fin de non recevoir, à l’évidence par principe idéologique. Le conflit de 50 jours avec Israël ne l’a pas rendu plus pragmatique : il entend toujours puiser sa légitimité dans la misère du peuple de Gaza, les destructions et la mort, sans oublier l’indispensable rhétorique de la « résistance » à laquelle ses dirigeants martèlent qu’ils n’ont pas renoncé. D’ailleurs, s’il est une activité qui fonctionne à plein temps depuis l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu « illimité », le 26 août, c’est la fabrication de roquettes artisanales destinées à la prochaine confrontation.
Cette posture du Hamas, bien plus que les menaces israéliennes de riposte à toute nouvelle escalade, contribue grandement à refroidir les ardeurs et la générosité des pays donateurs. Alors que l’ONU demande à Washington de débourser 1,6 milliards de dollars à Gaza, le Département d’Etat américain a officiellement exprimé son scepticisme sur l’opportunité d’investir, une fois encore, à fonds perdus. Un sentiment partagé par plusieurs pays de la Ligue arabe, Egypte en tête, peu enclins à faire le jeu du Hamas. Sauf qu’avec près de 500.000 Palestiniens sans abris ou réfugiés dans les bâtiments de l’UNRWA, soit un tiers de la population gazaouie, la situation pourra difficilement rester en l’état.
Voilà pourquoi ce nouveau plan « Marshall » qui s’amorce au Caire devra comporter un indispensable volet politique qui neutraliserait, pour longtemps, toute velléité belliqueuse du Hamas. Même si le cœur n’y est plus, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, devrait solennellement appeler à une reprise des pourparlers israélo-palestiniens, interrompus depuis le mois d’avril. Sans garantie sur le désarmement de la bande de Gaza, l’Etat hébreu ne risque pas d’y répondre favorablement, d’autant qu’il reste foncièrement hostile au rapprochement opéré entre le Fatah et le Hamas.
Cette question de la démilitarisation de Gaza se posera aussi dans une dizaine de jours, lorsque débuteront les négociations avec Israël visant à entériner la trêve. Elle conditionnera la construction d’un port et d’un aéroport, deux revendications que le Hamas pourrait utiliser comme un casus belli. Finalement, même si elle envoie un bon signal aux belligérants, la conférence du Caire parait quelque peu prématurée.
Maxime Perez
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