Benjamin Netanyahu à l'Onu par Katy Bisraor-Ayache

Le message aux pays occidentaux engagés contre l’Etat islamique: « Vous gagnerez la bataille mais vous perdrez la guerre »
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Pour la neuvième fois, Benjamin Netanyahu a prononcé hier (lundi 29 septembre) un discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies. Quelques jours après Mahmoud Abbas. Après l’intervention du Président palestinien qualifiée par les Etats Unis et Israël de décevante et de provocatrice, le premier ministre avait promis de venir dire au monde la vérité d’Israël. Fidèle à ses priorités, Netanyaou a pourtant abordé essentiellement le thème du nucléaire iranien. Pour Tribune juive, Katy Bisraor analyse à chaud les grands points de ce discours.
Benjamin Netanyahu, contrairement à d’autres dirigeants du monde qui envoient leur ambassadeur ou leur ministre des affaires étrangères, continue chaque année, à venir en personne représenter Israël lors de la session annuelle des Nations-Unis. Pour Netanyahu, l’Onu est peut être un Machin mais reste une scène de choix. Une tribune pour dire la vérité d’Israël. D’autant plus que quelques jours auparavant, à cette même tribune, le Président palestinien avait accusé l’Etat d’Israël d’être un Etat terroriste, un Etat apartheid, responsable du génocide du peuple palestinien. Pour la neuvième fois, le Premier ministre israélien a donc de nouveau montré ses talents d’orateur.

L’Iran, le Hamas et l’Etat islamique

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Netanyahu fait volontairement un amalgame entre l’Iran, le Hamas, l’Etat islamique. Hamas et l’Etat islamique sont les deux branches d’un même arbre. Hamas = EI et EI = Hamas a dit Benjamin Netanyaou. Lutter contre le terrorisme de l’Islam extrémiste et laisser l’Iran acquérir l’arme nucléaire, c’est gagner la bataille et perdre la guerre.
A la tribune de l’Onu, le Premier ministre israélien a donné deux messages, tous deux destinés à être entendus par Barak Obama et les autres dirigeants européens.

  •  Pour Netanyahu, l’Islam des djihadistes contre qui l’Occident a ouvert les hostilités et l’Islam des Frères musulmans sont issus de la même idéologie et représentent tous deux une menace terroriste.
  •  Par ailleurs, le danger nucléaire iranien reste la menace suprême. Imaginez-vous que l’Etat islamique contre lequel vous avez décidé de vous battre ait aujourd’hui à portée de main l’arme nucléaire. Le nucléaire ne peut pas être dans les mains d’extrémistes dit Netanyahu.

Ces positions confirment le fossé qui sépare le dirigeant israélien et le Président des Etats-Unis. Obama aborde le Moyen-Orient, en zoom out, Netanyahu en zoom in. Pour Washington, qu’importent les détails, les poussées islamiques radicales dans certaines régions du Moyen-Orient. L’essentiel est que le monde occidental et les pays arabes modérés se mobilisent globalement contre le terrorisme. Pour Jérusalem, les détails augurent des dangers de demain. Des dangers contre Israël avec le Hamas à Gaza. Des dangers contre le monde tout entier avec le nucléaire iranien. Lorsque l’Iran aura l’arme nucléaire, les beaux sourires d’aujourd’hui se transformeront en discours agressif menace Netanyahu. Car Téhéran ne veut qu’une seule chose, la levée des sanctions.

Mahmoud Abbas

Avec son discours de vendredi, Abbas avait fait voler en éclat le processus de paix. Benjamin Netanyahu à son tour, enterre des négociations déjà moribondes. Pour répondre à la violence des mots du Président palestinien, le Premier ministre a brandi une photo, prise par la télévision française France 24. Des enfants palestiniens jouent aux côtés d’un lance-roquette dirigé contre Israël. Le Président palestinien a accusé Israël de crime de guerre. Mensonges. Placer des roquettes auprès d’enfants, c’est cela un crime de guerre dit Netanyahu. C’est ce que fait le Hamas, le Hamas partenaire du président Mahmoud Abbas.
En d’autres termes, Netanyahu accuse le Président palestinien d’être, comme le Hamas, responsable des tirs de roquette contre Israël et par là de la mort de civils palestiniens.

La paix demain

Benjamin Netanyahu tend pourtant la main vers la paix. Nous sommes prêts à des concessions historiques, dit le Premier ministre israélien. Mais le partenaire change. Netanyahu ignore l’Autorité palestinienne et parle d’un accord, d’une paix qui sera soutenue par les pays arabes modérés, la Jordanie, l’Arabie saoudite. Belle idée, qui n’est pas nouvelle et qui semble toujours peu réaliste. Les pays arabes modérés restent très peu enthousiastes devant l’idée de devoir s’impliquer dans le dossier palestinien. Cette proposition a comme seul avantage de permettre à Netanyahu de laisser d’une certaine manière une porte ouverte, tout au moins à demi-ouverte

Le discours et ses limites

Benjamin Netanyahu confirme une fois de plus qu’il connait l’art de la dialectique. Un discours, clair, net, tranchant comme la lame d’un rasoir, a dit un des collaborateurs du Premier ministre.
Pourtant ce type de discours à des limites. Bien que prononcé en anglais, il a été entendu par les convaincus, les Israéliens, les communautés juives à travers le monde. Benjamin Netanyahu n’a pas d’illusion. La vérité d’Israël a été dite mais n’a pas été entendue. Ce discours ne change pas les données du Moyen-Orient et notamment le dossier iranien. Mobilisé contre l’Etat islamique, le monde occidental est sur le point de céder à Téhéran. Netanyahu prêche depuis près de vingt ans. Concrètement, il n’a pas convaincu. Pas encore.
Katy Bisraor-Ayache
www.endirectdejerusalem.com
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