Amira Hass, journaliste à Haaretz et spécialiste de l’Israël-bashsing, a été expulsée d’une conférence universitaire sur “La Palestine occupée” se tenant à l’université palestinienne de Bir Zeit.
Fille de deux survivants de l’Holocauste, elle est devenue au cours de ces dernières années la journaliste israélienne la plus pro-palestinienne, a vécu à Gaza et à Ramallah et a écrit dans Haaretz que le jet de pierres par les arabes est “le droit inaliénable et le devoir de toute personne assujettie à la domination étrangère.”
Néanmoins, lors de cette conférence organisée par la Fondation allemande Rosa Luxembourg et le Centre pour le développement des études (CDS), l’accès lui a été refusé, en tant justement que journaliste israélienne, fût-ce à Haaretz.
Pour que surtout ce malheureux incident ne puisse pas être exploité par ses ennemis politiques, elle a écrit un long article dans lequel elle explique que tout cela n’était qu’un malentendu, que c’était une mesure de précaution pour préserver sa sécurité, que des rumeurs d’attaque sur sa personne avaient commencé courir. Un long plaidoyer émouvant dédouane ce couac effarant, mais la fin de son article pose un problème ennuyeux.
“Je comprends le besoin émotionnel des Palestiniens de se créer un espace sûr qui soit interdit aux citoyens de l’Etat qui dénie leurs droits et les a privés de leurs terres. Cependant en tant que personne de gauche, je m’interroge sur la logique anti-colonialiste qui consiste à boycotter les activistes juifs israéliens de gauche. Dans tous les cas, ces gauchistes ne cherchent pas de certificat “casher” quand ils s’opposent à l’occupation et s’efforcent de mettre fin au régime juif de privilèges.”
Il n’y a sans doute pas de logique. Mais y a-t-il une logique à justifier systématiquement toute violence? Et est-ce une attitude suffisante pour être adoubée par l’ensemble de la population palestinienne? Non plus. Amira Hass a fait ses choix politiques, vit dans un pays où elle est libre de les exprimer, mais ne peut pas toujours aller exprimer son soutien aux palestiniens. C’est une réalité qu’il faudrait juste admettre, reconnaître, un fait qui rappelle cet autre évènement qui s’était produit en janvier, quand des activistes israéliens, militants pour la paix qui s’étaient rendus à Ramallah avaient été forcés de quitter la ville, protégés par la police palestinienne.
Line Tubiana
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