Selon le texte de la Feuille de Miel
(coutume des juifs de Tunis)
A Roch Hachana, nous célébrons le jour de la création de l’Homme, c’est donc la fête de l’humanité toute entière et non la fête des seuls juifs.
A Roch Hachana, nous célébrons aussi la miraculeuse naissance d’Isaac, dont la mère Sarah, était stérile ; mais la prière a vaincu sa stérilité. Une invitation à prier.
Nous célébrons aussi la scène mémorable dans laquelle Dieu arrête le bras d’Abraham le généreux, prêt à sacrifier son fils Isaac, l’homme si épris de justice qu’il accepte sans protester l’épreuve voulue par Dieu.
La prononciation du kiddouch est accompagnée de l’élévation d’une coupe de vin, produit de la vigne transformée par l’homme ; c’est peut-être le symbole de la pensée juive : le travail assigné à l’homme est une élévation : c’est l’achèvement du monde volontairement inachevé que Dieu a créé. La circoncision est un autre exemple du rôle de l’homme, dont le corps est créé imparfait.
Après le kiddouch et le chéihiyanou, On se lave les mains et on fait le motsi trempé dans le miel (ou du sucre)
Avant de dire les bénédictions et de manger (la nourriture est un geste de vie et le repas est un des rites de la foi) on bénit
D’abord 3 fruits de l’arbre :
בָּרוּךְ אַתָּה יְהוָֹה אֱלֹהֵנוּ מֶלֶךְ הָעוֹלָם בּוֹרֵא פְּרִי הָעֵץ
Sois béni, Eternel notre Dieu, roi du monde, créateur du fruit de l’arbre
1/ אלשׁריחה sur la figue
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ שֶׁתְּהֵא שָׁנָה זוֹ
הַבָּאָה עָלֵינוּ טוֹבָה וּמְתוּקָה כַּדְּבֵלָה
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, que l’année qui nous arrive soit bonne et douce comme la figue
2/ אלרמאן sur la grenade
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ שֶׁיּרְבּוּ זָכִיּוֹתֵנוּ כַּרִמּוֹן
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, que nos mérites soient nombreux comme les grains de la grenade (il y en aurait 613 selon certains et 613 est le nombre des commandements que Dieu nous a donnés !)
3/ אלתפאח sur la pomme (la pomme d’adam ?)
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינו שֶׁתְּהֵא שָׁנָה זוֹ
הַבָּאָה עָלֵינוּ טוֹבָה וּמְתוּקָה כַּתַּפּוּחַ
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, que l’année qui nous arrive soit bonne et douce comme la pomme.
La pomme est un fuit dont les feuilles bourgeonnent avant les fruits alors que les feuilles servent à recouvrir et protéger les fruits ; d’abord le fruit, ensuite la feuille ; c’est le symbole de la marche en avant, car nous sommes certains que la protection divine arrivera : agissons d’abord selon Sa volonté, même si le sens ne nous apparaîtra que plus tard.
Les anglais disent « an apple a day keeps the doctor away »
Avant de dire les bénédictions et de les manger, on bénit
ensuite 5 fruits de la terre :
בָּרוּךְ אַתָּה יְהוָֹה אֱלֹהֵנוּ מֶלֶךְ הָעוֹלָם בּוֹרֵא פְּרִי הָאֲדָמָה
Sois béni, Eternel notre Dieu, roi du monde, créateur du fruit de la terre
4/ אלזלזלאן sur les graines de sésame
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ שֶׁיּרְבּוּ זָכִיּוֹתֵנוּ כַּשִֻמְשׁוֹמִין
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, que nos mérites soient nombreux comme les graines de sésame.
5/ אלקרע sur la courge
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ שֶׁתִּקְרַע רוֹעַ גּזַר דִּינֵנוּ וְיִקָּרְאוּ לְפָניךָ זְכוּיִּתֵנוֻ
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, de déchirer les mauvais décrets de notre jugement et que soient évoqués devant Toi nos mérites.
Ici commencent des jeux de mots :
a) Le premier entre le mot arabe qui signifie la courge : קְרַע et le mot hébreu שֶׁתִּקְרַע , qui signifie déchirer ; (en hébreu, la courge se dit עַת דְּלַֽ)
b) Le 2ème entre le mot arabe qui signifie la courge : קְרַע et le mot hébreu וְיִקָּרְאוּ qui signifie déchirer:
Nous évoquons le jugements divins et en même temps nous célébrons la création de l’humanité : Dieu créateur et Dieu, fondement de la morale sont inséparables. Mais par nos prières et nos bonnes actions, nous pouvons demander à Dieu de révoquer des décrets.
6/ אלסלק sur les épinards
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ שֶׁיִּסְתַּלְּקוּ אֹיְבֵינוּ וְכָל מְבַקשֵׁי רָעָת֜נוּ מִפָּנֵינוּ
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, que soient retranchés nos ennemis et tous ceux qui veulent notre malheur, de Gaza et d’ailleurs.
Ici le jeu de mots est entre le verbe hébreu סִלֵּק, écarter et le nom סִלְקָא, qui signifie betterave en araméen et épinard en arabe.
7/ אלפול sur les fèves
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ שֶׁיִּפּוֹלוּ שֹׂנְאֵנוּ
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, que tombent nos ennemis, c’est-à-dire les ennemis de l’ordre moral voulu par Dieu.
Le jeu de mots porte sur le mot hébreu פּוּל, qui signifie fève et le verbe hébreu נָפַל, qui signifie tomber ; au futur , la première lettre נ tombe (c’est le cas de le dire) !
Demain nous écouterons le son strident et puissant du choffar, qui est produit sur la corne d’un modeste bélier ; c’est la proclamation que Dieu est le véritable Roi de l’univers (מֶלֶך הָעוֹלָמ) et la source de nos lois. Alors que pour les chrétiens, la loi est la source du mal (sans les devoirs et les interdits, il n’y aurait pas de faute !!!), nous reconnaissons que nous avons été créés faillibles, mais que, par le respect de ses lois, nous cherchons à réparer nos fautes, avec l’aide de Dieu. C’est le secret de notre volonté de progrès.
Le 1er son est prolongé c’est la תְקִיעַה, c’est le fondement du monde, droit et solide, c’est aussi un symbole de la générosité divine.
Viennent ensuite la תְרוּעָה et les שְׁבָרִים, des sons brisés, c’est la cassure de ce monde abîmé par l’homme (Adam et son fruit défendu), l’expression de nos souffrances ; mais la sonnerie se termine par une nouvelle תְקִיעַה l’annonce des temps meilleurs, de l’arrivée du Messie.
8/ אלתום sur l’ail (absent de plusieurs rituels)
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ שֶׁיִּתִּימוּ א֙יְבֵנוּ וְשֹׂנְאֵנוּ וכָל מְבַקשֵׁי רָעָתֵנוּ
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, que soient épuisés nos ennemis, ceux qui nous détestent et tous ceux qui veulent notre malheur.
En arabe, l’ail se dit תּוּם, voisin de l’hébreu שׁוּם ;
En hébreu, le verbe qui exprime l’épuisement est le verbe הֵתֵם ; יִּתִּימוּ semble être une forme de ce verbe au futur
Viennent ensuite 3 autres aliments dont la consommation nécessite que l’on dise la bénédiction :
בָּרוּךְ אַתָּה יְהוָֹה אֱלֹהֵנוּ מֶלֶךְ הָעוֹלָם שֶׁהַכֹּל נִהְיָה בִדְבָרוֹ
Sois béni, Eternel notre Dieu, qui, par sa parole fait tout existerֹ
9/ אלעסל sur le miel (absent de plusieurs rituels)
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ שֶתְּהֵא שָׁנַה זוֹ הַבָּאָה עָלֵינוּ טוֹבָה וּמְתוּקַח כַּדְּבַשׁ מֵרֵאשִׁית הַשָּׁנָה וְעַד אַחֲרִית שָׁנָה
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, que l’année qui nous arrive soit douce et sucrée comme le miel, du début de l’année à son achèvement ; cette « tête » de l’année qui est, pour nous, le point de départ de nos bonnes résolutions, de notre תְשׁוּבָה, téchouva, à la fois retour et repentir.
Puisque Roch Hachana est appelé aussi « jour du jugement » (יוֹם הַדִין) nous demandons à être jugés sur nos bonnes résolutions plutôt que sur nos fautes passées.
Cette bénédiction est pratiquement identique à celle (N°3) que nous avons dite sur la pomme.
En associant la pomme au miel, nous demandons à Dieu de Se révéler à nous dans la douceur, de nous accorder son pardon plutôt que de nous punir.
Beaucoup de communautés réduisent le séder de RochHachana au trempage de la pomme dans le miel.
On peut remarquer que si la douceur de la pomme provient exclusivement de la nature, celle du miel provient d’une certaine transformation par l’abeille ; mais cet insecte qui nous veut du bien peut aussi nous piquer !
10/ אלראס sur la tête
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ שֶׁנִה׃יֶה לְרֹאשׁ וְלֹא לְזָנַב וְתִזְכֹּר לָנוּ אֵילוֹ שֶׁל יִצְחָק אָבִינוּ עָלָיו הַשָּׁלוֹם
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, que nous soyons à la tête et non à la queue et que Tu Te souviennes du bélier d’Isaac notre père, que la paix soit avec lui.
11/ אלחות sur le poisson
יְהִי רָצוֹן מִלְּפָנֶיךָ יְיָ אֱלֹהֵנוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵינוּ שֶׁנִּפְרֶה וְנִרבֶּה כַּדָּגִים
Qu’il te soit agréable, ô Eternel notre Dieu, Dieu de nos pères, que nous nous fructifions et nous multipliions comme les poissons
Par sa faculté de procréation abondante, le poisson est le symbole de la multitude de mérites et de bonnes actions que nous envisageons d’accomplir durant l’année nouvelle, nous et notre progéniture, que nous souhaitons aussi nombreuse.
Le poisson, qui vit dans l’eau, échappe au regard et à la convoitise.
Enfin son absence de paupières nous rappelle que la providence divine ne connait pas le sommeil.
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