Plus de 22.000 juifs de France en partirent entre 1943 et 1944: la gare de déportation de Bobigny (Seine-Saint-Denis) sera ouverte exceptionnellement au public pour les Journées du patrimoine, une occasion de découvrir un endroit peu connu, laissé à son état naturel.
Située au nord de Paris, à deux kilomètres du Mémorial de la Shoah de Drancy où se trouvait pendant la Seconde Guerre mondiale le principal camp de rassemblement des juifs de France en vue de leur déportation, cette gare a connu le départ de 21 convois vers le camp d’Auschwitz-Birkenau (Pologne) entre juillet 1943 et août 1944.
A l’occasion des Journées du patrimoine, le lieu, ouvert au public un dimanche par mois depuis 2012, proposera exceptionnellement des visites guidées samedi à 14H30 et 16H30 et dimanche à 11H00.
Construite à la fin des années 1920, la « discrète » gare de Bobigny devient en août 1943 le principal lieu d’embarquement et 22.407 Juifs internés à Drancy en partirent.
« La gare est peu connue mais près d’un tiers des 74.000 Juifs déportés depuis la France occupée sont partis de là », explique Anne Bourgon, chargée de mission auprès de la ville pour la mise en valeur de l’ancienne gare de Bobigny.
« Les nazis l’avaient choisie car il n’y avait plus de trafic, alors qu’à la gare du Bourget-Drancy, les embarquements avaient lieu au milieu de tous. »
LA NATURE AVAIT REPRIS SES DROITS
Au milieu de 3,5 hectares de verdure, les voies et les bâtiments demeurent intacts, et le terrain, cédé par la SNCF en 2010, a volontairement été laissé en l’état. « Quand nous sommes arrivés, la nature avait repris ses droits. Nous avons décidé de ne pas en faire un musée mais de laisser le paysage révéler le patrimoine », poursuit Mme Bourgon.
Sur le mur de la halle aux marchandises, en face d’une série de photos d’époque en noir et blanc, des témoignages de déportés et des extraits de lettres jetées depuis les trains ont été accrochés. « Devenus des numéros », des hommes et femmes racontent leur terrible voyage de trois jours « parqués dans des wagons à bestiaux », « installés sur la paille sans pouvoir allonger les jambes », « dans une chaleur étouffante et la puanteur ».
Inscrit au titre des Monuments historiques en 2005, le site fait actuellement l’objet d’un projet d’aménagement et de revalorisation pour préserver sa biodiversité et ouvrir dans la « halle aux marchandises » un lieu d’expositions et de commémorations.
AFP
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