Le vote FN a fortement progressé à la présidentielle de 2012 chez les électeurs se déclarant de confession juive, qui ont aussi été beaucoup plus nombreux que la moyenne à voter pour Nicolas Sarkozy, selon une étude de l’Ifop pour le site internet Atlantico publiée mercredi.
D’après cette enquête, qui étudie le vote des juifs à l’échelle nationale mais aussi dans plusieurs communes où la communauté est fortement implantée (Sarcelles, Créteil, Villeurbanne…), Marine Le Pen a obtenu 13,5% des voix chez les Français de confession juive en 2012 (son score global fut de 18%), alors que son père Jean-Marie, candidat en 2007, n’avait recueilli que 4,4% (contre 10,6% à l’échelle du pays).
« La progression du vote FN au sein de l’électorat juif s’explique par la stratégie de dédiabolisation menée par le parti, l’absence de références douteuses relatives à la Shoah dans les discours de Marine Le Pen, et surtout par l’inquiétude grandissante d’une partie de la communauté juive face à la montée de +l’antisémistisme islamique+, vis-à-vis duquel le FN se présente comme un rempart », estime l’Ifop.
D’autre part, alors que l’électorat juif soutenait la gauche dans les années 1970 et 1980, selon plusieurs travaux de recherche, l’étude de l’Ifop met en évidence un « survote en faveur de la droite parlementaire » qui « constitue une vraie singularité de l’électorat juif, quelle que soit la catégorie sociale considérée au sein de cet électorat ».
En 2007 comme en 2012, Nicolas Sarkozy, candidat de l’UMP, obtient 45% ou un peu plus, soit 14,6 points de plus que sa moyenne nationale en 2007 et 18 de plus en 2012. Cette sur-représentation de la droite s’était déjà produite en 2002, mais avait bénéficié au candidat libéral Alain Madelin bien plus qu’à Jacques Chirac, « réputé plus pro-arabe » que son challenger à droite, note l’Ifop. M. Chirac avait obtenu 20% des voix mais 14,4% seulement chez les Juifs.
PLUTÔT DES VOTES JUIFS
Par ailleurs, la légère sur-représentation de la gauche non communiste dans l’électorat juif constatée en 2002 et 2007 (3 points et 3,5 points de plus respectivement que les scores nationaux de Lionel Jospin et Ségolène Royal) a disparu en 2012 (22,5% pour François Hollande contre 28% en moyenne nationale).
Toutes les familles politiques étant représentées dans l’électorat juif, il faut parler non « d’un unique vote juif » mais « plutôt des votes juifs », considère l’Ifop.
Selon l’institut, « les juifs représentent moins de 1% de la population, soit 260.000 électeurs ». Afin d’avoir un échantillon très fiable, l’Ifop a agrégé plusieurs enquêtes réalisées de 2002 à 2012 auprès d’échantillons nationaux, dégageant un échantillon de 1.095 électeurs de confession juive. Il a aussi étudié les évolutions dans plusieurs bureaux de vote à fort vote juif, notamment à Sarcelles de 2002 à 2012.
Avec AFP
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