Un bombardement médiatique entraîne, pareil à un bombardement neutronique, un effet de sidération. Toute velléité de réaction est tétanisée, la pensée est comme figée, tout désir de rationalisation est voué à l’échec. Ceux qui bombardent d’images, de sons, d’injonctions et d’anathèmes ressentent un sentiment d’impunité devant la passivité de leur ennemi honni. La cause qu’ils défendent excuse à l’avance tous ses excès. Nous ne sommes plus dans le domaine de l’information ou de l’analyse mais seulement dans l’empire orwellien de la Morale Universelle.
C’est ainsi que Le Monde, ordinairement vétilleux en matière d’antiracisme, aura toléré le 3 aout et les jours suivants sous un article sévère, forcément sévère, à l’égard d’Israël les commentaires suivants d’un certain O J : « De la pourriture, la lie de l’humanité ,ces Israéliens. Ils font feu de tout bois … Rien de neuf, les juifs ont toujours eu une curieuse conception de l’arithmétique , en affaires comme à la guerre. »
A noter qu’aucun des commentateurs pro palestiniens réclamant vivre sous l’empire de la Morale Universelle et Antiraciste pour fustiger Israël n’a estimé de son devoir de fustiger les commentaires précités.
À noter encore que durant cette saison chaude qui vit la communauté juive prise à partie, des synagogues attaquées et des magasins juifs mis à sac, l’organe de la Morale Universelle ne s’estima pas non plus devoir consacrer un éditorial à cet islamo-gauchisme qui criait « mort aux juifs ! » mais plutôt trois articles à un groupuscule extrémiste juif censé avoir eu la capacité de provoquer les manifestants, ainsi qu’un article empathique et esthétisant sur cette « génération Gaza » qui descendait sur le pavé.
Cet état d’anomie ou tout est permis, je le connais bien. Déjà en 1982, pendant la guerre qu’Israël livrait à l’OLP d’ Arafat au Liban, le journal Libération, lui aussi chantre de l’antiracisme, avait publié une lettre d’un lecteur nommé Kamel dans lequel celui-ci se proposait d’aller vider sa kalachnikov rue des rosiers, trois semaines avant qu’un groupe palestinien ne s’en charge réellement. Déjà Le Monde, avec un bel esprit confraternellement outragé, se déclara solidaire de son impétueux confrère que je crus néanmoins devoir faire sanctionner devant les tribunaux.
Qu’on se rassure, Serge July ne fut certainement pas condamné à neuf fois de prison fermes, tel une vulgaire membre du Front National.
Quelques massacres antijuifs plus tard en France ou en Belgique, quelques manifestations islamo-gauchistes avec débordements antisémites plus loin, les choses, on le voit n’ont changé qu’en pire.
Dans ma précédente chronique (« questions aux champions de l’islamo-gauchisme ») je posais crûment cette première question : un pays démocratique, lorsqu’il est agressé par une organisation terroriste qui s’abrite derrière sa population doit-il riposter, au risque d’entraîner des pertes civiles, ou bien doit-il stoïquement subir le diktat de l’agresseur ?
On remarquera que personne, parmi les procureurs les plus sévères de l’État d’Israël ne répond jamais à cette question. Quant aux états occidentaux qui légitiment la difficile riposte israélienne au nom de la légitime défense, leur condamnation suit immédiatement ladite riposte autorisé, dès les premiers malheureux civils touchés .
On le voit, l’hypocrisie n’est pas loin. Même l’ultra pacifiste israélien Amos Oz a posé ma question à un quotidien allemand en demandant : « si votre voisin d’en face tire d’une garderie d’enfants sur votre garderie, que faites-vous ? »
Bien entendu, il est toujours loisible de prendre la posture morale très esthétique de refuser en toutes circonstances de mettre en danger des femmes (remarquons dans un tout autre ordre d’idées que la protection particulière qui leur est dévolue par principe par rapport aux hommes survit aux théories du genre et aux féminismes les plus radicaux), des enfants, des vieillards. Et il est difficile, face à ceux qui prennent sévèrement cette pose de résister à ce surmoi tétanisant .
A fortiori lorsqu’on leur impose, jour après jour, des images insoutenables , choisies exclusivement sur le seul lieu du monde où l’enfer est censé désormais régner.
Sauf que lesdits poseurs, les donneurs de leçons de morale gratuite, les Antigone en soldes, sont , par essence, des tartuffes absolus.
Ceux qui en effet posent comme postulat indiscutable sauf à brûler dans les flammes de la géhenne, le principe absolu de la sacralisation des civils, sont les mêmes qui ont toujours trouvé toutes les excuses au terrorisme aveugle contre d’autres civils.
Pour être plus concret, ceux qui vouent le plus aux gémonies l’État d’Israël pour les dégâts collatéraux commis dans le cadre de sa riposte au Hamas sont ceux qui trouvent le plus de raisons à ses membres « désespérés », et qui se gardent bien de nommer « terroristes », lorsqu’ils font sauter un restaurant ou un autobus remplis de femmes, d’enfants et de vieillards.
J’aurais passé une bonne partie de ma vie intellectuelle à m’étonner que l’on ne s’étonne pas davantage de la morale perverse de ces étranges adversaires de la peine de mort donnée aux coupables par l’État démocratique mais qui ont toujours toléré tous les massacres d’innocents dès lors qu’ils sont perpétrés au nom de la colère sanctifiée des masses ou du peuple.
Lors d’un bombardement médiatique, et sur ce fond de religion idéologique, inutile de demander à la presse de s’intéresser religieusement aux faits, sauf à être rangé dans la catégorie des suspects.
Qu’on ne croit pas que ce postulat s’applique seulement à l’accablement d’Israël. Ainsi, au début du conflit Ukraine-Russie, l’ensemble de la presse française qui avait désigné d’avance le bon et le méchant, s’est trouvée dans l’incapacité totale, de constater, simplement, sans jugement d’ordre moral ou politique, que c’étaient bien des miliciens pro-ukrainiens qui avaient provoqué un incendie entraînant accidentellement la mort de 35 personnes.
Il en est de même à Gaza. Par gros temps médiatique, n’essayez pas de seulement suggérer que les bilans fournis par le Hamas ne doivent pas être lus comme s’il s’agissait du Moniteur ou du Journal Officiel. N’essayez pas de vous indigner que l’on puisse prendre au sérieux les indignations d’un Conseil des droits de l’homme de l’ONU, aux mains d’une majorité automatique et islamique et qui passe le plus clair de son temps à la condamnation quasi exclusive d’un seul État. N’essayez pas de ne pas de récuser les accusations de sa présidente ,Navy Pillay qui, déjà, en 2005, et après le dépôt d’un rapport sur les viols commis sur les femmes en Palestine, les avait mis au débit d’Israël au regard de la frustration que celui-ci causait aux hommes palestiniens qui n’avaient plus d’autre recours qu’à se revancher sur leurs femmes. N’essayez pas de faire observer que désormais les agences de presse internationales basées à Gaza sont, pour des raisons évidentes de sécurité, aux mains de palestiniens. N’essayez pas de leur lire les témoignages de journalistes occidentaux après leur sortie de Gaza et qui reconnaissent avoir été menacés pour avoir tenté de filmer des combattants ou des missiles tirés à partir d’hôpitaux ou d’écoles. N’essayez pas de ressortir la confession du juge Goldstone dans le New York Times du 1er avril 2011 qui regrettait d’avoir condamné Israël dans son rapport onusien depuis qu’il avait découvert qu’Israël ne faisait qu’exercer sa légitime défense en évitant autant que faire se peut de toucher les civils et que c’était le Hamas qui avait commis des crimes de guerre en lançant des rockets à l’aveugle sur la population civile israélienne et en utilisant son propre peuple comme bouclier humain. N’essayez pas . Vous vous disqualifieriez de dire la vérité.
Soyez patients. Attendez la fin du bombardement médiatique pour la dire. Vous le pourrez un peu.
Ce sera seulement trop tard.
Gilles-William Goldnadel
http://www.valeursactuelles.com/soci%C3%A9t%C3%A9/antis%C3%A9mitisme-silences-des-grands-pr%C3%AAtres-lantiracisme
A noter qu’aucun des commentateurs pro palestiniens réclamant vivre sous l’empire de la Morale Universelle et Antiraciste pour fustiger Israël n’a estimé de son devoir de fustiger les commentaires précités.
À noter encore que durant cette saison chaude qui vit la communauté juive prise à partie, des synagogues attaquées et des magasins juifs mis à sac, l’organe de la Morale Universelle ne s’estima pas non plus devoir consacrer un éditorial à cet islamo-gauchisme qui criait « mort aux juifs ! » mais plutôt trois articles à un groupuscule extrémiste juif censé avoir eu la capacité de provoquer les manifestants, ainsi qu’un article empathique et esthétisant sur cette « génération Gaza » qui descendait sur le pavé.
Cet état d’anomie ou tout est permis, je le connais bien. Déjà en 1982, pendant la guerre qu’Israël livrait à l’OLP d’ Arafat au Liban, le journal Libération, lui aussi chantre de l’antiracisme, avait publié une lettre d’un lecteur nommé Kamel dans lequel celui-ci se proposait d’aller vider sa kalachnikov rue des rosiers, trois semaines avant qu’un groupe palestinien ne s’en charge réellement. Déjà Le Monde, avec un bel esprit confraternellement outragé, se déclara solidaire de son impétueux confrère que je crus néanmoins devoir faire sanctionner devant les tribunaux.
Qu’on se rassure, Serge July ne fut certainement pas condamné à neuf fois de prison fermes, tel une vulgaire membre du Front National.
Quelques massacres antijuifs plus tard en France ou en Belgique, quelques manifestations islamo-gauchistes avec débordements antisémites plus loin, les choses, on le voit n’ont changé qu’en pire.
Dans ma précédente chronique (« questions aux champions de l’islamo-gauchisme ») je posais crûment cette première question : un pays démocratique, lorsqu’il est agressé par une organisation terroriste qui s’abrite derrière sa population doit-il riposter, au risque d’entraîner des pertes civiles, ou bien doit-il stoïquement subir le diktat de l’agresseur ?
On remarquera que personne, parmi les procureurs les plus sévères de l’État d’Israël ne répond jamais à cette question. Quant aux états occidentaux qui légitiment la difficile riposte israélienne au nom de la légitime défense, leur condamnation suit immédiatement ladite riposte autorisé, dès les premiers malheureux civils touchés .
On le voit, l’hypocrisie n’est pas loin. Même l’ultra pacifiste israélien Amos Oz a posé ma question à un quotidien allemand en demandant : « si votre voisin d’en face tire d’une garderie d’enfants sur votre garderie, que faites-vous ? »
Bien entendu, il est toujours loisible de prendre la posture morale très esthétique de refuser en toutes circonstances de mettre en danger des femmes (remarquons dans un tout autre ordre d’idées que la protection particulière qui leur est dévolue par principe par rapport aux hommes survit aux théories du genre et aux féminismes les plus radicaux), des enfants, des vieillards. Et il est difficile, face à ceux qui prennent sévèrement cette pose de résister à ce surmoi tétanisant .
A fortiori lorsqu’on leur impose, jour après jour, des images insoutenables , choisies exclusivement sur le seul lieu du monde où l’enfer est censé désormais régner.
Sauf que lesdits poseurs, les donneurs de leçons de morale gratuite, les Antigone en soldes, sont , par essence, des tartuffes absolus.
Ceux qui en effet posent comme postulat indiscutable sauf à brûler dans les flammes de la géhenne, le principe absolu de la sacralisation des civils, sont les mêmes qui ont toujours trouvé toutes les excuses au terrorisme aveugle contre d’autres civils.
Pour être plus concret, ceux qui vouent le plus aux gémonies l’État d’Israël pour les dégâts collatéraux commis dans le cadre de sa riposte au Hamas sont ceux qui trouvent le plus de raisons à ses membres « désespérés », et qui se gardent bien de nommer « terroristes », lorsqu’ils font sauter un restaurant ou un autobus remplis de femmes, d’enfants et de vieillards.
J’aurais passé une bonne partie de ma vie intellectuelle à m’étonner que l’on ne s’étonne pas davantage de la morale perverse de ces étranges adversaires de la peine de mort donnée aux coupables par l’État démocratique mais qui ont toujours toléré tous les massacres d’innocents dès lors qu’ils sont perpétrés au nom de la colère sanctifiée des masses ou du peuple.
Lors d’un bombardement médiatique, et sur ce fond de religion idéologique, inutile de demander à la presse de s’intéresser religieusement aux faits, sauf à être rangé dans la catégorie des suspects.
Qu’on ne croit pas que ce postulat s’applique seulement à l’accablement d’Israël. Ainsi, au début du conflit Ukraine-Russie, l’ensemble de la presse française qui avait désigné d’avance le bon et le méchant, s’est trouvée dans l’incapacité totale, de constater, simplement, sans jugement d’ordre moral ou politique, que c’étaient bien des miliciens pro-ukrainiens qui avaient provoqué un incendie entraînant accidentellement la mort de 35 personnes.
Il en est de même à Gaza. Par gros temps médiatique, n’essayez pas de seulement suggérer que les bilans fournis par le Hamas ne doivent pas être lus comme s’il s’agissait du Moniteur ou du Journal Officiel. N’essayez pas de vous indigner que l’on puisse prendre au sérieux les indignations d’un Conseil des droits de l’homme de l’ONU, aux mains d’une majorité automatique et islamique et qui passe le plus clair de son temps à la condamnation quasi exclusive d’un seul État. N’essayez pas de ne pas de récuser les accusations de sa présidente ,Navy Pillay qui, déjà, en 2005, et après le dépôt d’un rapport sur les viols commis sur les femmes en Palestine, les avait mis au débit d’Israël au regard de la frustration que celui-ci causait aux hommes palestiniens qui n’avaient plus d’autre recours qu’à se revancher sur leurs femmes. N’essayez pas de faire observer que désormais les agences de presse internationales basées à Gaza sont, pour des raisons évidentes de sécurité, aux mains de palestiniens. N’essayez pas de leur lire les témoignages de journalistes occidentaux après leur sortie de Gaza et qui reconnaissent avoir été menacés pour avoir tenté de filmer des combattants ou des missiles tirés à partir d’hôpitaux ou d’écoles. N’essayez pas de ressortir la confession du juge Goldstone dans le New York Times du 1er avril 2011 qui regrettait d’avoir condamné Israël dans son rapport onusien depuis qu’il avait découvert qu’Israël ne faisait qu’exercer sa légitime défense en évitant autant que faire se peut de toucher les civils et que c’était le Hamas qui avait commis des crimes de guerre en lançant des rockets à l’aveugle sur la population civile israélienne et en utilisant son propre peuple comme bouclier humain. N’essayez pas . Vous vous disqualifieriez de dire la vérité.
Soyez patients. Attendez la fin du bombardement médiatique pour la dire. Vous le pourrez un peu.
Ce sera seulement trop tard.
Gilles-William Goldnadel
http://www.valeursactuelles.com/soci%C3%A9t%C3%A9/antis%C3%A9mitisme-silences-des-grands-pr%C3%AAtres-lantiracisme
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