Il est un conflit qui déchaîne les passions, quand d’autres se répandent dans l’indifférence générale. Comme il est des victimes plus médiatiques que d’autres morts moins télégéniques. Il y a la « pro-palestinian attitude » qui a le vent du politiquement correct en poupe ; on ne sait pas toujours pourquoi mais un palestinisme affiché ça fait de vous quelqu’un de bien, du moins sous nos latitudes hexagonales. Peut-on changer la donne ? Oui, affirme avec conviction Michel Azoulay à la tête de l’ONG «Face Of Israël».
Dans le contexte sans cesse conflictuel auquel Israël est confronté depuis sa création, il est crucial de favoriser les rencontres. C’est à cette tâche ardue que s’attèle sans relâche l’ONG «The Face Of Israël». «Financée par des investissements privés, elle offre des programmes sur mesure, complets et indépendants aux personnes d’influence et aux groupes du monde entier qui souhaitent visiter l’Etat hébreu», explique son Président Michel Azoulay. De jeunes cadres de l’UMP curieux, ont tenté l’aventure. « Les valeurs de la droite c’est l’ouverture sur les autres et la fierté de son pays », rappelle Marie Astrid de Montmarin, membre du directoire et Déléguée Nationale des Jeunes Populaires-RDJ des Yvelines.
En quête de valeurs communes…
L’UMP défend des valeurs qui se portent bien en Israël : la famille, la solidarité, une forte natalité, de quoi faire rêver ces jeunes politiciens. « Nous sommes confrontés à une émigration des jeunes et des élites. Ils cherchent moins de pression et un meilleur cadre de vie. C’est préoccupant pour l’avenir du pays », s’inquiète Guillaume de Caristan, maire adjoint de Palaiseau – Président d’Opposition Républicaine Jeunes. « Un jeune diplômé sur 4 veut quitter le pays », regrette-t-il, « On veut comprendre pourquoi Israël attire autant malgré un contexte géopolitique complexe et hostile ».
Très inquiets et concernés par les enjeux démographiques, les dangers du communautarisme auxquels l’hexagone doit faire face, ils sont en quête d’un modèle. Elsa Shalk conseillère régionale d’Alsace à Strasbourg suite à la profanation de tombes juives et musulmanes s’inquiète d’un vivre ensemble en péril. « Je suis sensible à ces problèmes de vivre ensemble. C’est pourquoi nous avons instauré « la journée de l’Autre ». Je porte donc un regard tout particulier sur Israël qui est confronté à une population mixte. Et sur le terrain on voit que globalement ça fonctionne ». Jonas Haddad l’approuve : « La joie et le dynamisme, nous ne nous y attendions pas vraiment dans un pays menacé et en proie aux guerres depuis des années. Une immigration plutôt réussie et un vivre ensemble qui fonctionne malgré les énormes différences culturelles des habitants de toutes origines, c’était un bel étonnement », avoue-t-il.
Et en quête d’inspiration
Israël est confronté à des défis qui se posent aussi à la France. Une France selon eux, bien mal en point. « La France ne fait plus rêver. Il nous faut un électrochoc pour éviter le déclin. Nous voulons initier des groupes de travail pour trouver des solutions ou au moins matière à réflexion » explique Jonas Haddad délégué national des jeunes de l’UMP et en charge de l’entreprenariat qui admet que l’attrait de la Start Up Nation est indéniable. « On est venu avec des questions, une attente, pour voir comment ce pays continuellement en guerre relève les défis économiques, pour identifier une dynamique et la transposer en France ».
Avec des traditions vivaces, les israéliens n’en sont pas moins passés maîtres dans le domaine de l’innovation. Sans compter la contribution inégalée d’Israël dans les domaines de la médecine, des universités, de la haute technologie et du commerce. « La vitalité du pays, les particularités de l’entrepreneur israélien qui voit grand et global pour envisager un partenariat sur du long terme (veolia, alstrom alcatel entre autre sont déjà implantés on veut savoir pourquoi. La réalité est assurée par des gens issus de l’entreprise plutôt que génération 2.0 », précise Jonas Haddad.
A droite et fiers de l’être
Au programme, un marathon de visites (lieux Saints, la cité de David, Shilo, de la Knesset, grandes entreprises, (centre industriel de Barat), incubateurs, (Google). Et bien sûr des politiques, les médias israéliens avec la visite de la toute nouvelle chaîne israélienne i24news qui diffuse des informations en continu en anglais en français et en arabe) et bien sûr le terrain pour une approche sur place avec le conflit israélo-palestinien, avec un haut représentant de Tzahal, Dan Catarivas, président de l’Association des Industriels Israéliens (le Medef Israélien).
«Se rendre sur place et se rendre compte de la réalité du terrain impose d’avoir un regard différent et plus avancé sur la situation, la compréhension du problème et ses enjeux. Les discussions passionnantes avec les acteurs de la société civile, les militaires, les responsables politiques, les commerciaux offrent un panel de positions permettant d’avoir une vue globale. Chaque personne défend son domaine de compétence ; ainsi nous pouvons mieux saisir les enjeux dans le domaine économique, stratégique, politique», fait remarquer Pierre-Henri Bovis, Maire-adjoint d’Achères dans les Yvelines et Délégué National des jeunes de l’UMP.
Le groupe a souhaité s’entretenir avec les représentants politiques israéliens. Il est à regretter que les partis Yesh Latid, Meretz et Hatuna, pourtant invités aient boudé la rencontre. C’est donc avec leurs homologues de droite israélienne et du centre-droite qu’ils auront échangé avec notamment Davidi Hermelin du Likoud et Mickaël Kaplun du Bayit Beitenou, et le YLBC «Young Likoud Beitenou Consolidation», qui a vocation de tisser des liens entre les jeunesses de partis de centre droite sur la scène internationale.
«De ce voyage, nous sommes revenus avec de nombreuses idées, pour l’entreprenariat en France, pour la conduite de notre diplomatie», se félicite Arthur Prévôt, Responsable du Pôle International des Jeunes de l’UMP, «et au niveau des jeunes, nous espérons renforcer nos liens avec le mouvement de jeunesse du Likoud», prévient-il.
La guerre etcetera
De leur propre aveu, la plupart n’ont pas entrepris ce voyage avec des a-priori sur Israël. «On est venus chercher une lecture différente du conflit qui est un des plus importants et pour lequel nous aurons possiblement à penser des solutions», confie Marie Astrid de Montmarin. «Nous sommes venus approfondir notre connaissance de l’histoire de ce pays qui a un rôle déterminant à jouer au cœur du Moyen-Orient une histoire tellement complexe impossible à comprendre en France où l’information laisse à désirer», reconnaît-elle. «Il faut aussi du recul pour en appréhender les tenants et les aboutissants. C’est pour cela que j’ai tenu à venir». Et leur périple leur a déjà beaucoup apporté. «Pour le passionné d’Histoire et de relations internationales que je suis, ce pays représente tellement de choses. La première véritable leçon que j’ai apprise, c’est que ce pays est en guerre», confie Arthur Prévôt, responsable du Pôle International des Jeunes de l’UMP. En partageant le quotidien des israéliens, ils ont découvert leur désir de paix qu’ils n’imaginaient pas. «Ce qui est troublant c’est la «normalité» de la situation en Israël ; la guerre est permanente et elle est entrée dans le quotidien de la population. Troublant et inquiétant car quelle peut être l’issue d’une telle situation lorsque des personnes connaissent la mort toutes les semaines, des rockets détruisent des bâtiments régulièrement …», s’interroge Pierre- Henri Bovis.
L’option qui consiste à arpenter l’Etat hébreu à la rencontre le conflit sur le théâtre des opérations est riche d’enseignements. «Nos visites de Sdérot et Ashkelon m’ont permis de comprendre ce que c’était que la vie d’une nation en guerre. On a l’impression, lorsqu’on est en Israël d’être dans une bulle au milieu du chaos et de la violence de ce Proche et Moyen-Orient, une bulle qui peut à tout moment éclater. Cette situation conditionne, je pense, en grande partie la mentalité du peuple israélien. Un peuple créatif, entreprenant et disposant d’un instinct de survie qui force mon admiration», avoue Arthur Prévôt.
La couverture médiatique du conflit pose question
Le conflit israélo-palestinien se nourrit de clichés, de parti-pris, d’idées toutes faites et surtout d’une bonne dose d’ignorance qui alimente un antisémitisme vigoureux. Inverser la tendance est plus que jamais capital pour l’Etat hébreu pour autant qu’il veuille infléchir les partis pris antisionistes primaire et réintroduire la réflexion dans le débat. Devrions-nous jeter l’éponge devant l’ampleur de la tâche ? «En aucun cas», s’insurge Michel Azoulay, bien décidé à œuvrer pour rectifier le tir. «Outre les délégations en Israël, nous œuvrons sur le terrain pour favoriser une meilleure compréhension du point de vue d’Israël auprès des correspondants des médias étrangers et la nouvelle génération de journalistes et de blogueurs dans le monde qui souhaitent comprendre le conflit ‘à sa racine’. Nos équipes sont interviewées en permanence sur les grandes chaînes internationales et plus particulièrement aux USA et en Europe», se félicite-t-il.
Plus que jamais le questionnement, le doute, l’emploi du conditionnel devraient être de mises dans le traitement de l’information. Mais du journalisme au «propagandisme», il n’y a souvent qu’un faux pas. «Forcément, on ne connaît le conflit que sous le prisme des médias, et on nous démontre ici que le traitement des médias français est partial», reconnaît Marie Astrid de Montmarin. «Il y a deux possibilités. Soit on considère que les médias français versent d’un côté ou de l’autre en suivant la tendance par manque d’information. Soit on considère que les médias français, en crise économique majeure, ont de plus en plus besoin de nourrir leurs contenus de sensationnalisme et alors ce sont les traitements les plus violents qui arrivent aux yeux des Français», souligne Jonas Haddad. «Personnellement, je pense que c’est les deux».
Il appartient désormais aux citoyens de se faire par eux-mêmes, une idée aussi juste que possible de la réalité des faits et de s’interroger sur la pertinence et la fiabilité des informations qu’on leur donne. «Le drame du XXIe siècle est que nous passons dans la société spectacle, guidée par le souci de l’audimat et la nécessité de «surprendre» le téléspectateur. Coincés dans cet étrange paradoxe que de refléter au mieux la réalité tout en continuant de «vendre» les médias ont une double casquette : journaliste et commercial. C’est ensuite au téléspectateur de s’y retrouver», souligne Pierre-Henri BOVIS.
Au cœur du conflit
Ces cadres de l’UMP sont arrivés alors que la Nation israélienne pleurait la mort des trois adolescents enlevés. Immergés d’entrée dans la dure réalité du pays, happés par le deuil et le chagrin dans lesquels étaient plongés les israéliens, ils ont voulu spontanément faire une minute de silence. « On a beau voir les images, on ne ressent pas la même chose quand on voit de ses propres yeux une usine détruite par une roquette, un hôpital sous haute surveillance ou un poste de commandement militaire en alerte permanente », reconnaît Jonas Haddad. Ils sont revenus en France avec le sentiment que ceux qui n’y sont jamais allés ne pourront jamais vraiment comprendre ce qui s’y passe. « Quand j’entends, depuis mon retour, parler d’apartheid ou d’Etat raciste, je ne peux que m’insurger devant une telle ignorance », regrette Arthur Prévôt, « cependant, attention à ne pas tomber dans une attitude pro-Israël qui peut s’avérer aussi inexacte qu’une attitude pro-palestinienne. Rien n’est blanc, rien n’est noir », prévient-il. « Il faut juste trouver un équilibre, ce que ce voyage nous a permis de faire, j’en suis persuadé ».
Un des moments forts de leur séjour, restera sans doute cette courte halte où du haut d’une des collines de Samarie, ils ont aperçu au loin les tours de Tel Aviv et à quelques encablures, l’aéroport Ben Gourion, « à portée de roquettes », comme le leur a fait remarquer Elie Pieprz, qui siège au Conseil régional de Judée Samarie, qui a prévenu que « si l’on cède ce territoire à une entité non démilitarisée, ce serait suicidaire ». Des propos qui revêtent une pertinence accrue, en pleine opération « Bordure Protectrice ».
« Ce voyage nous a permis de mieux approcher le problème, mieux le cerner sans pour autant le comprendre vraiment. Ce serait d’ailleurs une belle leçon pour nos pseudos-intellectuels, avides de bien-pensance, du « cercle de Saint-Germain-des-Prés » que de se rendre en Israël. Certains pourraient ainsi s’exprimer en connaissance de cause, le contraire étant souvent irritant », pointe Pierre-Henri BOVIS.
Des élites aux côtés d’Israël
«L’indigence programmatique qui tient lieu de «viatique» à l’UMP ne s’explique pas autrement que par les renoncements successifs de ses «leaders». Ils ont tous plié devant la dictature du «politiquement comme il faut, exercée par les journalistes», affirme Marc Suivre, Conseil en stratégie politiques et communication publique. « Nos «grands» Hommes ont longtemps été persuadés, par leurs attachés de presse respectifs, qu’il fallait «composer avec la sensibilité des médias» (comprendre : être de gauche) pour faire passer un «message » (comprendre : espérer être élu). Un message, du reste, de plus en plus vide de sens. Les «communicants» ont ainsi fabriqué des bêtes de concours agricoles, totalement déconnectées du pays réel, afin de plaire à des journalistes qui, eux, vivent sur Mars», ironise-t-il. »
Pour ce fin limier, si Juppé est à ce point adulé par les médias, c’est parce qu’ « il est la quintessence de l’esprit munichois de la droite française qui a tout abandonné à l’adversaire, pour s’excuser de ne pas être de gauche », assène-t-il.
Certes. Mais il s’agit de l’arrière garde. Pour lui donner tort on voudrait pouvoir dire «place aux jeunes et tout de suite». «Nous, on veut rompre avec la repentance de la gauche, restaurer une colonne vertébrale. Nous sommes pour une identité nationale forte, la France n’est pas menacée si elle se révèle capable de se remettre en question» martèle Marie Astrid de Montmarin. Ces cadres de l’UMP démontrent que tout n’est pas joué. Ils sont mûrs pour reprendre le flambeau et relever les défis qui se posent à la France. «C’est le politique qui doit ciseler l’opinion générale et non l’inverse ; une difficulté de notre société où l’inquiétude du passage devant les urnes force certains à adopter des positions contraires à leurs convictions… La force des idées doit suivre la force des convictions pour mener une politique forte, sans peur ni crainte, sans tabou», affirme Pierre-Henri BOVIS.
Leur énergie, leur combativité, leur amour pour leur pays et les valeurs qu’ils veulent défendre, laissent à espérer qu’avec ces jeunes pousses, passionnées et passionnantes, envers et contre tout, la France a encore un avenir et qu’Israël sera du paysage, compagnon de route stimulant et fidèle d’un hexagone à la croisée des chemins.
Kathie Kriegel
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