L’armée israélienne s’est repliée sur une zone de sécurité autour de l’enclave palestinienne. Pour combien de temps et avec quelles perspectives ?
Samedi soir, tel un film au scénario connu d’avance, Tsahal a retiré ses forces des localités palestiniennes nord et sud de la bande de Gaza. Officiellement, l’opération « bordure protectrice » – déclenchée le 7 juillet – ne touche pas à sa fin. L’armée évoque un repli tactique qui ne remet pas en cause l’engagement des troupes encore déployées sur le terrain à combattre les groupes islamistes de Gaza.
Une fois la destruction, désormais imminente, des tunnels « offensifs » du Hamas, la mission de Tsahal reste cependant opaque. Les blindés et l’infanterie se sont temporairement repositionnés dans une zone-tampon d’environ 3 km autour de l’enclave palestinienne, y compris le long de l’axe de Philadelphie, frontalier de l’Egypte. C’est dans ce secteur stratégique que se trouvent toujours des centaines de tunnels de contrebande – bouchés côté égyptien – lesquels ont permis aux factions palestiniennes de constituer leur redoutable arsenal de guerre.
Depuis la rupture du dernier cessez-le-feu vendredi matin, le gouvernement israélien ne souhaite plus négocier aucun accord avec le Hamas. Au Caire, l’initiative égyptienne se heurte à l’irrédentisme du Hamas, en particulier de son aile dure incarnée Mohamed Deif – illustre figure des brigades Ezzedine al Qassam – et Khaled Mechaal qui, en plus de la levée du blocus, exigent la construction d’un port et d’un aéroport à Gaza. Irrecevable avant la guerre, cette requête l’est encore plus aujourd’hui du point de vue israélien.
Une guerre d’usure
Parce qu’il a engagé toutes ses ressources militaires dans la bataille, franchissant au passage de nombreuses lignes rouges contre Israël, le mouvement islamiste palestinien est pris dans sa propre logique d’engrenage. S’il poursuit la confrontation, il compromet à moyen terme sa survie comme organisation politique et militaire. Ses chefs sont des cibles. Ils ne pourront pas éternellement vivre, sous terre comme dans une tombe, dans la clandestinité. A l’inverse, si le Hamas dépose les armes, accepte un cessez-le-feu ou une trêve sans s’être fait entendre, il se condamne à perdre rapidement le pouvoir et, pire, toute légitimité.
Après vingt-cinq jours d’opération, Tsahal semble avoir enfin pris l’ascendant psychologique. L’état-major estime que le Hamas perd progressivement ses moyens, en témoigne ses tirs de roquettes de plus en plus sporadiques et limités – presque essentiellement – aux localités israéliennes frontalières de Gaza. En opérant un retrait de Bet Hanoun, Bet Lahia ou encore Khan Younes, au sud, l’armée s’autorise des incursions ponctuelles, ciblées, comme au temps de la seconde Intifada et jusqu’au retrait du Goush Katif, en juillet 2005.
Mais le statu quo actuel reste plein d’incertitudes. Le redéploiement opéré par Tsahal semble indiquer qu’il n’y aura pas de réoccupation de la bande de Gaza. En l’absence de solution diplomatique, c’est le scénario d’une guerre d’usure qui est privilégié. Problème : il expose les soldats israéliens à des embuscades et à des tentatives d’infiltration contre leurs positions à l’intérieur du territoire gazaouie. De même, il donne au Hamas le prétexte à de nouveaux tirs – dans la mesure de ses capacités de production artisanales -, contre les grandes agglomérations israéliennes : Tel Aviv, Jérusalem et Haïfa. L’arrière-front israélien peut-il durablement s’en accommoder ?
Maxime Perez
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