La dernière chance d’Israël et de la Palestine, par Jacques Attali

Encore une fois, un conflit éclate entre Israël et l’un de ses voisins ; cette fois, comme en 2008, contre le Hamas, qui gouverne encore à Gaza.
Jacques-Attali
L’engrenage semble inexorable. L’assassinat de 3 jeunes israéliens. Le meurtre abominable d’un jeune palestinien. Des missiles lancés de Gaza par le Hamas sur les villes israéliennes et sur l’aéroport international, pour l’instant sans provoquer de catastrophe, en raison de l’extraordinaire efficacité des missiles antimissiles israéliens. Et des bombardements israéliens meurtriers sur Gaza pour mettre fin aux envois de missiles.
On voit bien où conduit cet engrenage : des milliers de victimes de la cote palestinienne, ce qui affaiblira le Fatah, accusé de « collaboration » avec Israël. D’autres victimes, du côté israélien, ce qui y nourrira un désir de vengeance.
Dans les deux pays, des gouvernants de plus en plus faibles.
En Palestine, un discrédit de tous les dirigeants ; au point que, si des élections y avaient lieu maintenant, le Hamas gagnerait en Cisjordanie et le Fatah à Gaza, laissant le pays, ou ce qui en tient lieu, totalement ingouvernable.
En Israël, une coalition branlante entre les extrémistes de M. Libermann et ceux de M. Netanyahou, en perte de vitesse. Tandis que le président Peres s’apprête à quitter la présidence.
A cote, une Egypte à peine convalescente et qui combat autant les Frères musulmans chez elle que le Hamas à Gaza. Un Liban paralysé par le Hezbollah, c’est à dire par l’Iran. Une Syrie martyre, dont le tyran, comme ses ennemis, soutiennent le Hamas. Un Irak en pleine déliquescence où émergent deux nouveaux Etats. L’un kurde et pacifique ; l’autre, islamique et sunnite, fer de lance d’une guerre de religions entre les deux branches de l’islam.
Face à cela, aucune grande puissance n’est à l’aise.
Les Etats Unis, qui se retrouvent alliés de l’Iran contre les terroristes sunnites, ont timidement proposé un arbitrage, dont personne n’a voulu. La France, qui est tiraillée entre la position traditionnellement pro-palestinienne du Quai d’Orsay et celle, beaucoup plus équilibrée, de la classe politique française, gauche et droite confondues. Une Europe sans direction. Une Russie et une Chine obsédées par le souci de ne pas nourrir les extrémismes islamiques à leurs propres marges.

j@attali.com
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http://blogs.lexpress.fr/attali/2014/07/14/derniere-chance-israel-palestine/
 

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