Après huit jours de guerre larvée autour de la bande de Gaza, Israël vient d’accepter une proposition de cessez-le-feu égyptienne. Sans avoir changé durablement la donne stratégique avec le Hamas.
« Cette fois, nous sommes prêts à aller jusqu’au bout », avait averti Benyamin Netanyahou, au déclenchement de l’offensive « bordure protectrice », en réponse au pilonnage des localités frontalières de Gaza. Le premier ministre israélien, qui martèle depuis des années qu’il empêchera l’Iran de développer l’arme nucléaire et dénonce avec véhémence les ravages de l’islam radical, s’apprête à accorder un nouveau sursis au Hamas. La proposition de cessez-le-feu égyptienne présentée lundi soir aux belligérants et supposée ouvrir la voie à des négociations sur un nouvel accord de trêve, a recueilli les faveurs d’une majorité de ministres du cabinet de sécurité israélien, à l’exception notable d’Avigdor Lieberman et Naftali Bennett.
L’OPINION ISRAÉLIENNE EST PARTAGÉE
L’opinion israélienne est partagée. D’un coté, l’arrêt des hostilités est un soulagement. Du nord au sud du pays, près de 5 millions d’Israéliens ont du se ruer aux abris à chaque nouvelle alerte antiaérienne. Pour beaucoup, l’expérience a été éprouvante. Mais de l’autre, comment reprendre une vie normale en sachant que l’arsenal du Hamas et du Jihad islamique n’aura aucun mal à se reconstituer et que dans un an ou deux tout au plus, des missiles – peut être plus nombreux et plus puissants – s’abattront de nouveau sur les grandes agglomérations d’Israël ? Quel message Benyamin Netanyahou est-il en passe de transmettre à la population et à ses électeurs s’il décide d’un cessez-le-feu sans réelles garanties sécuritaires ?
Après une semaine de confrontation avec le Hamas, l’Etat hébreu semble se satisfaire de deux points. Sur le plan opérationnel, les frappes de l’aviation israélienne auraient permis d’anéantir 40% des capacités militaires du Hamas. Tsahal indique que sur les 9.000 roquettes aux mains des factions palestiniennes de Gaza, près de 3.000 ont été détruites par des bombardements ciblés, tandis que 1.000 autres ont été utilisées dans le territoire israélien. Parallèlement, grâce au système antimissile Dôme de fer – 145 interceptions réussies au-dessus des villes israéliennes – et à l’attitude disciplinée de l’arrière-front, les dommages sont mineurs. Avec ses drones et ses commandos marins, le Hamas n’est pas non plus parvenu à infliger un coup dur à la population.
POURQUOI NE PAS DONNER L’ESTOCADE ?
Pourquoi donc ne pas donner l’estocade au mouvement islamiste palestinien, affaibli et frustré ? La première réponse réside dans la légitimité internationale. Benyamin Netanyahou veut montrer au monde qu’il agit avec sang froid et qu’il ne fait que répondre aux attaques des factions palestiniennes. Si les tirs de roquettes se poursuivent, le chef du gouvernement israélien n’aura pas d’autre choix que d’engager tanks et infanterie à l’assaut de la bande de Gaza. L’accord de cessez-le-feu serait donc au mieux un test, au pire un coup de bluff diplomatique.
Autre analyse possible : comme après les opérations « Plomb durci » et « Pilier de défense », Israël semble estimer qu’une trêve de quelques mois ou quelques années est plus appréciable que la perte de dizaines de soldats dans les ruelles piégées de Gaza, Bet Lahia et Rafah. Après tout, si l’objectif n’est pas de renverser le Hamas, alors pourquoi engager une périlleuse offensive terrestre ? Voilà qui pose une autre réflexion : l’organisation islamiste ne serait-elle pas, en fin de compte, l’ennemi utile de Benyamin Netanyahou ? Qu’importe les tirs sur Tel Aviv, Jérusalem et Haïfa, l’actuel premier ministre israélien n’entend pas se débarrasser du Hamas, son meilleur faire-valoir pour ne pas négocier la paix avec les Palestiniens et, surtout, avec l’impuissant Mahmoud Abbas.
Reste à attendre la réaction des différentes factions palestiniennes sur le terrain, à commencer par le Jihad islamique que l’Iran presse de poursuivre la bataille contre Israël. Même les brigades Ezzedine al Qassam, branche armée du Hamas, ne semblent pas satisfaites du statu quo actuel. Les heures à venir s’annoncent donc critiques. L’état-major de Tsahal reste en alerte, dans l’attente d’un ordre de l’échelon politique. Mais nul doute que le général Benny Gantz doit se demander à quoi bon lui sert de maintenir en l’état autant de blindés et d’unités d’infanterie si ces forces sont constamment amenées à rester en retrait du théâtre d’opération.
Maxime Perez
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