Je n'étais pas dimanche soir rue de la Roquette

« Je n’étais pas, dimanche soir, rue de la Roquette à Paris. Je ne sais pas pourquoi 200 femmes, hommes et enfants s’étaient assemblés à la synagogue. Je sais qu’ils y priaient un dieu qui n’a pas semblé les entendre.

Je n’étais pas, dimanche soir, rue de la Roquette à Paris. Je ne connais pas le motif de la réunion d’une cinquantaine d’hommes (et de femmes ?) devant cette même synagogue. Je sais qu’ils ont crié « Les Juifs hors de France » et « Mort aux Juifs » en tentant d’entrer en force dans ce lieu de culte, et que les forces de l’ordre ont demandé à tous ceux qui étaient à l’intérieur de ne pas en sortir pour éviter qu’il n’y ait de victime(s).
Je suis juif, et je ne quitterai pas la France. Je suis juif, je suis français, comme mes parents, mes grands-parents, et comme mes enfants et petits-enfants. Mon grand-père avait quitté Strasbourg pour ne pas entendre les nazis hurler « mort aux juifs » dans les rues, et je n’ai jamais pensé que j’aurais, moi, à affronter ces mêmes cris de haine, d’antisémitisme absolu, que rien, je dis bien absolument rien, ne peut et ne pourra jamais justifier.
Je ne quitterai pas la France et je combattrai par tous les moyens que nous donne la Loi ceux qui se placent au dessus et en dehors d’elle en proférant de telles horreurs.
Je dis que les autorités religieuses, quelles que soient les confessions qu’elles représentent, doivent s’élever avec vigueur contre de tels scandales. Je dis que les autorités de l’Etat doivent défendre les citoyens qui se mettent sous sa protection avec tous les moyens à leur disposition. Je dis que les autorités judiciaires doivent poursuivre tous ceux qui, par ces cris de haine raciste, se sont transformés en délinquants, voire en criminels.
Je dis aussi que tous les citoyens français, qui, dans leur immense majorité, ont été heurtés, blessés, par ces hurlements d’un autre âge que l’on espérait révolu, doivent se manifester et affirmer que mettre au ban une communauté quelle qu’elle soit, pour des raisons de race ou de religion, n’est pas admissible en France aujourd’hui. Que la France est grande parce qu’elle est multiple, ouverte et que le racisme, qui est un délit, n’y a pas sa place. Que nous sommes tous des citoyens français, que nul ne peut en chasser un autre, et encore moins appeler au meurtre, sans encourir les foudres de la loi et être condamné pour cela. »
JM Israël