Depuis que je regarde le Mondial,
j’ai honte d’être juif.
Alors que d’habitude nous n’avons pas notre pareil pour nous retrouver sous les feux de la rampe, éblouissant de notre génie intemporel les diverses activités du champ humain, récoltant ici et là mille et unes gratifications prouvant la fulgurance de notre pensée, là, depuis le début des rencontres, nous n’existons plus.
J’ai eu beau décortiquer le pédigrée des 736 joueurs convoqués pour cette compétition, tâter de leurs arbres généalogiques, traquer le moindre indice d’une possible ascendance juive, interroger la structure de leurs visages, scruter leurs morphologies nasales, étudier leurs bulletins scolaires, consulter leurs professions de foi, nulle part je n’ai trouvé la trace d’un joueur portant son judaïsme en crampons.
Grace à Google, j’ai quand même fini par en débusquer un : Kyle Beckerman, milieu de terrain dans l’Equipe américaine.
C’est peu.
En pourcentage, on obtient donc 0.00135689565 et des poussières de présence juive au Mondial brésilien.
Un chiffre qu’on pourrait éventuellement doubler, considérant que Mario Balotteli, le fantasque et déconcertant avant-centre de la Squadra Azzura, a été adopté par une famille juive mais j’ignore si le rabbin serait d’accord, la Torah à ce sujet – j’entends l’adoption de footballeurs – restant, pour une raison mystérieuse, des plus élusives.
Quelle déconfiture.
Je ne m’en remets pas.
La faute bien évidement à ces satanées et obtuses et castratrices mères juives qui, à chaque fois qu’un de ses enfants émet la simple hypothèse d’abandonner ses études afin de se consacrer pleinement à une activité sportive, menacent soit de se défénestrer, soit de le déshériter, soit les deux à la fois.
Combien de carrières prometteuses ont été ainsi brisées dans l’œuf, à commencer par la mienne qui pourtant s’annonçait sous des auspices plus que favorables.
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http://blog.slate.fr/sagalovitsch/2014/06/30/le-bonheur-dun-mondial-sans-juif/
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