Quelques semaines à peine après l’accord d’union Fatah-Hamas, le nouveau gouvernement palestinien est confronté à un test grandeur nature sur la viabilité d’une réunification entre les deux clans antagonistes. La disparition de trois jeunes étudiants religieux, dont un citoyen américain, de la Yeshiva Makor Haïm à proximité de la ville de Hébron jette un doute sur les réelles intentions des Palestiniens.
Action bien organisée
Le temps qui s’écoule conforte les inquiétudes des Israéliens sur l’issue de ce drame. Ils estiment que les ravisseurs tentent de quitter la Cisjordanie par la Jordanie pour atteindre ensuite Gaza. Le modus operandi prouve qu’il s’agit d’une opération rigoureusement préparée, réalisée par une cellule terroriste bien organisée. La disparition des jeunes a eu lieu à la jonction de Kfar Etzion, une zone propice à proximité de champs qui conduisent directement à des villages palestiniens voisins. Le village de Halhoul et la ville d’Hébron sont situés au sud de la jonction, tandis qu’au sud-ouest se trouve le village de Dura. C’est pourquoi des centaines de soldats, de parachutistes et de policiers participent à la battue autour des villages de Tufah, Bnei Naim, Yata, Halhoul, Beit Ayoun, et Doura. Un haut responsable militaire israélien a déclaré : “Nous pensons qu’ils ont été effectivement kidnappés par des activistes palestiniens présumés” sans donner d’autres précisions sur les auteurs de cet enlèvement.
Le Hamas s’est félicité de l’enlèvement sans revendiquer cependant la disparition des jeunes. Le porte-parole international du Hamas à Gaza, Hassan Badran, a salué «l’attaque d’Hébron, un succès de haute qualité pour la résistance en Cisjordanie». Aucune autre organisation n’a revendiqué sa responsabilité ou du moins aucune revendication crédible n’est venue étayer la thèse de l’enlèvement.
Autorité décrédibilisée
Cet enlèvement a nécessité de gros moyens et une logistique pointue. Ou bien l’Autorité palestinienne a été mise à l’écart du secret et cela conforte l’idée qu’elle ne contrôle pas les territoires dont elle a la charge. Ou bien une cellule du Hamas a organisé l’opération et Mahmoud Abbas, qui a été mis dans la confidence, n’ose pas créer le clash avec son nouveau partenaire. Le chef de l’Autorité se trouve alors confronté à un dilemme qui met en cause sa crédibilité, celle de son réel pouvoir sur la Cisjordanie et Gaza réunifiés le temps d’un accord signé sur un coin de table.
Si Mahmoud Abbas a un vrai sens politique, il peut retourner la situation en l’exploitant à son profit. Il peut mettre à contribution ses forces de sécurité palestiniennes pour leur enjoindre de retrouver les trois jeunes, de les libérer sains et saufs et de les remettre à l’État d’Israël pour prouver qu’il détient bien le pouvoir dans sa région. Il sortirait grandi vis-à-vis des Américains puisqu’un de leurs ressortissants aurait eu la vie sauve grâce à lui. Il mettrait au pas les cellules terroristes pour éviter à l’avenir une libanisation de la Cisjordanie. Il réduirait l’impact du Hamas en Cisjordanie. Il consoliderait enfin sa légitimité qui a pris un bon coup depuis qu’il occupe un poste sans avoir reçu le mandat de ses électeurs.
Si par malheur la vie des trois jeunes étudiants était compromise, tout basculerait dans la violence et conforterait les nationalistes israéliens dans leur conviction que rien n’est possible avec les Palestiniens. Nous entrerons alors dans le cycle terrorisme et représailles qui figerait une situation politique déjà compromise.
Par Jacques BENILLOUCHE
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