Après nous avoir raconté Lod, la ville explosive qui tente la révolution sociale, Katy Bisraor nous fait découvrir cette semaine Yéhoram, la petite ville du Néguev, au bord de la faillite il y a quelques années, devenu aujourd’hui un modèle de réussite au cœur du désert. Pourtant les défis restent encore immenses.
Cette semaine, même après avoir obtenu des budgets spectaculaires, pour sa ville, Michael Bitton reste prudent. Nous voyons le bout du tunnel, mais le chemin sera encore long, au moins dix ans, pour faire de Yéroham, un lieu de prospérité explique le maire. Après des années de lutte devant les tribunaux, Yéroham vient de signer un accord qui lui garantit les revenus de la nouvelle ville du Néguev, Ir HaBahadim construite grâce à des investissements énormes de l’Etat et surtout de l’armée. D’ici la fin 2014, Tsahal déplacera ses grandes bases du centre du pays vers le Néguev et cette nouvelle ville est destinée aux familles des soldats et des officiers. Pour Yéroham, ce territoire est sa zone de développement naturel, revendiquée aussi par les autorités régionales. Soutenu par Benjamin Netanyaou, Yéroham a eu gain de cause. La grande partie des revenus inhérents au nouveau centre urbain seront intégrés au budget de Yéhoram, des millions de shekels, qui devraient en moins de dix ans, faire sortir définitivement la petite ville du marasme, caractéristique des villes du Néguev créent dans les années cinquante.
À cent cinquante kilomètres de Tel-Aviv, Yéroham est née en 1951 au bord du grand cratère, paysage lunaire uniquement au monde. Les premiers habitants de Yéroham — des Juifs roumains rescapés de la Shoah — l’ont depuis longtemps quittée. La seconde vague, venue d’Afrique du Nord n’a pas choisi Yéroham. L’Agence juive des années cinquante leur a imposé le lieu. Aujourd’hui, la moitié des dix mille habitants de Yéroham est originaire d’Afrique du Nord. Un autre tiers vient des anciennes républiques soviétiques. Il y a aussi une petite communauté de Juifs d’Inde, quelques centaines d’ultra orthodoxes attirés par les bas loyers, et des Juifs américains venus habiter là par idéal.
Il y a dix ans, la petite ville allait droit à la faillite comme beaucoup d’autres bourgades créées ex nihilo à la périphérie d’Israël pour peupler le territoire. Yéroham a doucement remonté la pente. D’abord, avec Amram Mitzna, l’ancien maire de Haïfa et député travailliste. L’Ashkénaze polonais nommé gestionnaire de la ville, est devenu le héros d’une ville sépharade. Puis le jeune maire sépharade Michael Bitton a pris avec brio le relai. « Nous n’avons été que des chefs d’orchestre dit Bitton. Le succès est venu d’abord de la population.
La créativité caractérise les habitants de cette ville, pépinière d’expériences novatrices. Les cuisinières de Yéroham, ont ouvert des restaurants dans leurs maisons et l’on vient de Tel Aviv, goûter les tajines et les confitures. Il y a aussi des activités d’écotourisme, un grand festival de rock, des séminaires qui attirent la jeunesse juive du monde entier. La création de petites usines dynamique a fait chuter le chômage. L’accent a surtout été mis sur le système éducatif. Il y a dix ans, les écoles de Yéroham étaient boudées par les habitants eux-mêmes. Aujourd’hui, avec des taux record de réussite au bac, ces écoles attirent les jeunes des kibboutz voisins et l’éducation informelle a lutté systématiquement contre la délinquance, aujourd’hui en net recul. Le succès a cependant ses poches d’ombre: la coexistence difficile avec les bédouins des villages voisins, la hausse des prix des logements, l’endettement chronique de la ville et surtout les familles pauvres, restées à l’écart du miracle.
Pourtant, Yéroham est devenu un modèle de réussite. Au lieu de heurter, la différence a été fédératrice. J’habite Yéroham est devenu un label.
Par Katy Bisraor Ayache
www.endirectdejerusalem.com
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