L’Alyah des Juifs de France
s’accélère et elle aurait été multipliée
par 4 pour le premier trimestre de 2014.
Un commentaire relativise : pour une communauté de près de 500.000 personnes, 4.000 départs, cela concernerait moins d’un pour cent de la population. Si on corrige les chiffres en tenant compte de ceux qui vont revenir après avoir fait un beau voyage, on obtiendrait un chiffre supérieur à celui des années précédentes mais relativement pas très important.
Une autre analyse fait intervenir le réflexe défensif contre la traque fiscale : pour ne pas déclarer leurs comptes bancaires en Israël, certains de leurs titulaires, Français non résidents en Israël, auraient choisi d’obtenir un passeport israélien et d’éviter ainsi de figurer dans les listes fournies à Bercy.
Mais là aussi, il y a une autre explication car la première est insensée : qui renierait son pays pour éviter une taxation de 25 ou 30 % ? Même les ennemis des juifs n’osent pas les en accuser. Non, ceux qui ont demandé à bénéficier de la Loi du Retour sont sur le point de » monter » en Israël et ils aménagent leurs avant postes avant de se déraciner et de s’implanter dans la terre d’ Israël .
BEAUCOUP REVIENDRONT
Les Juifs de France ne quittent pas la France : le nombre de départs est faible, beaucoup reviendront et, pour un petit nombre, il ne s’agirait pas de s’installer en Israël mais de laisser leurs économies à l’abri d’une fiscalité confiscatoire en attendant le départ définitif.
Alors de quoi parle-t-on dans les journaux? Pourquoi ces éditoriaux, ces articles à la une, ces chroniques à la radio, à la télévision ?
» Heureux comme un juif en France », proverbe yiddish
» La France sans les juifs, ne serait pas la France » : Manuel Valls.
Pourtant, il s’en passe des choses : le martyre de Ilan Halimi, les assassinats commis par Mohamed Merah, le rabbin tabassé à la sortie d’un restaurant dans Paris XIXe, les deux jeunes juifs agressés après l’office à Créteil …des actes antisémites, des propos contre les juifs, version intello ou version gros dégueulasse. Et partout dans les journaux, à la télévision, des attaques sournoises, perfides contre les « sionistes », la diabolisation d’Israël, un climat délétère de mépris, d’agressivité à l’égard des juifs.. On ne va pas faire un inventaire mais chacun en est conscient, tous ressentent que ce n’est plus comme avant: désormais la grille a été descellée et rien n’empêche les eaux d’égout de se déverser et de se répandre sur la plaine.
Les autorités israéliennes ont des plans, des programmes d’intégration pour cinquante mille français qui pourraient venir s’installer en Israël dans les années à venir, en 5 ans ou plutôt en 10 ans..L’Agence Juive, le Ministère de l’intégration et de l’absorption, ont reçu des dotations supplémentaires pour faire face aux besoins. Ce ne sera pas une opération du type « flying carpet » comme pour les juifs éthiopiens mais un train de mesures ciblées, équivalence des diplômes, couverture sociale, aménagement de programmes scolaires, enseignement de l’hébreu ..
CHACUN A SA RÉPONSE
Alors, vont-ils se décider à quitter l’Europe, la France, leur ville, leur famille et leurs amis? Comment pourront-ils gagner leur vie? Arriveront-ils à se passer de la protection sociale la plus généreuse de la planète et affronter un monde dur et impitoyable ? Chacun a sa réponse, chacun a un scénario : le couple de retraités, les jeunes en quête d’avenir, les actifs à mi parcours, les diplômés, ceux qui n’ont aucune formation, les religieux et ceux qui le sont si peu, la gauche béate, la droite forte, des destins, des parcours, des vies de juifs en diaspora.
Israël construit en Cisjordanie, laisse se développer les implantations, refuse de se retirer des territoires disputés sans un accord de paix complet et définitif, ne libère que les 3/4 des prisonniers dans l’attente de concessions qui ne viennent jamais, se retrouve avec un interlocuteur allié à un groupe terroriste…c’est compliqué la politique dans cette région du monde et la France est le pays des idées reçues.
Un conflit régional qui a 66 ans, le refus arabe de tout partage, la détermination des palestiniens d’obtenir tôt ou tard le territoire qui va du Jourdain jusqu’à la mer ou de se contenter d’être soutenus par l’Amérique, l’Europe et les pétrodollars , une barrière de sécurité qui est néanmoins un mur de séparation, toutes les tensions sont importées en France, tout empoisonne les rapports entre la communauté, les arabes, les musulmans, excités par les racistes anti juifs de toujours: jaloux, haineux, pseudo intellectuels ou petites gens cherchant le responsable unique de leurs échecs et de leur grande misère.
LA PETITE ALYAH
Les juifs de France restent pour le moment assez contemplatifs, regardant sans voir et cherchant à deviner les paysages à venir. Il n’y a pas de phrases définitives, de décisions prises une fois pour toutes, plutôt des interrogations, des quêtes d’informations. Chacun se gratte la tête et tous envisagent des demi mesures facilement annulables.
« Vous verrez, ça passera comme c’est venu » ou alors » ça commence à devenir sérieux, faut ouvrir l’œil et rester attentif ». En tout cas, il y a des faits qui ne trompent pas : il n’y a plus d’élèves juifs dans les école, les collèges et les lycées de la Seine Saint- Denis, Ils sont dans l’enseignement confessionnel ou bien, ils ont déménagé. Une blague bien connue : untel a fait sa petite Alyah .C’est quoi ? Il a quitté Créteil, Sarcelles ou Dugny pour un arrondissement de Paris, pour Levallois ou Boulogne où il va se sentir davantage en sécurité.
Et il y a également d’autres signes avant coureurs : les étudiants doués, les « mention très bien « , les reçus au premier concours, regardent ce qui leur est possible de faire à Londres, à New York, à Jerusalem malgré la différence des coûts et l’obstacle des langues. Beaucoup ont quitté la France : combien y reviendront? La communauté perd ses meilleurs éléments, c’est évident.
Ceux qui restent et n’envisagent aucun exode, ne sont pas dans une phase euphorique. Les chefs d’entreprise doutent à juste titre de l’amélioration économique et gèrent leurs entreprises en serrant les boulons, en se débarrassant rapidement des « sacs à problèmes ». On ne crée pas de nouvelles affaires, on n’investit que pour réduire la masse salariale. Les membres des professions libérales, les cadres et les directeurs scrutent l’horizon, craignant tous le coup de grisou.
» Les Français sont des conservateurs émeutiers » écrivait André Siegfried .
Faut-il également être insulté dans le métro, bousculé dans les rues, interpellé par des slogans » Juif, juif, la France n’est pas à toi ! »
Comment cela a-t-il été possible ? Comment la France au beau visage s’est- elle mise à grimacer?
Des réformes indispensables mais toujours remises à plus tard, un taux de chômage inacceptable, des problèmes d’immigration qui hérissent, les juifs de France vont-ils devoir en acquitter la note?
André MAMOU
Bessou est un taré notoire…