"Oh Seigneur, jamais plus, jamais plus"

Le pape François a dénoncé lundi « la tragédie incommensurable » de la Shoah et « l’abîme » qu’elle a constitué pour l’humanité, lors d’une visite au mémorial de Yad Vashem érigé en souvenir de l’extermination de six millions de juifs dans les camps nazis.
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« Adam, où es-tu? Je ne te reconnais plus? », a-t-il lancé dans une longue méditation imaginant avec une profonde émotion ce que pouvait penser Dieu de l’homme lors de ces années noires.
« Non, cet abîme ne peut pas être seulement ton oeuvre, l’oeuvre de tes mains, de ton coeur… Qui t’a corrompu ? Qui t’a défiguré? Qui t’a inoculé la présomption de t’accaparer le bien et le mal? Qui t’a convaincu que tu étais dieu ? Non seulement tu as torturé et tué tes frères, mais encore tu les as offerts en sacrifice à toi-même, parce que tu t’es érigé en dieu! », a-t-il poursuivi.
Dieu « connaissait le risque de la liberté: il savait que le fils aurait pu se perdre… Mais peut-être, pas même le Père ne pouvait imaginer une telle chute, un tel abîme! », a-t-il dit dans la « Salle du souvenir », en présence du président Shimon Peres, du Premier ministre Benyamin Netanyahu et des rabbins du mémorial.
Le pape François a rallumé la flamme du mémorial, déposé une couronne de fleurs, et salué des survivants de l’Holocauste.
Ce « cri » de Dieu, « ici, en face de la tragédie incommensurable de l’Holocauste, résonne comme une voix qui se perd dans un abîme sans fond », a-t-il poursuivi.
« Homme, qui es-tu ? Je ne te reconnais plus. Qui es-tu, homme? Qu’est-ce que tu es devenu? De quelle horreur as-tu été capable ? Qu’est-ce qui t’a fait tomber si bas? Ce n’est pas la poussière du sol, dont tu es issu. La poussière du sol est une chose bonne, oeuvre de mes mains. Ce n’est pas l’haleine de vie que j’ai insufflée dans tes narines. Ce souffle vient de moi, c’est une chose très bonne! », a ajouté François.
« Un mal jamais survenu auparavant sous le ciel s’est abattu sur nous. Seigneur, sauve-nous de cette monstruosité. (…) Donne-nous la grâce d’avoir honte de ce que, comme hommes, nous avons été capables de faire, d’avoir honte de cette idolâtrie extrême, d’avoir déprécié et détruit notre chair », a insisté le pape dans sa méditation.
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« Oh Seigneur, jamais plus, jamais plus! », a-t-il lancé à la fin, en présence de son ami rabbin, l’Argentin Abraham Skorka, qui l’accompagnait.
Dès son arrivée en Israël dimanche après-midi, François avait dénoncé avec force la Shaoh et l’antisémitisme, et il avait lancé un appel en faveur d’une éducation qui surmonte les préjugés et apprenne le dialogue.
Ces propos ont été très bien accueillis en Israël, où la mémoire de l’antijudaïsme chrétien de l’Eglise, qui évoquait avant le Concile Vatican II (1962-65) les « juifs perfides », reste très sensible.
Le pape François s’appuie sur la déclaration conciliaire « Nostra Aetate », qui exprime le profond respect des catholiques pour les juifs. Jean Paul II parlait des juifs comme des « frères aînés » et Benoît XVI comme des « pères dans la foi ».

Après le mur, le mémorial des victimes israéliennes d’attentats.

Le pape François a fait lundi une étape surprise au mémorial des victimes israéliennes d’attentats à Jérusalem, accompagné par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le pape, qui se rendait du mont Herzl, après un hommage sur la tombe du fondateur du sionisme, Theodor Herzl, vers le mémorial de la Shoah à Yad Vashem, a effectué ce détour imprévu au lendemain d’une autre halte impromptue devant la barrière de séparation israélienne à Bethléem, en Cisjordanie.
– Selon la radio militaire israélienne, le pape a fait cet arrêt au « Mémorial des victimes d’actions hostiles » à la demande de Netanyahu.
– Selon le quotidien Yédiot Aharonot, Israël avait exprimé son mécontentement au Vatican au sujet du geste du pape devant le « mur » à Bethléem, déplorant que les photos distribuées par son service de presse n’aient pas expliqué les raisons de sa construction.
– Selon les explications fournies par son porte-parole le père Federico Lombardi, François pense que « les peuples doivent se rencontrer, se rassembler et qu’un mur les en empêche » et il a voulu signifier que « la situation n’est pas normale ».
Dimanche, François a fait arrêter sa voiture découverte pour descendre au pied de la barrière de séparation. Baissant la tête pour une prière muette, il est resté plusieurs minutes devant le mur de béton de huit mètres de haut, la main droite et le front appuyés contre la paroi couverte de graffiti.
AFP
 

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