Secoué par une vague d’attentats suicide, menacé d’une guerre fratricide entre sunnites et chiites, le Liban a bien failli être emporté par le chaos syrien. Mais à l’approche de l’été, la situation sécuritaire s’est nettement améliorée.
Certes, le pays du Cèdre n’est pas encore un havre de paix et sa fragilité chronique ressurgit sporadiquement. Le 29 mars, deux soldats libanais postés à un barrage proche de la Syrie trouvaient la mort dans une attaque kamikaze. Le dernier attentat en date. Presque un moindre mal au regard des tensions frontalières récurrentes et des combats féroces qui se déroulent face aux montagnes libanaises, à Homs notamment, ville martyre, et autour de Damas, capitale assiégée du régime d’Assad.
Plus à l’écart du bourbier syrien, le Liban offre un visage pacifié. Aux antipodes de l’enfer qui s’était emparé de Beyrouth et Tripoli en juillet 2013. Pendant sept mois, les Libanais ont vécu dans la peur du terrorisme, des voitures piégées et ont bien cru qu’ils n’échapperaient pas à une nouvelle guerre civile, cette fois entre chiites et sunnites. Le climat politique et sécuritaire s’est pourtant apaisé en quelques semaines. Non pas par enchantement, mais par une succession de circonstances favorables et d’alliances objectives que le Liban et son avatar iranien, le Hezbollah, ont su créer. Sans rien résoudre, pour ne pas faire entorse à la tradition libanaise.
Après dix mois de blocage (333 jours), un gouvernement intérimaire a d’abord vu le jour en février, offrant au pays un premier gage de stabilité. L’imminence de l’élection présidentielle a catalysé la formation d’un consensus national sur la nécessité de sauvegarder a minima les institutions libanaises. Ce sont aussi les concessions réciproques qui ont mis fin à l’impasse gouvernementale: Saad Hariri, figure du camp pro-occidental, a accepté de siéger à côté du Hezbollah, même si ce dernier continue de se battre en Syrie. De son côté, le mouvement chiite a renoncé au droit de veto dont il disposait sur les décisions étatiques depuis son coup de force de 2008.
Même provisoire, cette entente a permis au Hezbollah de rester militairement engagé aux cotés de son allié syrien tout en rendant service au pouvoir libanais. L’assaut victorieux mené contre la région stratégique de Qalamoun, frontalière du Liban, a permis de réduire considérablement l’infiltration de militants djihadistes dans la Bekaa, ultime étape avant l’exécution d’attentats à Beyrouth. Parallèlement, les services de renseignements libanais, plutôt hostile au Hezbollah, ont consenti à unir leurs forces avec l’organisation du cheick Hassan Nasrallah pour neutraliser plusieurs cellules terroristes.
Dans la partie sud de la capitale libanaise et notamment à Dahiyé, fief de l’organisation pro-iranienne, l’armée libanaise effectue patrouilles et contrôles conjointement avec les hommes du Hezbollah. Les quartiers sud de Beyrouth ne constituent peut être plus une forteresse impénétrable, mais il est compliqué d’y pénétrer sans être fouillé. Cette situation a permis de retrouver au mouvement chiite une légitimité qu’il avait quasiment perdue. Même affaibli, il devrait continuer à peser dans le jeu politique libanais.
Maxime Perez
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