Lod : printemps social dans la ville explosive par Katy Bisraor

Petite ville israélienne située

à quelques kilomètres de l’aéroport international

Ben-Gourion,

Lod est une ville mixte.

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Quelques 75.000 habitants, 65 % sont juifs, 30 % arabes, en majorité musulmans avec une petite minorité chrétienne. 5 % sont des chrétiens immigrés de Russie dans les années 90. Le taux élevé de criminalité et la délinquance, les constructions illégales tentaculaires des quartiers arabes, ont fait fuir ces dernières années les populations juives. Depuis le début des années 2000, le pourcentage de la population arabe est en constante augmentation.
C’est dans ce contexte explosif que sont nées des expériences originales. Mais les tensions communautaires menacent ce printemps social. Katy Bisraor nous fait découvrir quelques images d’une ville israélienne pas comme les autres.

Un ghetto vert

au cœur des taudis

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Flanqué des taudis habités par une population bédouine, le nouveau quartier de Lod arbore des allures de fête. Immeubles blancs et fleuris, jardins d’enfants verdoyants, drapeaux bleu et blancs aux fenêtres, le nouveau Lod semble ignorer la réalité environnante. Quelques dizaines d’idéalistes des mouvements de jeunes religieux sionistes sont venus s’installer avec leur famille dans le but avoué de reconquérir Lod. En quelques années, ils ont construit une communauté dynamique, bouillonnante et chaleureuse. Les prix des appartements ont doublé en moins de cinq ans et la demande est telle qu’un nouveau quartier identique est actuellement en construction.

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Itshik Shmueli.
Alors président de l’association des étudiants

Sur un tout autre modèle, près d’un millier d’étudiants se sont aussi installés à Lod ces dernières années. Ils ont choisi de quitter Tel Aviv pour participer à un projet lancé dans le sillon de la révolte sociale de 2011. Un des initiateurs du projet est Itshik Shmueli. Alors président de l’association des étudiants, cet israélien de moins de trente ans est devenu entre-temps député du Parti travailliste. J’ai voulu d’abord éloigner Lod de son sombre destin explique-t-il. L’objectif est de créer un nouveau Lod d’où Relod le nom de son projet. Le deuxième objectif était de trouver une solution aux problèmes de subsistance des étudiants qui ne pouvaient plus payer des loyers astronomiques au cœur de Tel Aviv.
Quatre ans après, l’idée est déjà un succès. Attirés dans un premier temps par les avantages financiers, études subventionnées, loyer très bas, Lod est devenu aujourd’hui à la mode. Tel Aviv out, Lod in, cette pancarte géante accueille les passants dans une des cinq communautés créés par ces étudiants à travers Lod. Ils s’installent partout en ville, animent des projets sociaux, créent des café-rencontres et même des librairies, pour donner le gout à la lecture aux jeunes de leur nouvelle ville. Aujourd’hui je suis étudiant en médecine. Mon objectif est de rester ici, de professer à Lod, explique l’un d’entre eux. J’ai l’impression d’être comme un pionnier, de vivre l’Israël des débuts, car ici tout est à construire.

La génération des fiers

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L’intérieur du quartier « Chicago » à Lod, en Israël.
Photo : Pierre Terdjman

Pourtant les tensions communautaires menacent ces projets. Tout en soutenant une révolution sociale dans leur ville, les nouvelles générations des arabes israéliens sont méfiantes.
Nous sommes la génération des fiers, dit un jeune arabe, reprenant le titre célèbre du livre des deux chercheurs israéliens arabes et juifs, Hawla Abou Baker et Dani Rabinovitch paru au début des années 2000. Nous n’accepterons pas d’effacer notre identité. Nous sommes d’abord palestiniens, arabes et ensuite israélien. Israël c’est pour nous du technique, un passeport pour voyager dans le monde, l’école et la santé gratuite. Mais c’est tout. Nous sommes des patriotes palestiniens. Nous sommes des Palestiniens vivant en Israël et certainement pas des Arabes israéliens comme les Israéliens nous appellent.
Leurs parents cherchaient d’abord une intégration, une parité économique et sociale. Ces jeunes arabes de Lod, ont des velléités nationales, clairement revendiquées. Pour eux, les expériences sociales qui sont menées aux portes de leur maison, ont des relents de judaïsation de Lod. Les religieux des nouveaux beaux quartiers, tout comme les étudiants de Tel Aviv, explique un de ces jeunes arabes, veulent arrêter l’émigration de la population juive de Lod, et nous cette émigration nous arrange.
Et pourtant, certains projets menés par les groupes d’étudiants israéliens, destinés à aider les populations arabes, créent l’enthousiasme. Des activités extra-scolaires, des cours de musique, de dessin, de théâtre au cœur des quartiers déshérités de Lod, attirent des centaines de jeunes enfants arabes.
Le printemps social réussira-t-il à modérer les tensions communautaires? Les nouveaux habitants de Lod, jeunes religieux et étudiants idéalistes réussiront-ils à créer un havre de paix et de réussite dans la ville explosive?
 Par Katy  Bisraor Ayache Pour www.tribunejuive.info

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www.endirectdejerusalem.com
 
 
 
 
 
 
 

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