Officiellement, l’armée israélienne est soumise à une cure d’austérité depuis 2013. Mais les chiffres et les prévisions en cours offrent un tout autre tableau.
Habitué – trop, peut être – à avoir les faveurs du Trésor, l’établissement militaire israélien s’empresse d’agiter le chiffon rouge dès qu’il est moins bien traité. Après l’annulation d’un vaste exercice de défense passive prévu pour juin, certains généraux assurent que le fonctionnement de l’armée est menacé. Quand il est en va de l’arrière-front, en d’autres termes la protection de la population, l’effet psychologique est quasi immédiat.
Cet alarmisme est-il justifié ? Dans les faits, Tsahal a été sommé de réduire ses dépenses pour économiser 3 milliards de dollars jusqu’à 2016. Conséquence : réduction des manœuvres, suppression d’unités de réserves et gel de programmes d’armements. Dans un Moyen-Orient toujours effervescent et instable, ces mesures ont été mal vécues par l’état-major, soucieux martèle-t-il, de bien préparer la prochaine guerre.
Pourtant, en octobre dernier, moins de six mois après que l’épouvantail Lapid – ministre des finances – prive l’armée de ses ressources habituelles, le gouvernement israélien acceptait d’accorder une rallonge de 2,75 milliards de shekels (573 millions d’euros) pour pallier le réchauffement du front syrien et par crainte d’une escalade à la frontière égyptienne, du fait de la présence de groupes djihadistes dans le Sinaï.
Comme à chaque fois, l’échelon politique finit par céder aux pressions des généraux, et comme toujours en Israël, ce sont les secteurs de l’éducation, de la santé et des prestations sociales qui sont sacrifiés. L’effort de guerre affecte aussi directement le portefeuille du citoyen puisqu’une taxe sur le carburant est approuvée dans la foulée. D’autres éléments viennent jeter l’opprobre sur l’attitude du ministère de la défense. Selon une enquête de la deuxième chaine de télévision israélienne (Channel 2), près de 750 millions de shekels (156 millions d’euros) ont été débloqués ces derniers mois par le gouvernement israélien pour financer des « évènements inattendus, comme la traque et l’arraisonnement du cargo d’armes Klos-C, de même que l’opération de communication qui s’en est suivie. Cette enveloppe aurait également permis l’envoi d’un hôpital de campagne et d’une centaine de secouristes aux Philippines, en novembre dernier.
Quant à 2015, la crise budgétaire pourrait bien s’apparenter à une farce. Sous l’impulsion de la commission de la défense et des affaires étrangères de la Knesset, l’armée est en passe d’obtenir 8 milliards de shekels supplémentaires. Son budget avoisinerait donc les 60 milliards de shekels, soit 12% de la dépense publique.
La leçon ne s’arrête pas là. Pour s’éviter toute nouvelle frayeur dans la décennie à venir, le ministère de la défense œuvrerait activement à l’établissement d’un budget jusqu’à 2025. Dans cette bataille des chiffres, certaines sources indiquent qu’il pourrait s’agir de la plus grande dotation jamais accordée à l’armée israélienne depuis la création de l’Etat.
Maxime Perez
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