Israël s’apprêtait jeudi à imposer des sanctions
contre les Palestiniens
Mais sans pour autant décréter officiellement la fin des négociations de paix, après l’accord de réconciliation entre le Hamas et l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP).
Le cabinet de sécurité, qui comporte les plus importants ministres, était réuni jeudi matin pour des « discussions urgentes » portant sur une série de mesures de rétorsion, a indiqué la radio publique.
Le président palestinien Mahmoud Abbas, de son côté, devait commencer ses consultations pour former un gouvernement de « consensus national », qu’il dirigera et composé de personnalités indépendantes.
Il recevra aussi l’émissaire américain Martin Indyk à Ramallah alors que les Etats-Unis ont exprimé leur « déception » à la suite de l’initiative palestinienne.
Peu avant la réunion du cabinet, l’entourage du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié l’accord interpalestinien de « très grave ». « La direction palestinienne en se liant au (mouvement islamiste) Hamas tourne le dos à la paix », a affirmé un responsable gouvernemental.
Les ambassadeurs israéliens ont reçu comme consigne d’expliquer à leurs interlocuteurs que « Mahmoud Abbas a noué une alliance avec le Hamas, une organisation dont le programme appelle à tuer les juifs ».
Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, est considéré comme une « organisation terroriste » par les Etats-Unis et l’Union européenne.
Selon un proche de Benjamin Netanyahu, le député Tzahi Hanegbi, Israël n’a toutefois pas l’intention de mettre fin aux pourparlers de paix relancés en juillet 2013 sous l’égide des Etats-Unis, négociations censées s’achever le 29 avril et qui pour le moment sont bloquées.
« Israël n’a pas intérêt à prononcer l’acte de décès du dialogue avec les Palestiniens. Il vaut mieux que ce soit eux qui annoncent la fin du dialogue politique », a estimé ce parlementaire.
M. Hanegbi a également prédit que le président Abbas ne remettrait pas en cause la coopération sécuritaire avec Israël, comme il s’y est engagé.
Le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, chef d’un parti ultra-nationaliste, a jugé toutefois « à titre personnel » que « tant qu’il y aura une alliance avec le Hamas, tout accord avec Israël est impossible ».
Israël a réagi dès mercredi à la réconciliation palestinienne en annulant une session de négociations prévue, selon les services de M. Netanyahu, avec les Palestiniens dans la soirée.
WASHINGTON INQUIET
Mahmoud Abbas a répondu aux accusations israéliennes en assurant que les négociations avec Israël et la réconciliation palestinienne n’étaient pas incompatibles, réitérant l’engagement des Palestiniens en faveur de la paix sur la base du droit international.
Jibril Rajoub, un dirigeant du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas et la principale composante de l’OLP, a déclaré que « le prochain gouvernement de consensus national proclamera de façon claire et nette qu’il accepte les conditions du Quartette ».
Le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, UE et ONU) exige du Hamas qu’il reconnaisse Israël ainsi que les accords déjà conclus entre cet Etat et l’OLP, et renonce à la lutte armée.
L’administration américaine, qui considère jusqu’à présent le Hamas comme une organisation terroriste, a estimé que l’accord pourrait « sérieusement compliquer » les efforts de paix.
Tout gouvernement palestinien doit s’engager « sans ambiguïté » sur les principes de non-violence et de l’existence de l’Etat d’Israël, a déclaré la porte-parole du département d’Etat Jennifer Psaki.
« Il est difficile d’envisager comment Israël pourrait négocier avec un gouvernement qui ne croit pas à son droit d’exister », a-t-elle souligné.
Selon l’analyste du quotidien Yédiot Aharonot, Alex Fishman, « la balle est désormais dans le camp des Etats-Unis. L’absence d’une réponse dure des Américains (à l’accord palestinien) risque de provoquer une avalanche diplomatique qui aboutira à une reconnaissance du Hamas par l’Occident ».
Jean-Luc Renaudie pour AFP
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