Sangaris sans le Tchad et sans solde, par Pascale Davidovicz

De retrait en retrait.

 Après avoir appris que le Tchad demandait le retrait de ses troupes en Centrafrique, nous apprenons que les familles des soldats français en opération en Centrafrique demandaient, quant à elles, de pouvoir faire des retraits sur leurs comptes bancaires.

 Le gouvernement tchadien décide

le retrait de son contingent de la Misca.

 Les forces tchadiennes qui représentaient 800 hommes sur les 6 000 militaires de l’Union Africaine en Centrafrique, en appui aux 2 000 soldats français, ne participeront pas à la troisième phase de l’opération Sangaris visant l’est de la Centrafrique.
Bien que le gouvernement tchadien s’en soit défendu, ses soldats ont été accusés d’un parti pris bienveillant à l’égard des rebelles musulmans de la Séléca, qui compte des tchadiens, et de fermer les yeux sur leurs exactions.

Soldats tchadiens AFP/Matthieu Alexandre
Soldats tchadiens AFP/Matthieu Alexandre

Déjà la cible des critiques de la majorité chrétienne de la population, des soldats tchadiens, victimes d’une attaque à la grenade, ont tiré sans discernement sur des centrafricains aux abords de Bangui, tuant une vingtaine de personnes.
L’affaire fait l’objet d’une enquête, à la demande de Catherine Samba Panza, la présidente centrafricaine de transition.
La version des faits défendue par le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme est que « les soldats tchadiens aient tiré sans discrimination dans la foule », alors le Quai d’Orsay attribue la responsabilité de l’incident aux miliciens chrétiens anti-balaka.
En attendant leur retrait, les forces tchadiennes sont censées continuer d’assurer leur mission de paix

Le logiciel de paie du ministère de la Défense

retarde les retraits bancaires des soldats français

engagés en Centrafrique.

 Le logiciel de paie Louvois, qui gère la paie des soldats français, et dont les dysfonctionnements sont remontés jusqu’à la Cour des Comptes, s’attire les foudres des soldats français et de leurs familles.

bangui
Des soldats français de l’opération Sangaris tiennent un poste un contrôle à Bangui, la capitale de la Centrafrique, le 23 février. |AFP / Fred Dufour

Lorsque les militaires français se déplacent sur une Opération Extérieure (Opex), ils perçoivent une prime équivalente à une fois et demie leur solde.
Mais le logiciel Louvois, qui devrait être remplacé, accuse des retards à l’allumage, et peine à gérer les paies de l’armée française.
La prime inhérente à l’Opex n’a pas été versée aux militaires présents en Centrafrique depuis la relève de février 2014, alors que ceux qui ont été présents au début de l’opération en décembre 2013, et sont rentrés en France, devront rembourser la prime qui a continuée d’être versée à tort.
Le ministère de la Défense se défend en arguant que le système ne pouvait pas anticiper l’opération en Centrafrique, et assure qu’il met tout en œuvre pour solutionner le problème.
Comme si nous en étions à notre première opération extérieure !
La vérité est que le logiciel adopté par le ministère de la Défense multiplie les bugs.
« De tels dysfonctionnements minent la confiance de nos hommes dans notre institution et nuit au moral de nos troupes engagées dans une opération délicate », commente un cadre de l’armée, sous couvert d’anonymat.
Une épouse de militaire présent en Centrafrique témoigne sur les ondes de France Inter :
« Déjà qu’il ne touche que 1 300 € nets par mois, alors qu’il risque sa vie au service de la nation, le priver de sa prime, c’est scandaleux ! D’ailleurs, il compte bien quitter l’armée ».
Les soldats étant soumis au devoir de réserve, leurs compagnes se font leur porte voix via une pétition mise en ligne depuis plus d’un an, lors des premiers dysfonctionnements du logiciel Louvois, et en interpellant le ministère de la Défense.
Pour répondre aux arguties du ministère de la Défense, je cite André Isaac, alias Pierre Dac, « Sauf quand elles sont à l’ordre de l’armée, les citations n’ont pas besoin d’être exactes ».
Pascale Davidovicz
 
 
 
 
 

Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*