"FISTON": un plan de conquête amoureuse

« FISTON »

réalisé par Pascal Bourdiaux

 affiche

L’HISTOIRE

Depuis qu’il a 7 ans, Alex n’a qu’une obsession : séduire Sandra Valenti, la plus jolie fille d’Aix en Provence et, à ses yeux, la plus jolie fille du monde. Aujourd’hui, il lui faut un plan infaillible pour pouvoir enfin l’aborder. Il décide de s’adjoindre les services d’Antoine Chamoine qui presque 20 ans auparavant, a séduit Monica, la mère de Sandra.
Pascal Bourdiaux 
Fiston, comme son titre semble l’indiquer, est-il une comédie sur la filiation ?

dubost adams

Le père du jeune homme incarné par Kev Adams est absent tandis que le personnage joué par Franck Dubosc est un père qui s’ignore, il n’y a donc pas de relation père fils directe. On peut parler pourtant d’une forme de filiation entre Antoine et Alex dans le sens où l’aîné va finir par prendre soin du plus jeune comme s’il était son fils. Mais je crois qu’il s’agit avant tout de transmission. Elle s’effectue d’une génération à une autre, Alex devant faire face aux mêmes problèmes qu’Antoine vingt ans plus tard. Fiston est d’ailleurs un mot qui n’est pas forcément employé par un père, mais par quelqu’un de plus âgé, de protecteur.
Le conflit générationnel est justement un ressort comique très présent dans le film.
Oui parce que c’est souvent un choc. Dans sa voiture, Antoine met une cassette de Piaf dans l’autoradio. Or Alex ne sait même pas ce qu’est une cassette, alors Piaf… Ce qui est intéressant à dire c’est que les plus jeunes apprennent évidemment des adultes, qu’ils se construisent dans cette opposition avec eux, mais qu’on apprend beaucoup aussi de nos enfants. Ils nous rééduquent, nous aident à ne pas être largués. A condition d’être à leur écoute bien sûr.
 Fiston n’est-il pas une sorte buddy-movie ?
Oui, car il s’agit d’un tandem classique de cinéma fondé sur l’antagonisme de deux personnages dissemblables qui se rencontrent et vont vivre ensemble une aventure. Et comme dans pas mal de buddy-movies, on devine assez rapidement, en dépassant les a priori, qu’ils ont beaucoup plus que prévu en commun.
Comment définiriez-vous Alex et Antoine, vos deux personnages principaux ?
L’un vit seul avec sa mère. Il traverse l’adolescence en se créant des amis virtuels, de petits robots qui peuplent sa chambre. Il a un look et une coupe de cheveux « has been », personne ne lui adresse la parole. Il est enfermé dans une obsession : son amour pour Sandra. Mais comment la séduire ? L’autre s’est coupé du monde à cause d’une histoire d’amour qu’il a vécu, vingt ans plus tôt, avec justement Monica la mère de Sandra, et dont il n’a pas réussi à se remettre. Il est planqué derrière la montagne où il habite, planqué encore derrière sa barbe de Robinson qui dénote également une forme de laisser-aller. Ce qui était intéressant c’est de montrer la rencontre forcément explosive de ces deux solitudes, de ces deux personnages dont on fait la connaissance alors qu’ils sont au creux de la vague.
kevin adams
Le rire naît parfois de thèmes difficiles, la différence, l’absence de communication, les douleurs liées à l’adolescence. Est-ce le propre d’une comédie pour vous ?
La comédie c’est de la tragédie plus du temps, une forme de recul. C’est Woody Allen qui l’a dit, pas moi. Je voulais qu’on puisse rire de choses graves mais surtout que les personnages soient le plus crédibles et le plus réaliste possible, qu’on se dise qu’ils existent dans la vraie vie. Alex et Antoine ne sont pas des loosers, ils représentent le commun des gens. Ils sont juste en manque affectif et d’une tendresse terrible.
Ne sont-ils pas quand même des loosers dans le domaine de la séduction ?
Bien sûr, mais d’où cela vient-il ? Je crois surtout, et j’y crois fondamentalement, que nous sommes plus équilibrés, plus forts, dans une vie amoureuse à deux que seul. Leurs maladresses, leur pseudo beauferie, leurs échecs cuisants, tout cela est extrêmement lié au fait qu’ils sont mal dans leur peau. Ils tentent de survivre comme ils peuvent parce qu’ils ont tout simplement perdu confiance. Et tout cela les place forcément, comme n’importe qui, en état de faiblesse.
Petit à petit, les personnages se transforment. La métamorphose est-elle une thématique qui vous est chére ?
Rien de plus intéressant que l’évolution d’un personnage confronté à des événements. Les miens s’apprivoisent, tentent, se plantent et finissent par s’épanouir. Concrètement, les coiffures, le maquillage, le look évoluent également sans que cela se voit trop  : Franck et Kev, au fil du film, deviennent de plus en plus beau, parce que l’amitié, l’amour et le bonheur rendent beau. Il me semble que c’est aussi ce qui passionne et ce qui touche le spectateur, de voir naître ou renaître un personnage.
franck-dubosc
Comment avez-vous choisi Franck Dubosc et Kev Adams ?
J’avais envie de travailler avec Franck depuis longtemps. J’avais adoré sa composition dans Incognito. J’avais le sentiment que nous pouvions créer un personnage qui tranche avec ce qu’il fait habituellement, que cette histoire était écrite pour lui. Franck est un acteur ultrasensible, un énorme bosseur très à l’écoute qui cherche en permanence et qui propose énormément de choses au quotidien. Kev avait déjà été pressenti par la production. Je le connaissais moins. J’ai regardé les premiers épisodes de Soda. C’était son premier grand rôle au cinéma et il est de toutes les séquences. Kev a été une véritable découverte. Ce garçon est un comédien né qui percute très rapidement et qui a une présence rare pour un jeune homme de 22 ans. Je crois savoir qu’il a beaucoup stressé le premier jour, qu’il n’avait pas dormi la nuit précédente, mais cela ne s’est pas vu. Au contraire, j’ai vraiment eu le sentiment d’assister à la naissance d’un grand acteur.
Le fait qu’ils viennent tous les deux de la scène, qu’est-ce cela a apporté de plus sur un tournage ?
Une force de propositions que j’ai adoré. Dès la lecture du scénario que nous avons faite en commun avec l’auteur, Daive Cohen, durant trois jours, Franck et Kev ont commencé à nous faire des suggestions qui ont renforcé le texte. Leur apport a été le même durant le tournage. Franck proposait des vannes à Kev et Kev n’était pas en reste non plus. Ce partage sincère, sans problème d’ego, était forcément enrichissant d’autant plus qu’il nourrissait les liens entre leurs personnages. Et il faut reconnaître que leurs déconnades permanentes ont créé une ambiance très, très joyeuse sur le plateau.
valerie benguigui
C’était le dernier rôle de Valérie Benguigui avant sa disparition. Comment aviez-vous construit le personnage avec elle ?
Je n’imaginais personne d’autre qu’elle dans ce rôle. Valérie a adoré ce personnage de maman très protectrice parce qu’elle s’y retrouvait totalement. Elle aimait beaucoup le côté cash de cette mère qui se bat seule depuis toujours, ses frustrations qui débordent parfois, le rapport frontal et souvent obsessionnel qu’elle a avec son fils et qui créé de nombreuses situations comiques.
Le film lui est dédié et se termine sur un fou rire en bonus générique…
Ce four rire entre Valérie et Franck a duré presque deux heures. Nous avons décidé d’en montrer quelques minutes parce que c’est ce que Valérie incarnait. Elle était la joie de vivre personnifiée. Je savais qu’elle était malade mais cela ne s’est jamais vu. Elle rigolait tout le temps, elle était très chaleureuse.
Pourquoi avez-vous choisi Nora Arnezeder pour incarner l’objet de tous les fantasmes du jeune Alex ?
Pour le rôle de Sandra, j’avais envie d’une beauté implacable. Nora, outre le fait qu’elle soit une excellent actrice, était la personne idéale : on la voit une fois, on comprend tout de suite pourquoi Alex est raide dingue d’elle. J’aime ce côté un peu froid qui la caractérise et en même temps cette impression de grande fragilité qu’elle peut dégager.
Pour quelles raisons avez-vous demandé à Helena Noguerra d’incarner sa mère ?
Elle est souvent étonnante de fraicheur et elle m’avait totalement bluffé dans l’Arnaqueur. Helena est une comédienne formidable dont, il me semble, on exploite pas assez le talent. Son rôle dans Fiston est un peu un contre-emploi puisqu’elle incarne Monica la maman, pharmacienne très sérieuse, de Sandra. J’avais envie qu’on sente qu’elle est légèrement rigide dans ses relations avec sa fille mais que sous des dehors un peu « cliniques » sommeille encore la bombe qu’elle a été vingt ans plus tôt.

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