1. Un petit retour arrière sur votre parcours personnel et politique…
Je suis marié et j’ai 4 enfants. Au niveau professionnel, je suis médecin et scientifique de formation. J’ai eu la chance, grâce à l’enseignement de mes Maîtres, d’être un des pionniers de la génétique du cancer. Mes travaux, réalisés au Centre International de Recherche sur le Cancer, ont porté sur la mise au point du premier test de médecine prédictive pour un cancer. Cette avancée scientifique est à l’origine de l’oncogénétique, discipline que j’enseigne à la Faculté de Médecine de Marseille. Par la suite, j’ai contribué à la création du nouveau métier de conseiller en génétique. Cette expérience m’a conduit à participer à de nombreux groupes de travail au Ministère de la Santé, de l’Institut National du Cancer par exemple ou à être auditionné par le Sénat.
Mais, comme il est pour moi essentiel d’être en phase avec la vie de la cité, j’ai toujours milité au niveau associatif. En particulier en tant que Président du Centre Culturel Edmond Fleg et dans le domaine du dialogue interculturel. C’est ce parcours qui m’a mené tout naturellement à affirmer mon investissement citoyen en m’engageant en tant que membre de la société civile auprès de Patrick Mennucci et Christophe Masse pour les élections Municipales.
2. Vous êtes un soutien de Patrick Mennucci. Pourquoi avez-vous fait ce choix politique ?
J’ai vraiment découvert Patrick Mennucci, lors d’une interview. Depuis quelques années j’écrits des chroniques sur des sujets de politique et de société. Je l’avais interrogé sur le problème majeur de l’échec scolaire à Marseille. J’ai été très impressionné par sa connaissance des dossiers et par les solutions proposées. Non seulement ses idées étaient claires, mais également réalistes car finançables. C’est une personne tout à la fois volontaire, à l’écoute des autres et ouverte. Ainsi, il ne refuse jamais le débat et accepte des avis différents du sien s’ils lui semblent pertinents. Mais surtout, il a une vision pour Marseille et une volonté sans faille pour mettre en œuvre ce projet. Ensuite à titre plus personnel, afin de soutenir les efforts de paix au Proche-Orient, j’ai apprécié qu’il ait le courage politique en étant un des très rares élus à s’opposer au départ de Marseille d’une flottille pour Gaza. Ou encore son engagement auprès du Président de la République en faveur de la « mémoire », afin que les rafles du Vieux port et de l’Opéra deviennent des commémorations nationales où l’Etat reconnait sa responsabilité dans ces tragiques évènements.
3. Que pensez-vous de la situation actuelle de Marseille ?
Aujourd’hui, Marseille va très mal en termes de violence, de chômage, par manque d’infrastructures, une circulation impossible. La cité phocéenne est la ville la plus embouteillée de France ! Des transports en commun conçus en dépit du bon sens avec un triplement bus, métro, tram sur certains secteurs, alors qu’il manque l’essentiel pour relier les bassins d’emplois aux lieux de vie. Il suffit de de penser à l’hôpital nord, à château Gombert etc… Et surtout, Marseille n’en finit pas de régresser au niveau économique. Les jeunes actifs sans avenir professionnel s’en vont massivement. Cette ville se fracture de toutes parts. Face à ce constat, Patrick Mennucci propose des solutions adaptées avec un coût maîtrisé dans le cadre de son programme intitulé « Un nouveau cap pour les marseillais ».
4. Parlez-nous de votre candidature, votre liste etc. ?
Je suis 3ème, donc en position éligible, sur la liste de Christophe Masse dans les 11ème et 12ème arrondissements. Christophe Masse est un grand animateur d’équipe. Il est respectueux de ceux avec qui il travaille. Il a l’habitude de dire que « l’on est toujours plus intelligent à plusieurs ». Et c’est vrai ! Les militants et les sympathisants ont une grande confiance en lui et sont très engagés sur le terrain. Ils ont conscience du rendez-vous historique qui nous attend car le 6ème secteur est un des deux secteurs clé de l’élection. Tout va se jouer là ! Nous sommes confrontés à une droite divisée avec d’une part l’ancien Maire de secteur Robert Assante qui mène une liste dissidente, et d’autre part le tandem Roland Blum – Valérie Boyer. Roland Blum qui mène la campagne de l’UMP a annoncé qu’il se retirerait au profit de Valérie Boyer en cas de victoire… Est-ce respectueux des électeurs ? Si Madame Boyer veut être Maire de secteur, elle doit être tête liste et ne pas laisser faire le travail par un autre ! D’autre part, dans les propos de cette dernière les attaques de personnes priment sur le programme, avec une dérive droitière qui sème le trouble même parmi les fidèles. Le FN, en embuscade, surfe sur le mécontentement et l’échec de la politique municipale. Il engrange les intentions de vote face au triste spectacle de la division. En vérité, nous incarnons la seule alternative. Et, je suis fier d’appartenir à une équipe très motivée et unie qui est à l’image de Marseille et de sa diversité. Je suis la preuve que l’on peut être Shomer Shabbat et faire campagne en bonne position. Ce n’est un problème pour personne. Nous mettons en commun nos différences pour être plus à l’écoute de tous et répondre aux vrais besoins des marseillais.
5. Quelle analyse faites-vous de la manière dont le FN fait campagne ? Quelles sont leurs chances selon vous ?
Le FN trompe son monde. Il joue sur la peur et l’inquiétude liée à la crise économique. Il se présente comme un recours face à une classe politique qu’il juge coupable de tous les maux. Mais en réalité ses propositions sont démagogiques et inapplicables. C’est une politique qui divise qui exclut. D’ailleurs, on a bien vu le résultat désastreux lorsqu’il a été au pouvoir à Toulon ou à Vitrolles. En polissant son discours, Marine Le Pen fait croire que son parti est devenu fréquentable, mais son père Jean-Marie est toujours président « d’honneur » et continue à proférer des ignominies ou à faire la « quenelle » chère à ses amis Dieudonné et Soral. Et l’on a vu récemment lors d’une manifestation à Paris à quoi mène un voisinage aussi nauséabonde, à crier « juif, la France n’est pas à toi ». On se croirait revenu aux années 30 ! Malheureusement, nous risquons d’avoir des triangulaires dans de nombreux secteurs et ce serait dramatique que ce parti non républicain soit l’arbitre de ce rendez-vous démocratique. Il faut tout faire pour dire non au « FHaine » !
6. Comment conciliez-vous votre engagement politique et votre engagement communautaire ?
Il n’y a pas d’antagonisme entre l’engagement associatif et l’engagement politique. D’ailleurs l’un précède souvent l’autre. Cependant, il me paraît inconcevable d’occuper une position clé tel que président, trésorier ou secrétaire général d’une institution comme le Crif, le FSJU ou le Consistoire avec un mandat politique. Car il y a une obligation de parler au nom de tous et de neutralité face aux politiques. Et dans le cas contraire, il y a un risque évident de conflit d’intérêt malgré toute la bonne volonté du monde. Pour les autres associations, cela peut être nuancé et cela dépend de la charge de travail. Mais à titre personnel, si je suis investi de responsabilités importantes, je m’engage à démissionner de ma fonction de président du centre Fleg.
7. Quels sont vos projets, vos ambitions pour Marseille ?
En premier lieu, nous avons la mission impérieuse de convaincre les électeurs que le vote protestataire ou l’abstention ne résolvent rien. Car c’est lorsque les démocrates démissionnent que les catastrophes arrivent. On ne peut constamment critiquer ou dire aux autres ce qu’il faudrait faire. Il faut passer des paroles aux actes. Ensuite, j’ai la « fibre sociale ». Ce n’est pas un hasard si je suis devenu médecin. Je suis interpelé au quotidien par la souffrance de l’autre. Comme Marseille est une ville qui s’appauvrie, j’ai le désir profond de faire changer les choses, de réduire les inégalités, la fracture sociale et les divisions. Et aujourd’hui, par mon engagement, j’ai vraiment le sentiment de contribuer à bâtir un avenir meilleur pour ma ville et pour mes enfants.
Propos recueillis par Sandrine Alfon-Stroussi
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