Pris sous le feu des rebelles syriens et les attaques suicides d’Al Qaïda au Liban, le mouvement chiite pro-iranien n’a plus la capacité de rendre les coups. Même quand Israël attaque l’une de ses plus importantes base de missiles.
Le commandement nord de Tsahal est en état d’alerte depuis quarante-huit heures, conséquence de l’attaque attribuée à son armée de l’air près de la localité libanaise de Nabi Chit, à quelques encablures de la frontière syrienne, contre une base d’entrainement et de stockage de munitions appartenant au Hezbollah. Selon des sources libanaises, les bombes israéliennes ont tué au moins cinq miliciens chiites. Des pertes à l’évidence supportables pour l’organisation de Hassan Nasrallah, trop embourbée dans le conflit syrien et la lutte à mort qu’elle a engagée contre les « takfiristes » d’Al Qaïda pour se permettre d’ouvrir un nouveau front contre son pire ennemi, Israël.
Pourtant, c’est un site stratégique qui a été anéanti. Le complexe de Nabi Chit se situe d’abord dans la région montagneuse de la Bekaa, entrecoupée de sentiers et de chemins de terre connus pour servir de passage aux combattants du Hezbollah qui contrôlent ce secteur frontalier. Lundi soir, ces derniers ont jugé que le temps brumeux était idéal pour y acheminer un convoi d’armements arrivés directement des hangars de l’armée d’Assad. Pas assez pour inquiéter des chasseurs F-16i, spécialisés dans les attaques au sol, et permettre l’identification précise de leur cible.
D’après un haut responsable militaire israélien qui s’est confié au Time, ce sont des missiles sophistiqués transportant une importante charge explosive qui ont été visés par les appareils de Tsahal. Ce signalement semble correspondre aux missiles Scud-D, dont le Hezbollah disposerait déjà une dizaine d’exemplaires, et des Fateh-110 – connus également sous l’appellation M-600 -, de fabrication iranienne, déjà pris pour cible dans une frappe israélienne contre l’aéroport de Damas, en mars 2013.
Deux enseignements émergent de cette nouvelle frappe, la sixième en l’espace de treize mois, si l’on se fie à l’opposition syrienne et aux révélations de la presse américaine. D’abord, qu’Israël continue d’observer avec attention les agissements du Hezbollah à la frontière syro-libanaise, et que le transfert d’armements de pointe reste une « ligne rouge ». A l’inverse, le Hezbollah semble accepter ces règles du jeu imposées par l’Etat hébreu. Le bombardement de ses bases ou de convois de missiles est en soit un casus belli, mais le mouvement chiite libanais sait que des représailles contre le nord d’Israël ou Tel Aviv pourrait l’exposer à une offensive qui, dans l’état actuel des choses, pourrait signifier son arrêt de mort.
Tsahal doit néanmoins redoubler de vigilance. Mardi, en pleine visite de la chancelière allemande Angela Merkel, le commandant de la marine israélienne, le général Ellie Sharvit, admettait que ses sous-marins Dolphin – livrés par Berlin – avaient récemment mené de nombreuses opérations loin des frontières israéliennes. Il confirmait également la présence de ces mêmes sous-marins au large des côtes syriennes et libanaises.
Autre élément probant : en début de semaine, Tsahal a déployé une nouvelle division d’infanterie sur le Plateau du Golan et dans le secteur sensible des Fermes de Chebaa, en soutient de la 36ème division blindée. Ces renforts, qui vont être stationnés de façon permanente le long de la Syrie, disposent de moyens à la fois terrestres et aériens en mesure de répondre à toute escalade de l’autre côté de la frontière.
Par Maxime Perez
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